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Liquidez Paris !

Liquidez Paris !

Titel: Liquidez Paris ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sven Hassel
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n’envoient-ils pas les Jabos ? Alors on ne vaudrait pas cher. Est-ce qu’ils chercheraient des décorations par hasard ?
    A l’heure H, nous décrochons en silence ; s’ils nous entendent, on les a aux trousses et c’est déjà bien assez affreux de reculer ! On est quasi sans défense. Au pont, un groupe de pionniers nous attend avec impatience : de vieux renards qui ont l’habitude.
    – Vous êtes les derniers ? demande un
    Oberfeldwebel.
    Dès que le pont aura sauté, il peut filer, son travail est fini, et nous, il s’en fout. La seule chose qui compte, c’est le pont. Là-haut, dans le chemin creux, se cache leur voiture amphibie dont le moteur tourne au ralenti ; le chauffeur à son volant fume un gros cigare. Aucun soldat ne peut supporter les pionniers. Nous nous camouflons derrière les arbres, et l’Oberfeldwebel jette un coup d’œil inquisiteur autour de lui.
    – Ça va, on ferme !
    Il siffle dans ses doigts, ses hommes se jettent en arrière, et il appuie à fond sur une manette. Explosion tonitruante. Le pont se volatilise, l’eau jaillit, et la voiture amphibie disparaît en vitesse.
    – Maintenant les copains sont au courant, dit le légionnaire. Dans cinq minutes on les a sur le râble.
    Il ne se trompait pas. Déjà sur l’autre rive apparaissent les uniformes kaki ; les plus courageux se jettent à l’eau et traversent la rivière avant que la M. G. ne soit en position. Petit-Frère arrache avec ses dents la capsule d’une grenade à main et l’envoie d’un coup de maître sur le groupe qui a pris pied sur la rive. On entend des hurlements.
    – En arrière ! commande le Vieux. Emballez et en vitesse.
    Dans le chemin creux attendent deux camions qui démarrent avant même que nous n’ayons pu les rejoindre.
    – Les salauds ! Ils nous abandonnent !
    Mais voilà les Jabos qui foncent en hurlant.
    Les roquettes sifflent, les camions flambent au beau milieu du chemin, leurs occupants transformés en torches se roulent par terre, et nous nous élançons pour les mettre à l’abri de la seconde attaque aérienne.
    – En arrière ! En arrière ! crie Löwe.
    Laissez les blessés, les Tommies s’en chargeront.
    Nous prenons position dans un village bombardé. Il n’y a rien d’aussi achevé que des ruines ; ici aucun mur ne peut plus tomber et enterrer les défenseurs dans les caves profondes, rien ne peut plus flamber, tout ce qui a pu brûler est brûlé, mais une puanteur douceâtre nous prend à la gorge, et puis il y a les mouches… de grosses mouches gavées de viande pourrie, des mouches qui sont le symbole de la mort.
    D’un tas de gravats qui nous abritait, Porta tira le cadavre à moitié décomposé d’un enfant et le jeta au loin. Une jambe s’en détacha sur laquelle se jeta un chien affamé qui grondait. Ce spectacle mit le Vieux hors de lui, et pendant une heure il n’adressa pas la parole à Porta. Jamais le Vieux n’a pu s’habituer à la souffrance des enfants, et celui-là, pourtant, avait cessé de souffrir ; il avait fallu cette dispute pour que nous fassions même attention au petit cadavre.
    L’après-midi courrier : grosse enveloppe pour Barcelona qui reçoit les papiers de son divorce. On lui apprend que sa femme obtient la garde des enfants.
    – « Infidélité, alcoolisme », lisait Heide par-dessus son épaule.
    Porta hocha la tête :
    – C’est pas tout à fait le contraire, mais si c’est une cause de divorce, alors ils peuvent faire divorcer toute l’armée ! « Le droit parental sur les enfants sera confié à l’épouse vu que le mari est reconnu comme indigne d’élever les enfants », lisait Heide tout haut.
    – Ah ça ! cria Porta, c’est trop fort. Tu as reçu du plomb jusque dans la cervelle, tu es feldwebel, tu t’es battu depuis l’Ebre jusqu’à Stalingrad, et tu n’es pas digne d’élever des morveux allemands !
    – C’est la faute aux permissions, expliqua piteusement Barcelona. On débarque et on croit que quinze jours c’est cent ans. Tout le monde vous invite à boire ; on se vante, on en rajoute, on fourre le couteau de tranchée dans du sang de poulet et on dit que c’est celui d’un général russe. Ceux de l’arrière, ils adorent entendre des choses comme ça, et plus on a l’air d’un dur, plus il y a de bière. On couche avec des femmes mariées, dit-il en levant les bras au ciel. Rien à faire, c’est un autre monde. On joue des poings, et puis vers le matin,

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