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Ma soeur la lune

Ma soeur la lune

Titel: Ma soeur la lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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marin, quelque chose que tu aimerais avoir.
    — Que récolterais-tu en échange?
    — De la bonne nourriture, l'honneur parmi les autres tribus, avait répondu Qakan en riant. Des femmes pour mon lit.
    Oiseau Gris avait eu un sourire contraint. Les poils de son menton s'étaient mis à trembler.
    — Peut-être, avait commencé Qakan en rassem-blant son courage, peut-être pourrais-tu me donner quelque chose.
    — Quoi?
    — Ma sœur.
    Son père s'était tourné brusquement vers lui en écarquillant les yeux.
    — Qui donnerait quoi que ce soit pour elle ? Elle n'a pas d'âme. Elle n'a même jamais connu le temps de son sang.
    — Qui le sait, en dehors de ce village?
    — Quelques rares marchands, avait répondu son père.
    Puis, les yeux sur la mer, il avait concédé :
    — Elle n'est pas laide. Combien de fourrures penses-tu pouvoir en obtenir ?
    — Dix, avait suggéré Qakan, alors qu'il pensait : peut-être même vingt.
    — Dix? Si tu en obtenais dix, je compte que tu m'en donnerais huit.
    — Huit, avait dit Qakan.
    Seulement huit, mieux qu'il avait espéré.
    Mais Amgigh était arrivé avec son offre de seize peaux et un couteau d'obsidienne.
    Qakan avait donc regardé Amgigh, Samig, Kayugh et Longues Dents s'éloigner. Oui, il s'était quand même préparé pour son troc, avait réussi à persuader Longues Dents de lui confier des hameçons et des peaux, et sa mère de lui coudre un suk en peau d'oiseau. Même Kiin lui avait donné plusieurs de ses paniers si finement tressés, et Chagak lui avait permis de prendre cinq matelas d'herbe, ceux qu'elle tissait avec des bordures à damiers foncés. Avant de partir, il prendrait le tas de peaux de phoque que Kayugh avait donné comme dot de Kiin.
    Mais il aurait beaucoup mieux valu avoir Kiin en plus de tout cela.
    16
    La dernière fois qu'il se retourna, Samig la vit. Elle se tenait sur le bord de la falaise, ses cheveux gonflés par le vent, son corps souple comme une fine ligne se détachant sur le gris du ciel.
    Garde-la en sécurité pour Amgigh, pria-t-il Tugix. Protège-la d'Oiseau Gris et de Qakan. Tout au long de cette première et interminable journée, il répéta cette prière tandis qu'il pagayait. Il poursuivit même le soir, après que Longues Dents les eut quittés et que les trois hommes eurent dressé leur campement pour la nuit sur l'île aux loutres.
    Ils tirèrent leurs ikyan en haut de la plage jusqu'à un endroit où quatre rochers formaient un cercle, puis les disposèrent en coupe-vent entre les rochers. Kayugh avait empli et allumé des lampes à huile — des lampes de chasseurs, petites et légères, taillées dans la pierre et faciles à transporter.
    Ils mangèrent de la viande de phoque fumée et de la graisse d'oie, bonne pour calmer la gorge après une journée d'eau salée. Plus tard, Kayugh étendit les nattes afin de dormir, mais Samig ne trouvait pas le sommeil; son esprit était plein de pensées pour Kiin, pour leur nuit ensemble. Elle était l'épouse d'Amgigh, mais ne l'avait-elle pas appelé époux dans ses rêves ?
    Avant de partir, Samig avait confié à Longues Dents qu'il craignait pour la sécurité de Kiin, mais l'homme s'était contenté de sourire :
    — Oiseau Gris a peur de ton père et de toi, et même d'Amgigh. Il ne fera pas de mal à Kiin. Et Qakan..., avait ajouté Longues Dents en rejetant la tête en arrière dans un grand rire. Qakan a décidé d'être marchand. Je lui ai donné dix hameçons et quelques peaux à négocier pour mon compte. Je crois qu'il prévoit de partir dans les jours qui viennent. À son retour, s'il revient, Amgigh et ton père seront déjà au village.
    Samig avait approuvé d'un signe de tête. Longues Dents avait toujours raison. Kiin était à l'abri. Pourtant, l'angoisse planait au-dessus de lui comme un esprit, torturant son âme, suggérant les diverses façons dont on pouvait blesser Kiin sans laisser de trace sur le corps, des choses qu'on pouvait faire pour détruire l'âme.
    Samig se glissa jusqu'à son ikyak et défit un paquet rangé sur le flanc. Il contenait de la graisse de phoque fondue. Samig en passa sur ses mains et ses joues, puis prit son chigadax.
    Il enduisit les coutures horizontales du vêtement, puis les bandes de boyau de graisse de phoque pour préserver leur souplesse et éviter les déchirures. Il avait des aiguilles et du fil de nerf et, à l'instar de tous les chasseurs, savait réparer son habit, mais il ne savait pas empêcher l'eau

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