Liquidez Paris !
soixante-quinze pour cent de la division avait disparu, mais le général hollandais Lehmann ne voulait toujours pas entendre parler de reddition. On lui donna trois heures pour une capitulation sans conditions, message auquel le colonel Scharroo ne répondit pas. Il ne voulait pas voir sa reine tomber dans les mains allemandes.
C’est alors que fut décidé le bombardement de Rotterdam. Deux mille quatre cents bombes explosives et incendiaires furent jetées sur la ville, ce qui coûta la vie à trente mille civils. Il était exactement 15 h 05. Baïonnette au canon, des soldats hollandais surgirent des flammes – résistance inattendue d’un héroïsme inouï. Un jeune lieutenant d’infanterie, grièvement blessé, tua le dernier du groupe assaillant ; un bleu de dix-huit ans saisit le lance-flammes et liquida toute une section ; des chars hollandais avançaient à travers les rues qu’obscurcissait la fumée et les parachutistes ennemis tombaient les uns après les autres. Une panique s’empara des Allemands, l’attaque faiblissait. On vit alors le lieutenant-colonel von Choltitz dont tous les officiers étaient morts se jeter dans la bataille et forcer un soldat à installer une mitrailleuse.
Mètre par mètre, il entraîna son groupe de combat ; lui-même, une poignée de grenades à la main, liquidait dans une cave un nid de mitrailleuses. Exactement deux heures après le bombardement, le général Lehmann capitulait « pour éviter d’ultérieures effusions de sang ». A 17 heures, par radio, l’armée reçut l’ordre de cesser le feu, et exactement à la même heure, le colonel Scharroo se rendait sur la Willemsbrucke au lieutenant-colonel von Choltitz. Ce dernier fut glacial. Après quelques instants de conversation, le Hollandais tendit au vainqueur une main qu’on ne prit pas : un officier qui capitule n’est plus un officier.
A la tête de son groupe de combat, von Choltitz entra dans Rotterdam et reçut la reddition sans conditions de la ville. Il fut le premier gouverneur allemand de Rotterdam, un gouverneur dur et froid. Le 18 mai 1940, il recevait des mains mêmes de Hitler la croix de fer de chevalier.
D’autres devoirs urgents attendaient l’officier qui venait de se signaler avec tant d’éclat. En première ligne de la 2 e division d’infanterie, son vieux régiment d’Oldenbourg, il monta à l’assaut de Krim et ne fut arrêté que par les formidables canons de Sébastopol, mais le chef du Grand Reich connaissait l’homme qu’il avait placé à la tête de ses troupes d’assaut. Il donna au vainqueur de Rotterdam les moyens les plus puissants du monde : le 60 cm mortier Thor qui pesait plus de 120 tonnes, et le 140 tonnes 43 cm Gamma, plus toute une batterie de 55 tonnes, canons de 80 cm Dora.
Avant même que le combat n’eût commencé, Hitler, sur la grande carte qui ornait son bureau déplaça le drapeau rouge pour bien marquer que Sébastopol, la forteresse Ja plus puissante de l’univers, était pris d’avance. Von Choltitz prit la forteresse et la ville de Sébastopol après un bombardement qui n’avait jamais eu son pareil dans l’histoire. Le S. S. général Zepp Dietrich demanda l’honneur de la prise de la forteresse et ordonna l’assaut à l’arme blanche. Sa division, la 1 re S. S. Panzerdivision Lah, le suivit aveuglément et quatre-vingt-quinze pour cent des hommes y restèrent. Sébastopol n’était plus qu’un tas de ruines fumantes ; la forteresse abritait un monceau de cadavres, ceux des artilleurs de la marine russe. En deux jours, huit cent mille grenades géantes étaient tombées sur la ville.
Von Choltitz reçut les remerciements personnels du Führer. La radio allemande clamait son nom à tous les échos de l’univers. Himmler lui offrit un grade élevé dans les S. S. mais von Choltitz était un Prussien et préférait de beaucoup l’armée. Himmler dissimula sa rancune. La carrière de Choltitz évoquait la courte d’une comète, elle dépassait celle de Rommel.
Himmler flairait toujours son cognac. Contrairement à son visiteur, il ne portait aucune arme ; aujourd’hui, pas d’attentat à craindre. Dans un dossier se trouvait déjà la nomination du général au grade d’Obergruppenführer général des Waffen S. S., récompense qui devait suivre la destruction de Paris.
– Choltitz, peut-être avez-vous des doutes quant à la victoire finale ? N’ayez aucune crainte, seul, nous a retardés le sabotage de la
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