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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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l'enclume.
Les Bozandari, plus stables et plus résistants, joueront le rôle de l'enclume.
La mobilité des Anari servira de marteau.
    —   N'est-ce pas le rôle de la cavalerie ? demanda Grundan.
    —   Oui-da, officier, dit Tuzza, si nous en avions une. Ce
qui n'est pas le cas. Les quelques chevaux dont nous disposons doivent servir
d'animaux de bât. Mais nos frères anari sont capables de se déplacer aussi vite
à pied qu'une cavalerie.
    Il montra la carte qu'ils utiliseraient à l'entraînement.
    —   Les Bozandari doivent clouer l'ennemi sur place et
exercer une pression constante afin d'épuiser ses forces peu à peu. Les Anari
frapperont par-derrière et l'amèneront sur nous. C'est la meilleure façon
d'exploiter nos atouts respectifs.
    —   Ce plan de bataille exige une grande coordination, dit
Archer en voyant le doute apparaître sur les traits des officiers des deux
camps. Les Anari doivent se fier à la force et à la ténacité des Bozandari dans
leur rôle d'enclume. Quant aux Bozandari, ils devront attendre patiemment que
les Anari frappent au bon moment et suffisamment pour ébranler l'ennemi avant
que la pression de ce dernier ne devienne insupportable.
    —   Et nous devons nous entraîner à attaquer au crépuscule,
dit Jenah, plutôt qu'à l'aube. Les Bozandari se déploieront et avanceront vers
l'ennemi juste avant la tombée de la nuit, ce qui permettra aux Anari d'entrer
en scène dans l'obscurité.
    Tuzza leva de nouveau la main pour faire taire les voix qui
s'élevaient parmi ses officiers.
    —   Je suis tout à fait conscient du fait que nous sommes
habitués à combattre de jour, quand nos hommes sont plus reposés. Il nous faut
changer nos habitudes et nous arrêter en chemin afin de reconstituer nos
forces. Ce ne sera pas facile mais nous aurons le temps de nous y faire sur la
route de Bozandar.
    —   De cette façon, conclut Archer, nous frapperons l'ennemi
lorsqu'il sera fatigué, prêt à dresser le camp pour la nuit et à préparer le
dîner. Nous préservons ainsi les plus grands avantages de nos traditions et en
créons une nouvelle.
    Archer leva sa chope, imité aussitôt par Tuzza et Jenah.
Leurs officiers suivirent leur exemple.
    —   Aux loups des neiges ! dit Archer.
    —   Aux loups des neiges ! répliquèrent les hommes.
     
    Ras Lutte observait ses hommes à l'entraînement avec une consternation
grandissante. L'armée du Seigneur Ardred — un ramassis de brigands, de voleurs
et de rebelles — était plus disparate qu'aucune légion qu'il avait jamais
affrontée au service de Bozandar. Ardred contrôlait leurs esprits mais Lutte
savait que même ainsi, ils ne survivraient pas sur le champ de bataille face à
des troupes bien entraînées, fussent-elles en petit nombre. Cela avait été
avéré à Lorense, lorsque des douzaines d'hommes au service de Lantav Glassidor
étaient tombés sous les coups du frère d'Ardred et de deux esclaves anari.
    Lutte aurait préféré de loin une véritable armée, composée
d'hommes entraînés, disciplinés, qui se serreraient les coudes et
accompliraient leur devoir dans les pires conditions. Mais il était bien plus
difficile pour Ardred de faire plier la volonté d'êtres dotés d'un tel
caractère.
    Par conséquent, Lutte se retrouvait à la tête de ce qui
était à peine plus qu'une bande de hors-la-loi. Ses officiers étaient un groupe
hétéroclite, une poignée de Bozandari tombés en disgrâce comme lui et quant au
reste, des hommes forts mais cruels, prêts à tuer leurs rivaux et à tenir leurs
hommes par la terreur. Pareils hommes aimaient donner des ordres mais n'étaient
guère faits pour en recevoir.
    Pis encore, ces hommes étaient ceux qui subissaient le moins
l'influence de la magie des Ilduins qu'Ardred retenait prisonnières. Il ne
restait à Lutte qu'à espérer qu'il pourrait leur indiquer la direction où se
trouvait l'ennemi, les appâter par la perspective d'un butin et ensuite les
lâcher telle une meute de chiens sauvages et affamés.
    Vraiment, il pouvait compter sur les doigts d'une main les
officiers qui rassembleraient leurs hommes en cas de défaite ou après le pillage
d'un campement ennemi et formeraient une unité cohérente prête à retourner au
combat. Lutte avait beaucoup de soldats sous ses ordres car nombreux étaient
ceux qui refusaient le joug de Bozandar — ou de tout autre. Mais des soldats
sans chefs n'étaient que des grains de sable prêts à être écrasés et

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