Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
Vom Netzwerk:
harpon. Au moment où il tira Shuganan leva sa pagaie, prêt à l'utiliser comme une massue, mais la beauté du lancer, le grognement du phoque quand il fut touché l'arrêtèrent et il resta immobile tandis qu'Homme-Qui-Tue armait son deuxième tir. A nouveau le harpon fit mouche.
    Shuganan ne bougea toujours pas. « Quel esprit souffle ici ? » pensa-t-il. Pourquoi le second phoque était-il resté la tête hors de l'eau quand le premier avait été touché ?
    Les phoques plongèrent, la tête du harpon plantée dans leur corps. La corde attachée au harpon resta à la surface, marquant l'endroit où les phoques se trouvaient sous l'eau. L'un d'eux refit surface. Homme-Qui-Tue approcha son ikyak mais l'animal ne fit aucun mouvement pour replonger.
    Homme-Qui-Tue tira sur la corde et l'enroula autour d'un portant sur le bord de l'embarcation. Le second phoque fit également surface et lui aussi attendit qu'Homme-Qui-Tue enroule la corde.
    Attendait-il ou était-il mort ? se demanda Shuganan tandis qu'Homme-Qui-Tue continuait ses manœuvres d'amarrage.
    Ils sont morts tous les deux, se dit Shuganan. Ils sont morts si rapidement ! D'où Homme-Qui-Tue tenait-il ce pouvoir?
    Shuganan songea à la sculpture de phoque qu'Homme-Qui-Tue avait prise dans l'ulaq, mais Shuganan ne pouvait donner à son propre travail un tel pouvoir. C'était trop effrayant, trop horrible! Et si d'autres chasseurs venaient? Et s'ils gagnaient le même pouvoir en portant les sculptures et utilisaient ce pouvoir pour faire le mal?
    A nouveau Shuganan eut de la difficulté à respirer. Il leva sa pagaie. Il savait qu'Homme-Qui-Tue allait se retourner. Un chasseur qui pouvait se glorifier d'un tel exploit ne pouvait manquer de s'en vanter.
    — Alors, qu'en penses-tu, vieil homme? demanda Homme-Qui-Tue avec un large sourire.
    Shuganan leva la pagaie comme si c'était une lance et en frappa Homme-Qui-Tue en plein visage.
    Le coup n'était pas aussi violent que Shuganan l'avait espéré mais du sang jaillit du nez et de la bouche de l'homme. Shuganan leva la pagaie pour frapper encore mais Homme-Qui-Tue saisit l'extrémité et la tourna jusqu'à ce que les muscles de Shuganan l'obligent à lâcher prise, et finalement Homme-Qui-Tue s'empara de la pagaie et frappa de toutes ses forces sur la tête de Shuganan.
    Celui-ci se laissa tomber au fond de son ikyak. L'armature en bois protégea ses côtes et son dos et il cacha sa tête entre ses bras. Homme-Qui-Tue frappa encore. Le coup brisa l'avant-bras gauche de Shuganan, mais il le maintint au-dessus de sa tête. Du sang jaillit et se coagula au fond de l'ikyak.
    L'obscurité troubla la vision du vieil homme et chaque fois que la pagaie continuait à s'abattre l'obscurité augmentait, effaçant la mer et le ciel, jusqu'à ce que Shuganan ne vît plus qu'un petit point lumineux, jusqu'à ce qu'il ne pût plus penser à autre chose qu'à la douleur et qu'il entendît un esprit lui dire : ne meurs pas ! N'abandonne pas Chagak!
    18
    Chagak tourna son ik vers l'ouest. Elle savait qu'il lui faudrait au moins une journée pour atteindre l'île des Chasseurs de Baleines. Ensuite il faudrait chercher leur village autour de la côte.
    Elle espérait que son grand-père la croirait et enverrait ses chasseurs secourir Shuganan. Mais même s'il le faisait le peuple d'Homme-Qui-Tue avait toujours l'intention d'attaquer le village des Chasseurs de Baleines. Le peuple de son grand-père aurait une meilleure chance de se défendre s'il était prévenu, mais pourrait-il faire face à des guerriers déterminés et habitués à tuer et à massacrer tout sur leur passage? Chagak frissonna. Pourrait-elle supporter d'assister à un pareil spectacle ?
    — Non, dit-elle à haute voix, et elle adressa une prière à Aka : si tous les Chasseurs de Baleines sont tués, laisse-moi mourir aussi. Choisis quelqu'un d'autre pour enterrer les morts.
    La mer se soulevait en hautes vagues malgré l'absence de vent. Au sommet de chaque vague, Chagak regardait la terre sur sa gauche, le soleil à droite et s'efforçait de se maintenir entre les deux.
    L'ik était lourdement chargé, elle s'était ménagé un espace étroit pour elle-même. L'ik était petit mais, malgré cela, il était difficile à manœuvrer. Elle devait se battre pour le faire tourner et elle devait prendre soin en enfonçant sa pagaie d'un côté de se pencher de l'autre pour contrebalancer l'effet et empêcher l'ik de se mettre à tourner en rond.
    Elle pagayait

Weitere Kostenlose Bücher