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Ma mère la terre - Mon père le ciel

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Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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dernière poussée de sa pagaie se laissa porter par une vague pour atteindre le rivage. Il sauta lentement hors de son embarcation qu'il saisit à deux mains pour la soustraire au reflux.
    — Kayugh ! cria la voix d'Oiseau Gris.
    Kayugh se rembrunit. Oiseau Gris était toujours pressé d'apporter de mauvaises nouvelles. Peut-être Amgigh était-il mort.
    Kayugh détacha ses armes et ses provisions du fond de l'ikyak et les posa sur la plage.
    Oiseau Gris vint s'asseoir à côté de lui.
    — As-tu retrouvé cette île ? demanda-t-il.
    — Oui, dit Kayugh en retirant son chigadax pour le poser sur l'ikyak afin de l'inspecter et de voir s'il n'y avait pas d'accroc.
    — La baleine était-elle toujours là ainsi que le vieil homme?
    — Oui, répondit encore Kayugh.
    — L'as-tu tué ?
    — Pourquoi l'aurais-je fait? Il m'a laissé me reposer dans son ulaq. Il m'a donné un morceau de baleine pour vous le rapporter.
    — Est-il seul sur cette plage ?
    N'ayant pas trouvé d'accroc au chigadax, il le posa sur le reste des provisions. Il le graisserait plus tard, il n'y avait pas de traces d'humidité dans les coutures qui pouvait le faire moisir. Il se pencha sur l'ikyak pour vérifier les coutures des peaux de lion de mer. Les questions d'Oiseau Gris commençaient à l'agacer et, pour une raison inconnue, il répugnait à l'idée de lui parler de Chagak.
    — Ce vieil homme est un shaman, dit-il sèchement, puis il demanda : mon fils est-il encore en vie?
    Oiseau Gris haussa les épaules.
    — Les femmes n'ont pas encore entonné de chants de mort.
    — Et Coquille Bleue, t'a-t-elle donné un fils ?
    — Pas encore.
    Bonne et mauvaise nouvelles, pensa Kayugh, mais il se sentit libéré d'une certaine tension. Il retourna l'ikyak pour inspecter la coque. Il ne trouva aucune déchirure et prit un morceau de graisse de sa réserve pour en couvrir les coutures.
    — Où est Longues Dents ? demanda-t-il.
    — Nous avons trouvé une cave, un peu plus loin dans les collines. Les femmes y ont installé un abri. Longues Dents et moi avons pris un tour de garde pour surveiller la mer en attendant ton retour et afin que tu ne penses pas que nous étions partis.
    Kayugh avait terminé le graissage de son ikyak. Il ramassa son harpon, son chigadax et l'estomac de phoque contenant la viande de baleine et plaça le tout sur ses épaules en disant :
    — Conduis-moi à cette cave. Je vous raconterai ce que j'ai trouvé et nous déciderons ce que nous devons faire.
    — J'espère qu'il ne reviendra pas, dit Chagak.
    — Il n'est pas bon pour nous d'être seuls, répondit Shuganan. Que ferais-tu s'il m'arrivait quelque chose? Tu ne pourrais chasser et en même temps t'occuper de Samig.
    Chagak entoura le bébé de ses bras et se mit à se balancer. Ses mouvements éveillèrent l'enfant et aussitôt il se mit à téter.
    — Ce sont des gens de la même tribu que la tienne, reprit Shuganan. Ils parlent la même langue.
    — Bien sûr, soupira Chagak.
    Elle s'efforça de se souvenir des nombreuses joies qu'elle avait connues en vivant au village de son peuple et essaya de se dire que ce ne serait pas différent, mais un esprit malin sembla lui apporter des doutes. S'attendraient-ils à vivre dans l'ulaq de Shuganan? Les femmes lui diraient-elles ce qu'elle devait faire ? Chagak était devenue une femme maintenant, avec un bébé à elle. Mais elles étaient trois et elle était seule.
    — Quels sont tes projets pour les Chasseurs de Baleines ? demanda-t-elle.
    — Nous devons aller les voir. Nous parlerons à Kayugh des dangers qui l'attendent ici. Ce sera alors à lui de décider s'il doit rester ou partir.
    — Dans ce cas, ils s'en iront peut-être.
    Mais Shuganan s'entêta :
    — Peut-être choisiront-ils de venir avec nous chez les Chasseurs de Baleines.
    — Ils ne sont que trois, expliqua Kayugh. Le vieil homme et sa petite-fille, elle a un fils.
    Ils étaient assis en cercle devant la caverne. Un feu brûlait au centre et les enfants étaient assis avec les adultes, même le bébé de Kayugh. Ses mains et son visage étaient froids quand il les toucha, bien que Coquille Bleue les eût enveloppés dans une fourrure.
    Il faisait encore jour mais, avec l'ombre de la caverne et les craquements du feu, on se serait cru en pleine nuit, ou peut-être par une sombre soirée d'hiver, moment opportun pour raconter des histoires.
    — Nous pouvons tuer le vieil homme et l'un de nous prendra sa femme comme épouse,

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