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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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indications sur le soin personnel que Louis Napoléon apporta lui-même au règlement, dans le sens de la clémence, de centaines et de centaines de dossiers.
    Louis Bouloumié, ancien magistrat, était avocat à Rodez. Fondateur de l'Aveyron républicain, il avait accueilli avec la faveur que l'on imagine la révolution de Février. Lors de l'élection présidentielle, il fit campagne pour Cavaignac. Élu capitaine commandant de la Garde nationale et conseiller municipal, c'était, comme l'on dit, un citoyen engagé.
    Dès que la nouvelle de l'opération du 2 décembre est connue à Rodez, il se rend, avec d'autres personnalités locales, protester à la préfecture. Trois jours plus tard, la réussite du coup d'État étant désormais assurée, le préfet, après l'expectative prudente qui sied aux hommes chargés de la continuité de l'État, sait enfin quel camp choisir et Louis Bouloumié est emprisonné. Les conditions de détention sont précaires. Sa santé se détériore rapidement: il souffre de coliques néphrétiques.
    Très vite, une pétition signée de plusieurs de ses amis réclame sa libération. Le rapport de la police, transmis le 17 février 1852 au ministère de l'Intérieur n'est pas défavorable : « Monsieur Bouloumié est père de famille, allié aux personnes les plus honorables. Loin d'être un homme dangereux, il est [...] parfaitement inoffensif... ». La police conclut donc dans le sens de l'apaisement: « La mise en liberté de Monsieur Bouloumié serait accueillie avec une profonde gratitude et comme une grâce inappréciable. »
    Il faut l'avis du préfet. On le sollicite. Lui, fait du zèle. S'appuyant sur les conclusions de la commission départementale, il émet un avis défavorable, se bornant à accepter qu'on transforme « l'Algérie plus en Algérie moins », c'est-à-dire qu'on réduise la durée de la transportation décidée.
    Nouvelle offensive le 16 mars, venant cette fois du duc d'Istrie, parent de Bouloumié, auprès du ministre de la Police générale : « Le Prince lui-même avait daigné m'exprimer son désir de voir terminer cette longue captivité [...] Veuillez en mêmetemps parler au Prince-Président de mon dévouement que je serais heureux d'avoir l'occasion de lui prouver... »
    A son tour, Louis Bouloumié prend la plume, sans doute sans enthousiasme, et s'adresse à Louis Napoléon, excipant de ses problèmes de santé. Il demande qu'on commue sa peine « en un internement à Toulouse où [il vivra] complètement étranger à la politique ».
    Le prince de la Moskowa appuie la demande, aux côtés du duc d'Istrie. Tous deux s'en prennent au préfet qui pourrait avoir des motifs autres que politiques.
    Ils obtiennent que la peine initiale soit commuée en expulsion. Louis Bouloumié s'exile donc à Barcelone. Il revient à la charge le 29 juin 1852 et demande l'autorisation de se rendre dans le département des Vosges pour prendre les eaux. L'autorisation est accordée : il peut passer un mois à Contrexéville. Le 10 septembre, c'est Persigny qui est alerté, pour qu'on en finisse. Il écrit au garde des Sceaux : « Je m'intéresse beaucoup à Monsieur Bouloumié et je serais heureux qu'il fût possible de donner à sa demande une solution prompte et favorable... »
    Le 12 décembre, Louis Bouloumié produit ce qu'on lui demande : un engagement à se tenir tranquille :
    « Le suffrage universel a prononcé.
    « Homme de principe, je dois m'incliner. Je déclare donc me soumettre à la volonté nationale et m'engage à ne rien faire désormais contre le gouvernement de l'Élu du Pays. »
    C'est fini. Louis Bouloumié pourra rester en France. Cette décision aura d'ailleurs des conséquences inattendues. Bienfaiteur de Plombières et de Vichy, Louis Napoléon aura été, sans le savoir, à l'origine de la création de la station thermale de Vittel. On a signalé en effet à Louis Bouloumié, pendant son séjour à Contrexéville, les vertus d'une source dite de Gérémoy, qu'il acquiert dès 1854 et qui deviendra, sous son impulsion et celle de ses descendants, un des lieux les plus prestigieux de France.
    Le mouvement de clémence fut consacré par le décret du 16 août 1859, qui instituait un pardon général.
    Il n'y a guère que Hugo à refuser obstinément l'amnistie ; se montrant insensible à tous les gestes de Louis Napoléon, il les traita par la dérision.
    Bien que méritant mieux, jamais Louis Napoléon ne parut se laisser décourager par ces

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