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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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l’attitude hautaine d’Acilius Glabrio l’avait sans aucun doute irrité. Mais ce n’étaient que des excuses.
    Cela aurait pu être pire. Ce n’était pas un secret comme les visites du fantôme de Maximin le Thrace. Si ce secret-là lui échappait, les gens penseraient qu’il fallait l’éviter car il était hanté par un puissant démon ou bien qu’il était complètement fou. De plus, persister à reconnaître le meurtre d’un empereur, même si l’empereur en question était haï de tous, n’était pas bien vu par les empereurs régnants. Cela pourrait éprouver la tolérance des gouvernants, même celle d’empereurs aussi cléments et bien disposés que ne l’étaient Valérien et Gallien.
    Ballista monta les escaliers et déboucha sur la plateforme de combat au sommet de la tour.
    —  Dux Ripæ.
    Un petit sourire en coin, à peine réprimé, se peignit sur le visage d’Acilius Glabrio, mais Ballista s’intéressait à tout autre chose. Là, au milieu de la plate-forme battue par les vents, débarrassée des bâches qui la protégeait, se dressait une énorme machine de jet, une baliste. La fascination que ces armes exerçait sur lui depuis toujours lui avait valu son nom.
    Ballista savait qu’Arété disposait de trente-cinq pièces d’artillerie. Il y en avait une au sommet de chacune de ses vingt-sept tours. La porte de la Palmyrène et la Porta Aquaria en possédaient quatre chacune : deux sur le toit et deux autres tirant à travers les meurtrières du premier étage. Vingt-cinq de ces machines de jet propulsaient des traits de deux pieds et demi de long. Des armes antipersonnel, donc. Les dix autres tiraient des pierres. Elles étaient conçues à l’origine pour détruire les engins de siège ennemis, mais pouvaient aussi être employées contre les hommes de troupe. Toutes les machines étaient manœuvrées par des légionnaires de Legio IIII.
    Le Dux avait choisi de commencer sa tournée d’inspection ici, car cette tour abritait l’une des plus grosses balistes. Un cadre rectangulaire de bois dur, renforcé par des coins en fer, de quelques dix pieds de large, comportant aux deux extrémités deux ressorts de torsion faits de tendons torsadés, aussi grands qu’un homme de très haute taille. Les deux branches de l’arc étaient insérées dans ces ressorts. Derrière, la crosse dépassait d’une vingtaine de pieds de la structure. Elle comportait une coulisse à queue d’aronde à l’arrière de laquelle s’accrochait la corde de l’arc. Deux puissants treuils tiraient la coulisse vers l’arrière et tendaient la corde de l’arc, pliant les deux branches de l’arc. Le projectile était placé dans la coulisse qu’un cliquet maintenait en place et qu’un joint de cardan permettait de bouger facilement de droite à gauche et de haut en bas. Le soldat visait et une détente libérait la formidable force de torsion accumulée dans les ressorts.
    Ballista caressait des yeux le bois sombre et poli, l’éclat terne du métal. Toutes les balistes fonctionnaient sur le même principe, mais celle-ci était un spécimen particulièrement réussi. Fruit aussi beau que meurtrier de la conception d’engins de guerre, cette arme énorme pouvait tirer un boulet de pierre soigneusement arrondi, pesant pas moins de vingt livres. Arété disposait de trois autres engins lourds semblables ; deux sur le toit de la porte de la Palmyrène et un sur la quatrième tour, au nord. Ses six autres engins lanceurs de pierres tiraient des projectiles de six livres. Tous sauf un étaient placés sur la muraille ouest, qui faisait face à la plaine – car c’était en plaine que les engins de siège ennemis devraient s’approcher.
    Acilius Glabrio présenta le Dux aux balistaires – un artilleur confirmé, le chef de pièce, et ses aides : quatre hommes chargés des treuils et deux servants. Ils semblèrent ravis lorsque Ballista leur demanda d’effectuer un tir de démonstration. Il montra un rocher à quelques cinq cents pas, à peu près la portée maximale de l’engin. Il dut se retenir de ne pas diriger les opérations tandis que les hommes armaient l’engin.
    La pièce d’artillerie émit la succession de bruits caractéristiques : vibration, glissement, choc sourd. La pierre brilla d’un éclat blanchâtre pendant les huit ou neuf secondes où elle traversait les airs. Un jet de boue signala l’endroit où elle atterrit : environ cinquante pas trop court et au moins

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