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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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envoyé en exil, je devais aussi résoudre le meurtre de Censorinus. L’ennuyeux, c’est qu’il m’apparaissait de plus en plus inexplicable. En outre, je devais trouver la bonne formule pour expliquer à ma mère que son fils adoré, le héros, avait peut-être été un homme d’affaires dépassé par ses difficultés, et qui avait choisi ce moyen radical de s’en sortir.
    — Quelle heure peut-il bien être ? demanda soudain Helena.
    — Par Jupiter, comment veux-tu que je le sache ? Le milieu de la nuit, je suppose. Ou déjà demain.
    Elle me sourit. Sa question n’avait rien à voir avec les problèmes que nous venions d’aborder ensemble. Je le devinai un bref instant avant de l’entendre dire :
    — Eh bien, alors, bon anniversaire !
     
    Mon anniversaire.
    Je ne l’avais pas oublié, naturellement, mais je croyais bien être le seul – avec ma mère qui allait penser à moi de façon affectueuse mais quelque peu condescendante. Heureusement qu’elle se trouvait à Rome ; j’allais ainsi éviter le gâteau aux prunes de Damas accompagné de souvenirs nostalgiques. Quant à mon père, je ne pense pas qu’il ait jamais su quand tombaient les anniversaires de ses enfants. Helena avait retenu la date parce que l’année dernière, à la même époque, nous nous trouvions ensemble. Nous étions alors des étrangers l’un pour l’autre et faisions tout pour réprimer l’attirance mutuelle que nous ressentions. Je m’étais néanmoins offert un cadeau d’anniversaire : cédant à une impulsion, je l’avais embrassée. Les conséquences, pour tous les deux, s’étaient avérées inéluctables. À partir de ce moment-là s’était enclenché le processus qui m’avait fait tomber amoureux d’elle. Et pendant tout ce temps, une petite voix me murmurait qu’il était bien improbable qu’elle-même tombe amoureuse de moi.
    Il y avait donc tout juste un an que je l’avais tenue dans mes bras pour la première fois. Sur le moment, j’étais persuadé qu’elle ne me donnerait plus jamais l’occasion de recommencer. Un an que j’avais vu cette lueur s’allumer dans ses yeux devant mon audace. Un an que je m’étais empressé de la fuir, déconcerté par mes propres sentiments et me méprenant complètement sur les siens. Et puis rien ne compta plus pour moi que de trouver l’opportunité de reprendre cette femme dans mes bras.
    — Tu te rappelles ?
    — Si je me rappelle !
    Je plongeai mon nez dans ses cheveux pour aspirer son odeur. Sans avoir besoin de bouger, je sentais la forme de son corps collé au mien. Ses doigts, qui se mirent à tracer des lignes imaginaires sur mon épaule, me donnèrent la chair de poule.
    — Et nous revoilà, un an après, dans une autre auberge pourrie… Jamais, en ce temps-là, je n’aurais pu imaginer que tu serais encore à mes côtés.
    — Oh, Marcus, tu étais tellement en colère après moi !
    — C’est cette colère qui m’a donné l’audace de te toucher.
    Elle éclata de rire. J’étais toujours parvenu à la faire rire. Comme si elle avait lu mes pensées, elle dit :
    — C’est en me faisant rire que tu as fini par me faire tomber amoureuse de toi.
    — Peut-être, mais pas cette nuit-là ! Tu t’es enfermée dans ta chambre, et tu as refusé de me parler.
    — J’avais bien trop peur.
    — De moi ?
    Voilà qui me stupéfiait.
    — Oh non ! Je savais que quand tu cesserais de jouer au demi-dieu à la mâchoire de bronze tu serais le plus gentil des hommes… J’avais peur de moi, avoua Helena. J’avais envie de rester dans tes bras pour que tu continues à m’embrasser, et je souhaitais même que tu t’aventures plus loin.
    J’aurais pu l’embrasser. Ses yeux sombres m’y invitaient. Je décidai pourtant de rester étendu à la regarder me sourire, en laissant mes pensées vagabonder.
    J’étais certain qu’aucune autre année de ma vie ne m’apporterait un tel changement, que jamais plus le destin ne m’offrirait un cadeau aussi précieux.
    J’éteignis la lampe pour essayer d’oublier le cadre sordide. Puis je chassai de mon esprit toutes les dettes et les calamités qui m’accablaient. Un homme doit aussi penser à son plaisir.
    — Je t’aime, murmurai-je. J’aurais dû te le dire il y a un an.
    Et j’aurais dû le prouver immédiatement après.
    Mon trente et unième anniversaire commença par une célébration dans le plus pur style romain.

55
    Notre cheval boitant toujours, nous louâmes

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