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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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faciliterait la pose des bandelettes.
    — Mes drogues sont faites avec des
ingrédients qu’impose la perfection d’un embaumement divin et Hatchepsout en
est consciente. C’est ainsi et pas autrement. Je ne peux m’écarter de la
volonté de Sa Majesté. Tes injonctions passent après, Pénith.
    Le médecin aux petits yeux étrécis et à la
bouche molle rétorqua :
    — Nous t’userons, Neb-Amon. Nous t’empêcherons
de réussir.
    — Vous ne m’empêcherez pas d’effectuer
cet embaumement tel que je le souhaite. Tu n’es qu’un charlatan, Pénith et tu n’arriveras
jamais à la cheville du vieux maître-momificateur de feu Thoutmosis. Celui qui
traçait le dessin de ses bandelettes si bien que toute la géométrie en elle-même
était une œuvre d’art.
    — Qui t’autorise à parler de lui, petit
médecin ? jeta Seddy rouge de colère.
    — Qui m’autorise à en parler ?
rétorqua Neb-Amon dont le teint, au contraire, blanchissait à mesure que sa
fureur prenait forme. Le respect que j’ai pour lui !
    — Le respect ! Peuh !
    Seddy fit mine de cracher pour mieux montrer
son désaccord.
    — Le respect ! trancha-t-il, le
respect ! Ce n’était qu’un poseur de bandelettes, ton maître-momificateur.
    — Il ne t’arrivait pas à la cheville,
rétorqua Neb-Amon.
    Puis, il avança son index et le posa sur le
torse de Seddy.
    — Le maître, le vrai maître, celui qui
dosait si bien son mélange d’huile de cèdre, d’oliban et de natron obtenait un
résultat qui ne désagrégeait aucun viscère, alors que ta mixture fait tout
fondre dans le ventre de tes morts.
    Seddy suffoquait.
    — Oui ! Tout fondre, poursuivit
Neb-Amon. Tu n’en extirpes rien.
    — C’est faux, s’écria Mékyet, le
troisième médecin qui, muet jusqu’ici, pressentait une tournure qu’il n’avait
pas prévue.
    — Faux ? J’ai vu comment tu
procèdes. Tu injectes la liqueur de ta seringue dans le ventre du mort sans y
faire aucune incision et sans même en retirer les intestins.
    — Faux ! Faux ! Faux ! s’écria
Pénith.
    Il se jeta sur Neb-Amon et le prit à la gorge.
Mais, ses deux compagnons l’empêchèrent de poursuivre une agression qui les eût
mis, alors, en mauvaise posture.
    — Ose nier que tu retires le liquide de
ta seringue juste avant l’emmaillotement. Où sont tes viscères, Grand Mékyet ?
Ose dire qu’ils ne sont pas entièrement dissous par ta préparation
destructrice.
    Mékyet bomba le torse qu’il avait poilu comme
un singe.
    — N’as-tu donc jamais vu mes incisions ?
    — Elles n’existent que ton imagination,
tes incisions. Sais-tu seulement te servir correctement d’un scalpel ?
    Neb-Amon respira fortement. Le scalpel !
Comment ne pas penser tout à coup à sa merveilleuse pierre d’Éthiopie, affûtée
comme un silex et qui ne faisait pas gicler le sang comme ces outils égyptiens
dont se servaient la plupart de ses compatriotes.
    — Tu n’as pas répondu à ma question, il
me semble, fit Neb-Amon qui, visiblement, voulait aller plus loin. Où sont tes
viscères lorsque tu momifies un corps ?
    — Dans les canopes ! rugit Mékyet.
    — Faux ! Je t’ai vu remplir les
vases avec des cœurs de bœufs et des intestins de chiens ou de chats. Une fois
bouchés, tes canopes sont muets et ne peuvent te dénoncer.
    Une lueur de panique s’allumait dans les yeux
de Pénith et le regard de Seddy ne paraissait pas plus tranquille. Seul, Mekyet
bombait toujours son torse poilu avec arrogance.
    — Tu m’espionnes, petit médecin de rien.
Petit médecin de…
    La voix coupante de Neb-Amon poursuivit aussitôt :
    — Ose prétendre que tu ne touches pas des
honoraires grandioses pour tes momifications qui n’en sont pas. Ose nier que tu
n’utilises que des produits de médiocre qualité alors que pour le prix que tu
reçois, tu devrais travailler avec les ingrédients et les parfums les plus
purs.
    Seddy releva sa lèvre molle et tombante et
essaya d’intervenir, mais Neb-Amon poursuivit :
    — Ton natron n’est qu’un produit de
médiocre qualité. Celui qu’utilisent les praticiens des classes défavorisées.
    Il éleva la main.
    — Non ! Ne dis rien. Je n’ai pas
terminé. Je connais ce natron-là. Je l’ai vu, senti, touché, manipulé quand je
travaillais pour les pauvres de Thèbes et que je n’avais ni les moyens ni la
possibilité de m’en procurer du meilleur. Ton natron qui doit entretenir et
solidifier tes corps pendant

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