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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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n’y a-t-il point du poisson dans les étangs aussi bien que dans la baie ? Nab ne peut-elle pas avoir changé de goût ? Job ne connaît point d’acte du parlement qui défende de prendre une truite.
    – Malheureux ! vous cherchez à me tromper ! quelqu’un abuse de votre ignorance, et sachant que vous n’êtes qu’un idiot, il vous emploie à des commissions qui pourraient un jour vous coûter la vie.
    – Le roi ne saurait envoyer Job faire ses commissions, dit l’enfant d’un ton fier ; car il n’y a point de loi pour cela, et Job n’irait pas.
    – Vos grandes connaissances vous perdront, Job. Qui donc vous apprend ces subtilités de la loi ?
    – Quoi ! pensez-vous bonnement que le peuple de Boston soit assez simple pour ne pas connaître la loi ? demanda Job avec un étonnement marqué ; et Ralph aussi connaît la loi aussi bien que le roi. Il m’a dit qu’il n’y avait point de loi qui permît de tirer sur les hommes à la minute, à moins qu’ils ne fissent feu les premiers, parce que la colonie a le droit de faire l’exercice quand cela lui plaît.
    – Ralph ! s’écria vivement Lionel ; Ralph est-il donc ici avec vous ? c’est impossible ; je l’ai laissé malade à Boston. D’ailleurs, à son âge, il ne viendrait pas se mêler à une affaire telle que celle-ci.
    – Je crois que Ralph a vu d’autres armées que votre infanterie légère, vos grenadiers, et tous vos soldats restés à Boston, mis ensemble, dit Job d’un ton évasif.
    Lionel avait des sentiments trop généreux pour abuser de la simplicité de Job, dans la vue de lui arracher aucun secret qui pût mettre en danger sa liberté ; mais l’intérêt profond qu’il prenait au sort de ce pauvre diable, qui s’était mis sous sa protection, comme nous l’avons déjà dit, lui fit poursuivre cet entretien, dans le double but de détourner Job par ses conseils de toute association dangereuse, et en même temps d’éclaircir ses propres craintes au sujet du malheureux vieillard. Il lui fit donc de nouvelles questions ; mais l’idiot y répondit toujours avec une réserve qui montrait que, s’il n’était pas doué d’une intelligence supérieure, il n’était dénué ni de malice, ni de finesse.
    – Je vous répète, dit Lionel perdant patience, qu’il est important pour moi de parler à l’homme que vous appelez Ralph, et je voudrais savoir s’il est près d’ici.
    – Ralph dédaigne le mensonge, répondit Job ; allez où il vous a promis de se trouver, et vous verrez s’il n’y vient point.
    – Mais il ne m’a point assigné de lieu. Ce malheureux évènement peut lui causer de l’embarras, de la frayeur…
    – De la frayeur ! répéta Job en branlant la tête d’un air d’incrédulité ; Ralph n’est point de ces hommes qu’on effraie !
    – Son audace peut l’entraîner à sa perte. Enfant, je vous demande pour la dernière fois si le vieillard…
    S’apercevant que Job baissait les yeux, et se retirait timidement en arrière, Lionel s’arrêta, et jetant un regard derrière lui, il aperçut le capitaine de grenadiers, qui, debout, les bras croisés, regardait en silence le cadavre de l’Américain.
    – Auriez-vous la bonté de m’expliquer, major Lincoln, dit Mac-Fuse, lorsqu’il reconnut Lionel, pourquoi cet homme est étendu mort ici ?
    – Ne voyez-vous pas la blessure qu’il a reçue à la poitrine ?
    – Je ne vois que trop que c’est un coup de fusil qui l’a couché là. Mais pourquoi ? dans quel dessein ?
    – C’est une question à laquelle nos chefs peuvent seuls répondre, Mac-Fuse, reprit Lionel. Le bruit court cependant que le but de l’expédition est de saisir certains magasins de vivres et d’armes que les colons ont rassemblés, à ce qu’on craint, dans des intentions hostiles.
    – Je ne m’étais donc pas trompé en pensant que c’était quelque expédition aussi glorieuse qu’on nous destinait, dit Mac-Fuse, tandis que l’expression d’un froid mépris se peignait sur ses traits durs et prononcés. Dites-moi, major Lincoln, car, quoique vous soyez encore bien jeune, vous êtes plus initié que nous dans les secrets de nos généraux ; Gage pense-t-il qu’il soit possible d’avoir une guerre lorsque les armes et les munitions sont toutes du même côté ? Dieu merci, voilà assez longtemps que la paix dure, et lorsqu’il semble se présenter une occasion d’amener tout doucement une petite affaire, voici justement

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