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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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Néférouben qui leva la main et
Baki laissa la sienne en suspens, quelque temps encore, avant de la lever
franchement.
    Déjà, Séchât avait une idée en tête. Elle se
servirait de ses élèves, jeunes acteurs, pour tenter de démanteler une
rébellion qui se resserrait autour du temple d’Amon et de la pharaonne.
     
    *
    * *
     
    Après s’être assurée que tous les élèves
étaient tranquillement rentrés chez eux, que sa propre fille était partie en
compagnie de Maâthor puis, après avoir donné à Amtou un devoir de géométrie
suffisamment facile pour qu’il puisse reprendre les bases qu’il avait oubliées –
ou jamais comprises – Séchât se retrouva seule avec Méryet.
    — Que se passe-t-il, fit-elle inquiète,
tu as l’air contrarié ?
    — Oh ! Séchât, fit la jeune fille en
se jetant dans ses bras, je me sens si seule au temple. À qui puis-je parler,
me confier, échanger mes impressions, mes espoirs, mes peines ?
    — Mais, à moi. Pourquoi viens-tu me voir
si peu ? Tu n’es pas enfermée au temple. Ton statut n’est pas le même que
celui des danseuses sacrées dès leur naissance.
    — Tout le monde m’y retient. Memphès, le
nabot me surveille étroitement. Nekmin me déteste et…
    Elle se détacha des bras de son amie et essuya
ses yeux d’où les larmes coulaient.
    — Et ?… questionna Séchât.
    — Et Amenhotep.
    — Méryet ! reprocha Séchât.
Amenhotep est l’épouse du Grand Prêtre. Tu n’as qu’une possibilité, celle, un
jour, d’être sa Seconde Épouse.
    — Amenhotep veut me tuer. J’en suis sûre.
    — Quel grand mot, Méryet ! Qui ou
quoi te fait dire cela ?
    — Je le sens. Tout se resserre autour de
moi et d’Hapouseneb. Je sais que c’est le nain qui a volé le collier du
pharaon.
    Séchât sursauta. Elle mit un doigt sur sa
bouche.
    — Parle plus bas, Méryet. On peut t’entendre.
Ma classe aussi est espionnée. Ce matin même, le vieil Antef m’a dérobé un
document. C’est un plan des nécropoles de Thèbes que j’avais moi-même dessiné.
Je pensais vous faire un cours sur les personnalités qui y sont enterrées
depuis les origines de Karnak jusqu’à ce jour.
    Elle prit le bras de la jeune fille.
    — Viens. Nous allons chez moi et nous
parlerons en chemin. Personne ne nous espionnera. Pourquoi dis-tu que c’est le
nain Memphès qui a volé le pectoral du pharaon gardé en offrande dans le temple ?
    — J’y étais. Je ne l’ai pas vu, mais je l’ai
senti.
    — Et qu’as-tu fait ?
    Méryet parut gênée.
    — Allons, la soulagea Séchât. Tu sais
bien que tu peux tout m’avouer et que je ne ferai jamais rien contre toi. Ne m’as-tu
pas sauvée des griffes de cette horrible Néset qui voulait me noyer dans le Nil [7]  ?
    Méryet hocha la tête. Que ce souvenir était
lointain ! Pourtant, Séchât se souvenait de ceux qui, alors, tentaient de
la supprimer pour conserver l’avantage de la réussite du voyage au Pays du Pount.
Alors que seule Séchât avait en mains les atouts pour trouver le chemin de la
mer Rouge, d’autres cherchaient à les lui dérober et si le vieil astrologue de
Denderah lui avait remis les cartes anciennes qui menaient aux lacs débouchant
sur la mer Rouge, cela lui avait valu bien des ennuis.
    — Allons, dis-moi tout.
    Elle prit la main de Méryet, la garda dans la
sienne et, traversant les jardins du palais, elles se dirigèrent vers les
grands sycomores qui, de leurs ombrages touffus, séparaient les annexes.
    — Je me suis battue avec Amenhotep.
Battue violemment. Nous étions à terre à nous entretuer et, pendant que je
recevais un coup brutal sur la tête, j’ai senti la présence de ce nain.
    — Tu ne l’as pas vu ?
    — Non. Mais, je sais que c’est lui. L’ombre
était courte et le souffle m’arrivait à ras de terre. Il a dû vouloir s’assurer
de mon évanouissement.
    — Et Amenhotep ?
    Méiyet sourit à l’idée qu’elle l’avait bien
abîmée.
    — Je crois qu’elle n’était guère plus en
forme que moi et Memphès a pu réaliser son coup sans que nous nous en
apercevions.
    — Ne peut-il entrer librement dans ce sanctuaire ?
    — Au temps de Sétoui, il le pouvait.
Mais, Hapouseneb refuse toute présence autre que la mienne.
    Séchât hocha la tête.
    — Voilà pourquoi tu ne plais guère.
    Elles contournèrent le lac sacré. L’eau était
superbe dans sa couleur délicate et argentée. Des lotus s’y épanouissaient et
des libellules

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