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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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soleil durant les courtes nuits d'été. Mais ici, si elle marchait jusqu'à l'extrémité de la baie, il n'y aurait rien entre elle et le soleil à l'exception de la mer.
    Elle prit ses pinces en bois, faites de roseaux verts tressés, et retira une pierre du feu. Elle la souleva pour la mettre dans la marmite en avançant lentement afin que si elle laissait tomber la pierre en faisant un faux pas, elle ne risque pas de marcher dessus.
    Elle lâcha la pierre dans la marmite. L'huile et l'eau frissonnèrent et firent quelques bulles. Si les feux brûlaient toute la nuit, il y aurait une épaisse couche d'huile à la surface de chaque marmite le matin. Chagak l'enlèverait et la verserait dans un panier pour la faire refroidir.
    Ceci fait, tout morceau de sable ou miette de viande pouvant faire rancir l'huile tomberait au fond. Chagak écumerait le dessus et le placerait dans un estomac de phoque pour servir de graisse pour les boyaux, et même pour imperméabiliser les coutures des iks et des ikyan.
    Chagak revenait vers le feu quand elle vit une ombre se profiler dans l'obscurité près de l'ulaq. Sa première pensée fut qu'il s'agissait d'esprits de la nuit et elle fit appel à voix basse à l'esprit de la loutre et saisit dans sa main l'amulette du shaman, mais au même moment Kayugh apparut dans la lumière.
    Elle éprouva un instant de soulagement, vite remplacé par la soudaine frayeur que Shuganan l'ait autorisé à passer la nuit avec elle. Muette de terreur, elle ne put proférer un seul mot.
    Elle tenait les pinces entre eux comme si c'était une protection. Il ne fit aucun geste mais s'accroupit devant le feu en regardant les flammes. Chagak jeta une autre pierre chaude dans la marmite.
    Quand elle revint près du feu, Kayugh se leva. Un brusque tremblement agita les mains de Chagak et elle se retourna en prétendant s'occuper de Samig.
    — Tu as un fils, dit Kayugh en s'approchant pour écarter les couvertures. C'est un bel enfant, sain et gras.
    — Un jour il sera chasseur, affirma Chagak, ce qui était la réponse habituelle d'une mère recevant ce genre de compliment.
    — Où est ton mari ?
    — Il est mort, répondit Chagak d'un ton abrupt.
    Avec Shuganan ils avaient décidé de raconter la même histoire aux Chasseurs de Baleines. Elle espérait que c'était ce qu'il avait dit à cet homme.
    — Je suis navré de l'apprendre.
    — Son nom était Traqueur de Phoques. C'était un homme courageux, dit Chagak qui fut surprise de sentir des larmes lui monter aux yeux, mais il semblait que ses paroles faisaient de Traqueur de Phoques le véritable père de Samig.
    Kayugh caressa la tête de l'enfant, sa main s'attardant sur sa fontanelle.
    — Tu dois être fière de ton fils, dit-il en levant les yeux pour rencontrer le regard de la jeune femme.
    — Oui, murmura-t-elle en baissant les yeux, la frayeur la saisissant de nouveau à la gorge.
    — J'ai dit à ton grand-père que j'allais surveiller les feux afin que tu puisses te reposer.
    Chagak le regarda avec surprise. Shuganan l'avait aidée à dépecer la baleine car la mer aurait pu entraîner l'animal. S'il y avait eu une autre femme, Shuganan ne l'aurait aidée que dans le dépouillement et le découpage des gros os. Pourquoi ce chasseur offrait-il son aide ?
    Mais la loutre parut lui murmurer à l'oreille :
    « Peut-être en veut-il une partie pour l'emporter dans son village. »
    — Tu devrais dormir, dit Chagak. Tu as navigué dans ton ikyak toute la journée. Shuganan viendra prendre ma place.
    — C'est un vieil homme. Il a besoin de plus de sommeil que toi ou moi.
    — Je vais dormir un moment, puis je reviendrai, décida-t-elle.
    Elle resta debout tandis que l'homme se servait des pinces pour ajouter une pierre brûlante dans la marmite. Puis elle se baissa pour prendre son bébé et se diriger vers l'ulaq.
    — Il m'a proposé de venir dormir, dit Chagak à Shuganan, en suspendant le berceau de l'enfant à une poutre au-dessus de sa couche.
    Puis elle revint au centre de l'ulaq et s'installa près du vieil homme.
    — Aurais-je dû rester avec lui ?
    — Non, dit Shuganan. Il voulait que je te parle.
    Chagak avait été surprise de voir le vieil
    homme encore éveillé en entrant dans l'ulaq, mais maintenant elle joignit ses mains avec appréhension en demandant :
    — Il veut partager ma couche ?
    Shuganan se mit à rire.
    — Quel homme ne le désirerait ? Mais non, ce n'est pas ce qu'il m'a demandé. Il m'a parlé

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