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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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une grande quantité de sang bilieux et âcre, lui avait causé les pertes qui ont précédé. »
    Mort naturelle donc, n’en déplaise à la Palatine qui soutiendra toujours que Mlle de Fontanges – sa fille d’honneur – avait été expédiée ad patres par l’ingestion d’un bol de lait apporté par un domestique stipendié par Athénaïs. « Il courut beaucoup de bruits sur cette mort, au désavantage de Mme de Montespan, note de son côté Mme de Caylus, mais je suis convaincue qu’ils étaient sans fondement ! »
    1681 : Mlle de Fontanges est morte : elle avait à peine vingt ans. Athénaïs est devenue quadragénaire. Mme de Maintenon est dans sa quarante-septième année. Et c’est à quarante-sept ans qu’elle succombe : elle devient la maîtresse du Roi. « Cette dame de Maintenon, ou de maintenant, passe tous les soirs depuis huit heures jusqu’à dix heures avec Sa Majesté », observe Mme de Sévigné. 1681 : le corps d’Athénaïs commence de s’alourdir : neuf maternités et trop de sucreries. Et ce corps, le Roi le connaît trop bien, aussi va-t-il lui préférer celui de la veuve « mystérieuse et réservée ». Quant à la reine Marie-Thérèse – qui vit ses deux dernières années – elle est plus effacée, plus terne que jamais. Elle se permettra simplement cette réflexion, en apprenant qu’Athénaïs vient d’être nommée surintendante de sa maison en place de l’empoisonneuse Olympe de Soissons-Mancini :
    — Mon destin est donc d’être servie par toutes les maîtresses du Roi !
    Cette année-là verra aussi l’insolent Lauzun recouvrer sa liberté. Il avait connu onze années de Pignerol, cette citadelle où croupissait Foucquet (trop insolent, lui aussi). Onze années durant lesquelles il avait été privé de toute nouvelle, d’encre, de papier, réduit à lui-même dans un donjon où le jour n’arrivait que par la cheminée. Onze années durant lesquelles la Grande Mademoiselle, flétrie, lui était demeurée fidèle. « Sans aucun mérite, chuchotaient les mauvaises langues de Versailles, car vraiment personne n’aurait pu en vouloir à sa vieille vertu ! »
    La captivité du bouillant Lauzun s’achève d’étrange manière. Le 12 avril, le Roi-Soleil charge un sous-lieutenant de sa 1 re compagnie de mousquetaires d’aller le chercher à Pignerol et de le conduire à Bourbon-l’Archambault où il doit rencontrer Mme de Montespan. Elle fréquentait déjà Bourbon. Elle y viendra plus souvent, ensuite. Elle y mourra, même.
    On pourrait croire que l’entrevue Montespan-Lauzun fut une partie de bras de fer. Ces deux forts caractères ne s’étaient pas affrontés depuis plus d’une décennie et l’histoire a toujours prétendu qu’Athénaïs était un peu responsable de l’emprisonnement de « l’insolent petit homme ». Un tête-à-tête au cours duquel la favorite ne serait pas allée par quatre chemins :
    — Monsieur, votre liberté à condition que vous renonciez à la donation que Mademoiselle veut vous faire, du comté d’Eu, du duché d’Aumale et de la principauté de Bombes. Votre liberté si vous cédez ces terres à mon fils, le duc du Maine.
    Il faut convenir que pour le jeune Louis-Auguste, petit duc du Maine de onze ans, c’eût été un bon départ dans la vie. Mais Lauzun refusa. Avec indignation. Et il fut enfermé au château de Chalon-sur-Saône. Quelques mois plus tard, il finira pourtant par céder. Il renoncera aux biens immenses que Mlle de Montpensier lui avait donnés en vue de leur mariage.
    Cette version de l’histoire, au vu de quelques documents restés inédits jusqu’à ce jour, ne semble plus crédible. Elle est celle des détracteurs d’Athénaïs. Autrefois, ils l’allongeaient nue sur les autels malsains de Guibourg, aujourd’hui ils en font un rapace. Une très belle lettre que la maison Charavay-Castaing nous a autorisé à publier prouve que leur jugement est erroné. Cette lettre est datée de Saint-Germain, le 11 janvier 1683 ; à cette époque le marquis n’est pas encore de retour à la cour, mais il est autorisé à séjourner, à son gré, dans quelques villes de province : soit à Nevers, soit à Amboise ou à Tours ou encore à Bourges.
    Lauzun a écrit à Athénaïs pour qu’elle accélère le processus de son retour en grâce. C’est un signe : lui aurait-il accordé sa confiance si elle avait déjà tenté de le poignarder dans le dos ? Réponse de Mme de

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