Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
Vom Netzwerk:
C'est l'Angleterre, enfin, qu'il choisira comme terre d'asile, et c'est là que vivra l'exilé, jusqu'à son décès en 1873.
    Louis Napoléon a été, de toute évidence, profondément marqué par ses expériences britanniques. L'Angleterre lui a permis de comprendre ce qu'était une grande nation moderne et de mesurer la complexité des phénomènes économiques et sociaux. Il a aimé sincèrement ce pays, qui lui a beaucoup apporté et qui l'aura toujours dignement reçu.
    Cette fois encore, il est fort bien accueilli. D'autant mieux d'ailleurs que le gouvernement de Louis-Philippe a commis une nouvelle maladresse en tentant de dissuader Londres de lui accorder asile. Cela n'a guère été apprécié. Et la presse anglaise,goguenarde, de se demander si la France, du coup, pousserait jusqu'à la mobilisation...
    Comme c'est généralement le cas au cours de ses voyages, Louis Napoléon va alors mener une vie mondaine très intense.
    Bien qu'il lui soit interdit de paraître à la cour, la haute société anglaise lui fait fête. Il peut mener grand train, l'héritage d'Hortense lui permettant d'entretenir, sous la direction de Thélin, une équipe de dix-sept domestiques. Vaudrey, le docteur Conneau et Persigny le rejoignent. Il s'installe au numéro 1 de Carlton Gardens, dans un quartier dont, un siècle plus tard, un autre exilé célèbre, Charles de Gaulle, consacrera aux yeux des Français la notoriété. Il sort beaucoup: dîners, spectacles, réceptions font partie de son lot quotidien.
    Il ne reste pas pour autant inactif. Une certaine discipline de vie lui permet de trouver le temps de travailler. Il a bientôt une place réservée au département des imprimés du British Museum. Plus tard, le club de l'Armée et le club de la Marine l'accueilleront comme membre honoraire. Il noue des contacts avec plusieurs personnalités scientifiques de renom, comme le physicien Faraday. On peut noter aussi les relations suivies qu'il entretient avec Disraeli, lequel apprécie « son calme si rare chez les étrangers et toujours si appréciable aux yeux d'un aristocrate anglais ». Il assiste aux séances du Parlement, visite l'école militaire de Woolwich, se documente sur un grand nombre de sujets.
    Mais, ce qui compte surtout, c'est qu'il profite de ses déplacements pour observer et comprendre le développement de l'économie britannique.
    Il se rend dans les régions industrielles, les arpente dans tous les sens, et court les usines... Déjà en 1833, il avait visité quelques fonderies, et pris le tout nouveau chemin de fer allant de Manches-ter à Liverpool. Il a décrit à Vieillard les moindres détails des machines à vapeur. Il aura bientôt tout loisir de théoriser.
    De ses séjours en Angleterre, il va retirer deux enseignements principaux.
    Le premier, c'est que notre voisin s'industrialise très rapidement et nous distance inexorablement. Il est urgent de prendre conscience de ce retard et de tout faire pour le combler, car, désormais, l'industrialisation est la vraie source de la puissance.
    Le second, c'est qu'il faut éviter, dans le développement industriel, de commettre les mêmes erreurs que l'Angleterre. Undéfaut d'attention aux conséquences sociales de la mutation économique est de nature à créer les conditions d'une situation inacceptable, comme l'illustre le cas, qui l'a extrêmement choqué, des enfants au travail.
    Sans nul doute, c'est dans cette connaissance de l'économie britannique qu'il faut voir l'origine des idées que développe l'Extinction du paupérisme.
    L'Angleterre confirme aussi à ses yeux la nécessité d'un gouvernement fort et durable, « moteur bienfaisant », qui transformera le progrès irrégulier déterminé par l'initiative privée en progrès permanent. Enfin, la chaleur de l'accueil qu'il a reçu et la gratitude qui est la sienne à l'égard de l'Angleterre ne seront pas sans conséquences: en 1847, à Forbes Campbell, qui lui adresse sa critique du livre de Thiers sur l'Histoire du Consulat et de l'Empire, il écrira ces lignes qui en font l'inventeur de « l'Entente cordiale »:
    « Pourquoi ne suis-je pas né pour participer à la gloire de ces temps héroïques? Mais, à la réflexion, c'est mieux ainsi!
    « Quel spectacle attristant de voir les deux plus grandes nations civilisées du monde se détruire l'une l'autre — deux nations qui devraient, à mon avis, être amies et alliées, et seulement rivales dans les arts pacifiques.
    « Espérons que le

Weitere Kostenlose Bücher