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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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et le bord de l’eau et étudia l’entrée des tunnels : deux d’entre eux comportaient des portes et trois étaient fermés par des planches, car dangereux. Il observa les deux murs courts et fut rassuré de voir que chacun était dominé par une tour sur le mur d’enceinte. Finalement, il étudia les jetées et les bateaux qui y étaient amarrés. De retour en haut, légèrement essoufflé, il donna ses ordres.
    Personne ne devait puiser de l’eau des citernes sans autorisation officielle. Toute l’eau utilisée devait provenir de l’Euphrate. Des gardes seraient placés autour de toutes les grandes citernes des bâtiments militaires ainsi que du caravansérail et des principaux temples. Une centurie de la Legio IIII serait basée à la Porta Aquaria. Entre autres instructions qui seraient données plus tard, ses hommes devaient contrôler l’acheminement de l’eau et la sécurité des tunnels. Ceux que l’on considérait dangereux devaient être ou bien réparés ou bien définitivement condamnés.
    C’était justement aux tunnels que Ballista s’intéressait maintenant, non sans anxiété. On amena des lampes, des verrous furent tirés et la porte de l’un des tunnels, prétendument sûrs, s’ouvrit. Espérant que son extrême réticence ne serait pas remarquée, Ballista s’avança dans le rectangle d’obscurité. Il s’arrêta un instant non loin du seuil, laissant ses yeux s’accoutumer à la pénombre. Une courte volée de marches lui faisait face, chacune creusée en son milieu à l’endroit où des générations de pieds l’avaient foulée. Après une douzaine de marches, le passage formait un coude vers la droite. Ballista se répéta les mots qui l’avaient tiré de tant de situations difficiles : « ne réfléchis pas, agis. »
    Il descendit l’escalier avec précaution. Après avoir tourné au coin, il se retrouva en face d’une autre volée de marches suivie d’un autre coude vers la droite. Au-delà, les choses changèrent. Sous ses pieds, les marches laissaient place à une rampe glissante descendant abruptement. Tendant la main pour garder l’équilibre, Ballista toucha des murs rugueux et suintant d’humidité. La lumière derrière la porte ne pénétrait plus du tout. Il leva sa lampe, mais le tunnel semblait se prolonger à l’infini. Quelque chose couina dans le noir avant de s’éloigner dans un trottinement.
    Ballista ne désirait qu’une chose : sortir de ce tunnel. Mais il savait que s’il faisait demi-tour, le soir même, tous les soldats sous son commandement sauraient que leur nouveau Dux, ce gros dur de Barbare, avait peur des espaces clos. Soudain, l’air autour de sa tête se remplit de formes noires virevoltantes. La colonie de chauve-souris s’évanouit aussi vite qu’elle était apparue. Ballista essuya ses mains moites sur sa tunique. Il n’y avait qu’un moyen de sortir de cet horrible tunnel. Serrant les dents, il descendit dans l’obscurité froide et humide. C’était comme descendre dans l’Hadès.
    Ballista était fatigué, éreinté. Il était assis sur les marches d’un temple au bout de la rue des Remparts, au sud-est de la ville. Il n’était plus accompagné que de Maximus et Demetrius, mais aucun ne parlait. La nuit allait tomber. La journée avait été longue.
    « Toutes les journées ont été longues depuis que sommes arrivés », pensait Ballista. « Nous ne sommes ici que depuis huit jours, le travail a à peine commencé et je suis épuisé. Qu’est-ce que Bathshiba avait dit lorsqu’il avait posé ses yeux sur cette ville pour la première fois ? “Cela en vaut-il la peine ?”, quelque chose comme ça. » En ce moment la réponse était non, mais, aussi loin qu’il s’en souvînt, il en avait toujours été ainsi. Cependant, il avait été envoyé par les empereurs et un « non » équivalait à la mort ou à la prison.
    Sa femme lui manquait. Il se sentait seul. Les trois seules personnes qu’il pouvait considérer comme des amis dans cette ville étaient aussi sa propriété et cela créait une barrière. Il aimait beaucoup Demetrius ; des années de dangers et de plaisirs partagés l’avait rendu très proche de Maximus ; Calgacus le connaissait depuis qu’il était enfant. Pourtant, la contrainte de la servitude s’immisçait dans leurs rapports. Il ne pouvait pas leur parler comme il parlerait à Julia.
    Son fils lui manquait. Il ressentait une peine irrésistible, presque insupportable

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