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Lionel Lincoln (Le Siège de Boston)

Titel: Lionel Lincoln (Le Siège de Boston) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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qu’en brusquant les choses on nous fait manquer le but que nous allions atteindre.
    – Je ne sais, Monsieur, si je vous comprends bien, dit Lionel. Assurément des troupes telles que les nôtres ne peuvent acquérir que peu de gloire dans une lutte contre des habitants sans armes et sans expérience de l’art militaire.
    – C’est exactement ce que je veux dire, Monsieur. Il est évident que nous nous entendons parfaitement l’un et l’autre sans avoir besoin de circonlocutions. Ces miliciens sont sur la bonne route ; et si on leur laissait encore quelques mois pour se former, alors il pourrait y avoir du plaisir à se battre avec eux. Vous savez comme moi, major Lincoln, qu’il faut du temps pour former un soldat ; et si on les prend au dépourvu et sans qu’ils soient préparés, autant vaudrait alors disperser un rassemblement de la populace sur Ludgate-Hill, pour l’honneur qu’il nous en reviendra. Un officier qui saurait son métier mitonnerait un peu cette petite affaire, au lieu de montrer tant de précipitation. Selon moi, Monsieur, tuer un homme de cette manière, ajouta-t-il en montrant le cadavre de l’Américain, ce n’est plus un combat honorable, c’est une boucherie.
    – Il y a tout lieu de craindre que d’autres n’emploient la même expression en parlant de cet engagement, reprit Lionel ; Dieu sait combien nous aurons peut-être à déplorer la mort de ce malheureux !
    – Quant à cela, c’était un compte qu’il fallait que cet homme réglât tôt ou tard, et du moins il n’aura plus à s’en occuper, dit le capitaine avec beaucoup de sang-froid ; quelque résultat que sa mort puisse avoir pour nous, ce n’est pas du moins un grand malheur pour lui. Mais dites-moi, si ces hommes à la minute, et ma foi ! ils méritent bien leur nom, car on ne peut jamais les voir plus d’une minute en face ; si donc ces hommes à la minute vous barraient le chemin, c’était à coups de houssine qu’il fallait les chasser de la prairie.
    – Voici quelqu’un qui pourra vous apprendre qu’il ne faut pas non plus les traiter en enfants, dit Lionel en se tournant vers la place où Job lui avait parlé l’instant d’auparavant, mais qu’à sa grande surprise il trouva vide.
    Tandis qu’il regardait autour de lui, ne pouvant concevoir par où l’idiot s’était échappé si subitement, les tambours battirent le rappel, et le mouvement général qui se fit parmi les soldats annonça qu’on allait se remettre en marche. Les deux officiers rejoignirent à l’instant leurs compagnons, pensant tous deux à l’affaire qui venait d’avoir lieu, quoique les réflexions qu’elle leur inspirait fussent d’une nature bien différente.
    Pendant le peu de temps qu’avait duré la halte, les troupes avaient pris à la hâte un léger repas. L’espèce d’étourdissement que produit toujours une première affaire avait fait place parmi les officiers à un orgueil militaire capable de les soutenir dans des circonstances plus difficiles. Une ardeur nouvelle et plus martiale que jamais brillait sur toutes les figures, tandis que l’épée à la main, les bannières déployées, et mesurant leur marche sur le son bruyant de la musique, ils s’éloignaient de la prairie fatale, et, d’un pas fier et uniforme, marchaient de nouveau, à la tête de leurs compagnies respectives, le long de la grande route.
    Si tel était le résultat d’une première rencontre sur l’esprit des officiers, les effets qu’elle produisit sur les simples soldats étaient encore plus révoltants. Leurs plaisanteries grossières, les regards insultants qu’ils jetaient en passant sur les déplorables victimes de leur expérience militaire, la brutalité des expressions que la plupart d’entre eux employaient pour peindre l’ivresse de leur triomphe, ne témoignaient que trop clairement qu’après s’être plongés une fois dans le sang, ils étaient prêts, comme des tigres altérés, à s’en repaître de nouveau, jusqu’à ce que leur soif fût assouvie.

CHAPITRE X
    Tous les Grahams du clan de Neterby montèrent à cheval, les Forsters, les Fenwick, les Musgraves accoururent : il y eut un bruit de chasse et de chevaux sur la plaine de Cannoby.
    Sir WALTER SCOTT.
    La pompe militaire avec laquelle les troupes marchaient en sortant de Lexington, nom du petit village où s’étaient passés les évènements que nous avons rapportés dans le chapitre qui précède, fit bientôt place à l’air

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