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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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le temps des conquêtes est passé sans retour, car ce n'est pas en reculant les limites de son territoire qu'une nation peut désormais être honorée et puissante, c'est en se mettant à la tête des idées généreuses, en faisant prévaloir partout l'emprise du droit et de la justice. »
    Une chose est de déclarer la guerre, une autre de la faire. Là commencent les difficultés...
    Aucun des belligérants n'avait rien envisagé d'autre que des opérations limitées, destinées à imposer la négociation et à en préparer les termes de manière avantageuse. C'est ce qui explique que Louis Napoléon, au départ, ne songe pas un instant à prendre le commandement des troupes françaises et délègue sur place Saint-Arnaud.
    S'engage alors, au début tout au moins, une drôle de guerre. Les Russes, qui avaient occupé, en juillet 1853, les provinces danubiennes de Moldavie et de Valachie, les évacuent sans combat. De leur côté, les Autrichiens, qui, en août 1854, avaient pris pied dans les provinces roumaines, sont contraints de s'en retirer à la suite des manoeuvres que conduisent les Prussiens à la Diète de la Confédération, laquelle va refuser son consentement à la guerre. Berlin veut empêcher, en effet, les Habsbourg d'accroître leur influence sur l'Allemagne à la faveur d'un succès extérieur.
    Un corps français est bien envoyé en Dobroudja mais les Russes ne s'y trouvent déjà plus. La situation serait cocasse si le choléra ne s'était déclaré, qui fait des ravages: Saint-Arnaud, lui-même, est atteint. L'impasse est donc complète. On ne peut cependant rebrousser décemment chemin sans combattre et sans avoir, à tout le moins, enregistré des propositions de paix du tsar.
    Alors, faute de mieux, Français et Anglais, sur la suggestion personnelle de Louis Napoléon, décident d'aller détruire le principal arsenal russe de la mer Noire, installé à Sébastopol. Enseptembre 1854, un débarquement a lieu sur la presqu'île de Crimée. Au cours de leur marche vers Sébastopol, les Franco-Anglais remportent une belle victoire sur l'Alma, grâce aux zouaves du général Bosquet, qui entreront ainsi dans la légende.
    Première victoire, il est vrai, première grande victoire depuis si longtemps! Le bulletin adressé après la bataille par Saint-Arnaud fleure bon le style impérial de jadis: « Sire, le canon de Votre Majesté a parlé. Nous avons remporté une victoire complète. Votre Majesté peut être fière de ses soldats. Ils n'ont point dégénéré, ce sont ceux d'Austerlitz et d'Iéna. Jamais je n'ai vu d'enthousiasme pareil. Le cri de "Vive l'Empereur" a retenti toute la journée; les blessés se soulevaient de terre pour crier [...]. Les zouaves se sont fait admirer des deux Armées. Nos soldats sont les premiers du monde. »
    Malheureusement, cette victoire est mal exploitée. Saint-Arnaud se meurt; quant au prince Napoléon Jérôme, qui représentait la famille sur le champ de bataille, il décide tout bonnement de rentrer à la maison.
    Du coup, la place qui paraissait s'offrir sans résistance va pouvoir renforcer ses fortifications et, au lieu du succès foudroyant qu'on attendait, c'est un long siège qui commence... Un siège où du fait de la configuration du terrain, l'on ne sait plus au juste qui est l'assiégeant et qui est l'assiégé. Malgré des renforts français, malgré l'arrivée d'un contingent de quinze mille Piémontais — que Louis Napoléon a persuadés de s'engager pour mieux asseoir les revendications italiennes —, malgré une opportune supériorité navale, le désastre n'est pas loin. Au moins autant que l'adversaire, l'inadaptation de leur équipement, le froid glacial, le scorbut usent les forces des Français, Anglais et Piémontais.
    C'est trop bête... Louis Napoléon manifeste la nervosité et l'impatience du néophyte. C'est la première guerre qu'il doit conduire, et le pire lui paraît à craindre. Il est vrai qu'il est loin du théâtre des opérations, que les nouvelles arrivent mal, et que, de surcroît, elles ne sont pas bonnes...
    Peu confiant en Canrobert, qui a remplacé Saint-Arnaud, Louis Napoléon dépêche donc sur place Niel pour prendre la mesure de la situation. Il souhaiterait qu'on tente de détruire les armées russes de secours plutôt que de se confiner dans les tranchées. Bientôt, c'est bien dans sa manière, il envisage de se rendre lui-même sur place. Ce serait un bon moyen d'unifier lecommandement, dont la dualité

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