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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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sans que son père ne s’en inquiète ? Mais, était-ce vraiment bien la
même chose ? Menkh était presque son frère.
    — Tu n’iras pas si tu refuses que Cachou
t’accompagne.
    — Maman, je ne veux ni Cachou ni Maâthor.
    — Alors, tu n’iras pas.
    — Si j’irai ! cria Satiah rouge de
colère.
    Méryet s’était écartée de ce petit drame
familial et comptait distraitement les pétales d’un nénuphar qu’elle venait d’arracher.
Puis, de ses doigts longs et fins, elle lissa la tige fragile et la piqua dans
sa chevelure.
    Séchât passa une main tremblante sur sa nuque.
Elle était encore moite de fraîcheur. Pourquoi fallait-il qu’elle se heurte
toujours à sa fille ? Ne pouvait-elle donc se montrer plus compréhensive ?
Bien que rieuse, gaie, enthousiaste, pleine d’entrain, la fillette qu’elle n’avait
pu élever se révélait avec elle assez agressive dès qu’un obstacle venait
entraver le quotidien de sa vie.
    — Je voulais te parler d’un projet,
susurra simplement Séchât.
    Satiah qui s’apprêtait à partir se retourna
vers sa mère. Séchât y vit une intention plus docile.
    — Un projet qui, je crois, pourrait t’intéresser.
    — Lequel ? fit Satiah maussade.
    — Veux-tu que nous montions ensemble une
pièce de théâtre ? Tu en seras l’héroïne.
    Indécise, Satiah lui jeta un œil sombre.
    — Ainsi, tu pourras prouver ton talent de
comédienne – car je suis sûre que tu en as un – à tes compagnons. Ne
crois-tu pas que c’est une façon plus originale de te faire remarquer que d’aller
chasser la sarcelle sur le Nil avec les garçons ?
    Séchât avait touché juste. À présent, l’adolescente
ne regardait plus sa mère avec hostilité, mais avec une lueur d’intérêt dans
les yeux.
    — Nous aurons un public. Ils viendront
tous de Thèbes pour t’applaudir. Même Thoutmosis te regardera avec des yeux
neufs.
    — Comment t’y prendras-tu ?
questionna Méryet qui, enfin, s’intéressait au débat.
    — Nous mettrons en scène le dieu Hapy.
    — Mais, il est gros et gras.
    — Ce sera Amtou. Nous lui
confectionnerons un faux ventre et des gros seins.
    Elle se tourna vers Méryet.
    — Toi, tu seras la déesse Maât, car notre
pièce de théâtre fera intervenir des actes hypocrites et déloyaux que, seule,
Maât, la déesse de la justice pourra punir.
    — Et moi, maman ? fit Satiah
suffisamment intéressée, cette fois, pour laisser tomber les sarcelles du
bosquet de papyrus.
    — Toi, tu seras la reine. On t’espionnera,
on t’accablera de tous les reproches, on cherchera à te nuire. À te détruire
même.
    — Et Baki ?
    — Baki sera l’amie, la confidente, mais
aussi l’espionne, celle qui calcule, évalue, prémédite. Nous essayerons de
rassembler plusieurs autres acteurs qui feront les soldats, les prêtres, les
dieux qui répandront colères ou bienfaits selon les aléas de l’histoire.
    Satiah saisit la main de sa mère. Sa bonne
humeur réapparaissait sur son petit visage triangulaire et toute colère était à
présent partie.
    Séchât en fut soulagée. Les emportements de
Satiah étaient légendaires. La jeune femme se rappelait que bébé, sa fille
pleurait et riait en l’espace de quelques secondes. Qu’elle vît un visage
avenant penché au-dessus de son couffin, et l’enfant éclatait de rire, mais qu’elle
aperçût en même temps sa nourrice qui ne lui tendait pas son sein et elle
poussait une colère effroyable.
    Au loin, elles virent la silhouette de
Neb-Amon se détacher sur le vert feuillage des chèvrefeuilles. Le médecin les
attendait au bout de l’allée qui menait à la résidence.
    Il embrassa tendrement Séchât, salua Méryet
avec déférence, ébouriffa les cheveux de Satiah qui, pour une fois, se laissa
faire sans rien dire, et leur emboîta le pas, bien décidé à passer quelques
heures tranquilles au sein de sa famille.

 
CHAPITRE IV
    La pharaonne observait en silence sa compagne.
Le dépouillement de bijoux pour lequel elle avait opté ce matin-là rassura
Séchât sur les intentions d’Hatchepsout. Elle l’avait fait venir en amie, non
en sujet fidèle et soumis.
    Ainsi, Séchât pouvait lui révéler ce qu’elle
avait sur le cœur.
    De son côté, la reine semblait préoccupée. Des
cernes creusaient le haut de ses pommettes qu’elle avait toujours eu saillantes
et remontées vers les tempes. L’inquiétude qu’elle enfermait en elle depuis
longtemps resurgissait comme

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