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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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n’était là qu’un répit et
leurs yeux s’allumèrent d’une étrange lueur. Soudain, ils parurent très en
colère et l’un d’eux se détacha du groupe. Il avait dû, avant que les effets
néfastes de la famine n’atteignent son corps, être un fort gaillard, presque un
géant, aux muscles puissants et robustes.
    — Tu nous serviras mieux vivant que mort.
Aussi allons-nous te laisser en vie. Où vis-tu ?
    Comme Seddy ne répondait pas, l’homme se jeta
sur lui, mais le médecin ne broncha ni ne bougea.
    — Allons, calme-toi fit-il à l’homme. Je
vais voir ce que je peux faire.
    — Où vis-tu ? cria un autre marin en
poussant ses compagnons pour venir aux côtés de celui qui avait pris la parole
en premier.
    — Je l’ai vu aux portes du palais, s’égosilla
un troisième homme en brandissant un poing maigre aux articulations qui n’arrivaient
plus à se détendre. C’est l’un des médecins de la reine !
    — Alors, nous te suivons. Emmène-nous au
palais et fais-nous servir quelque chose à manger.
    Et Seddy, qui était loin de se douter du drame
qui se jouait à cet instant à l’intérieur des murs d’enceinte du palais, pensa
qu’il ne pouvait faire autrement que d’entraîner avec lui tous ces hommes qui
voulaient survivre.
     
    *
    * *
     
    Dans son palais, éloignée de l’épidémie en
pleine expansion, Hatchepsout se sentait tourmentée. Mais, c’est un peu plus
tard qu’elle prit vraiment peur.
    Depuis l’aube, Yaskat était souffrante. La
fièvre l’avait prise brutalement et des taches rougeâtres s’étendaient sur son
cou et sa gorge. Quand Hatchepsout appela ses autres servantes, on vint l’avertir
que les deux médecins Mékyet et Pénith étaient partis en direction du pavillon
des contaminés et que Seddy était absent. Il avait confié à son personnel que,
soucieux de savoir son neveu sur son bateau, il était parti dans l’espoir de le
ramener au palais afin qu’il y soit en sécurité.
    Hatchepsout s’énervait. Vraiment ! Tout
allait à l’envers. Yaskat risquait de mourir et personne, dans l’immédiat, ne
pouvait la secourir. Un instant, la reine paniqua. Déjà, l’absence de Senenmout
lui était cruelle. Et, à présent, que pouvait-elle faire sans sa fidèle
servante ? Aurait-elle le courage d’affronter seule tous ces conflits ?
    — Et Neb-Amon ! s’énerva-t-elle,
est-il déjà parti à Bouhen ?
    — Oui, Majesté, répondit un serviteur.
    — Alors qu’on donne les instructions pour
qu’il revienne au plus vite et s’il se trouve en route, qu’il fasse demi-tour
et vienne de suite me voir.
    L’homme hésita et voûta ses épaules. Apparemment,
comme tous ceux qui vivaient dans le palais, il craignait qu’une échappée de l’extérieur
vînt apporter le drame. Aussi releva-t-il les épaules dans un souci d’achever
brièvement sa mission.
    — C’est que personne ne veut chevaucher
dans ce désert où l’on ne voit que des cadavres, dit-il d’un ton horrifié. Le
moindre corps étendu sur le sol est contaminé, Majesté. Les coursiers sont
comme les gardes et les soldats, ils n’osent plus sortir du palais. On dit qu’à
chaque pas, on frôle un cadavre en décomposition et que l’odeur que vous en
respirez ne peut que vous emporter directement au royaume d’Osiris.
    Il osa diriger un regard timoré en direction d’Hatchepsout
et poursuivit :
    — Majesté, il faut vouloir sa mort pour
fréquenter les chemins sur l’heure.
    À peine avait-il jeté ces mots, qu’à peine
lancés il regrettait déjà, que deux hommes entraient dans la pièce sans se
faire introduire. Ils avaient écarté les servantes qui, sans broncher, les
avaient laissé passer.
    Hatchepsout reconnut l’Intendant du palais et
l’un des administrateurs du harem. Ils étaient l’un et l’autre très essoufflés
et paraissaient être dans un état d’excitation intense, car ils en oublièrent
de se courber bas devant elle.
    — Majesté, la foule des survivants de Thèbes
est entrée au palais.
    Le visage d’Hatchepsout pâlit et ses mains
tremblèrent. Mais elle se reprit aussitôt. Elle toisa les deux hommes d’un air
digne, leur signifiant ainsi qu’elle pardonnait le manquement au protocole
habituel.
    — Sont-ils nombreux ?
    — Tous les survivants de la ville sont
là, Majesté, à l’exception de ceux qui ont été recueillis par les prêtres de
Karnak et qui résident au temple. Mais ceux qui se pressent aux portes de

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