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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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bruit du vent et de la mer, mais elle accueillit cet homme avec un sourire en se rappelant que la plupart des femmes seraient fières de pouvoir s'entretenir avec un aussi vaillant chasseur.
    Elle posa ses sacs de bruyère par terre et souleva son suk. Le vent parut froid sur son ventre et elle frissonna. Kayugh se pencha sur son fils et le bébé lâcha le sein de Chagak. Tout d'abord, elle crut entendre le cri de Samig protestant contre le froid, mais elle vit la bouche d'Amgigh s'arrondir et entendit le rire de Kayugh, les deux sons se mêlant en une même note, rappelant un chant de chasseur.
    Elle vit les larmes rouler sur les joues de Kayugh:
    — Il crie ! fit-il sur le ton d'un père annonçant fièrement le premier exploit de son fils.
    Oui, pensa Chagak en regardant l'enfant. Il avait vraiment l'air un peu plus fort, ses bras et ses jambes n'étaient plus aussi maigres et, pour la première fois depuis qu'elle s'occupait de l'enfant, elle sentit naître l'espoir qu'il pourrait vivre... Cependant, bien qu'elle éprouvât quelque chose qui ressemblait à de la joie, elle sentit aussi une crainte, si jamais l'enfant devait mourir, sa mort serait beaucoup plus difficile à accepter.
    Mais elle s'efforça de sourire à Kayugh et, à sa surprise, il l'aida à baisser son suk, puis il ramassa les deux paniers de bruyère et ensemble ils retournèrent à l'ulaq.
    Dans la soirée, le repas terminé, Chagak s'assit avec les femmes, un matelas tressé sur les genoux. Elle avait l'intention de finir les angles, mais elle était si fatiguée qu'elle avait de la difficulté à remuer les doigts. Le bruit des voix venait de toutes les directions et elle aurait souhaité que l'ulaq de Kayugh soit terminé pour être à nouveau seule avec Shuganan afin de s'occuper des deux enfants en toute tranquillité, les murs épais de l'ulaq estompant le bruit du vent et de la mer.
    Les hommes étaient sortis de l'ulaq après le repas, mais ils seraient bientôt de retour et Chagak devrait offrir un petit surplus et de quoi se rafraîchir. Ce n'était pas une nuit où Chagak pourrait s'excuser pour se retirer et aller dormir de bonne heure. Elle regarda les bébés, tous deux dormaient.
    Quand elle était dans l'ulaq, elle entourait les enfants d'une fourrure plus légère et relevait son suk. En réalité, Samig n'avait pas besoin d'être couvert, mais le fils de Kayugh ne dormait pas bien s'il n'était pas au chaud.
    Petit Canard était assise à côté d'elle, la petite Baie Rouge sur ses genoux, Nez Crochu étant installée un peu plus loin. Soudain, Premier Flocon se glissa à l'intérieur de l'ulaq. Il vint se planter devant Nez Crochu et énonça en désignant Chagak du doigt :
    — Ton mari, Shuganan, a dit qu'il nous raconterait des histoires, ce soir.
    Chagak s'en réjouit. Il n'y aurait pas une longue soirée ennuyeuse, les hommes se plaignant des enfants réunis dans ce lieu si étroit, Chagak s'efforçant de faire plaisir à tout le monde tout en s'occupant des bébés. Il ne serait plus nécessaire de tenir un repas prêt pour le retour des hommes, il suffirait d'entretenir les lampes et ensuite il n'y aurait qu'à écouter le conteur.
    Longues Dents arriva le premier et prit place entre Nez Crochu et Petit Canard. Il ébouriffa les cheveux de Premier Flocon. L'enfant saisit la main de Longues Dents et grogna comme une loutre. Longues Dents échangea un regard avec Nez Crochu et se mit à rire. En interceptant ce regard, Chagak eut l'impression d'être une intruse et baissa la tête, en feignant de s'intéresser à son jupon.
    Shuganan et Oiseau Gris descendirent ensemble dans l'ulaq. Chagak avait espéré que Shuganan s'assiérait à côté d'elle, mais il s'installa près de Longues Dents et les deux hommes parlèrent de la construction du nouvel ulaq.
    Kayugh arriva le dernier. Il prit place près de Chagak et la regarda soigner son fils. Sachant la gratitude qu'elle lirait sur son visage, Chagak n'osa pas lever les yeux.
    Mais bientôt Baie Rouge réclama l'attention de son père et grimpa sur ses genoux. Chagak commença, alors, à se poser des questions à propos de cet homme qui s'intéressait à sa fille autant que la plupart des hommes à leurs fils. Un homme qui n'avait pu laisser mourir son nouveau-né privé de mère.
    Assise sur les talons, les genoux levés, un bébé dans chaque bras, Chagak cajola les enfants. Tous deux avaient beaucoup de cheveux, noirs et épais. Tandis qu'elle caressait la tête de

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