Madame de Montespan
Bourbon-l’Archambault, les retrouvailles d’Athénaïs et de Lauzun. Fin septembre... Mme de Montespan arriva donc trop tard pour fermer les yeux de sa fille, Mlle de Tours, cinquième enfant qu’elle avait eu du roi Louis. Louise-Marie-Anne était en effet morte à Bourbon-l’Archambault, le 15 septembre 1681. Elle était à peine âgée de sept ans. On ignore le mal qui l’emporta, mais cela n’est pas surprenant. Ce qui ne manque pas d’être étonnant, c’est que l’on enregistre son décès au soir du 15 septembre et que, dès le 16 au matin, à Fontainebleau, Louis XIV écrivait cette lettre aux prieurs de Souvigny {40} : « Chers et bien amis, comme nous venons d’apprendre que notre très chère fille est décédée et que nous désirons qu’elle soit enterrée dans le tombeau de la maison de Bourbon, qui est dans l’église de votre abbaye, nous vous faisons cette lettre pour vous mander et ordonner très expressément que vous avez à recevoir sans difficulté le corps de notre dite fille et à le mettre dans le dit tombeau de la maison de Bourbon, ainsi qu’il est de notre intention, car tel est notre plaisir. »
Une constatation s’impose : puisque Mlle de Tours meurt à Bourbon (aujourd’hui dans l’Allier) le 15 septembre au soir et que le Roi est informé de ce décès dès le lendemain à Fontainebleau (Seine-et-Marne actuelle), si ces dates retenues par l’Histoire ne sont pas erronées, les coureurs de postes ont dû épuiser plus d’une monture !
Louise-Marie-Anne fut enterrée à Souvigny dans la nuit du 20 septembre. Son petit corps fut transporté dans un carrosse que suivait la noblesse du cru, les officiers de la garnison de Moulins, le marquis de Lévis, lieutenant de province et l’intendant, le chevalier André Jubert, marquis de Bizy et de Clère-Panilleuse, seigneur de Bouville, gouverneur des ville et château de Vernon, et allié à Colbert dont il avait épousé une nièce {41} . Une correspondance rédigée le 3 octobre 1681 par le ministre à M. de Bouville, intendant à Moulins – document qui concerne précisément la maladie de Mlle de Tours – nous en dira plus sur l’intimité qui existait entre les deux parents : « Avant de répondre à votre texte du 23 du mois passé, je dois vous dire que Mme de Montespan s’est beaucoup louée, à Fontainebleau, de l’assistance que vous lui avez rendue et de l’exécution prompte et ponctuelle de tout ce qu’elle a désiré de vous. Faites travailler vivement à l’exécution des ordres qu’elle vous a donnés et je pourvoirai à vous faire remettre les sommes que le Roi lui a accordées pour cette dépense {42} aussitôt que les ouvrages seront commencés et que vous m’aurez fait savoir les fonds qu’il faudra pour continuer. Vous devez sans difficulté faire arrêter par ma nièce toutes les parties des marchands qui ont fourni sur les ordres de Mme de Montespan et en m’envoyant un mémoire de ce à quoi monteront ces parties je vous ferai remettre les fonds nécessaires pour les faire payer. »
Louise-Marie-Anne, raconte Daniel de La Motte Rouge pour qui l’histoire du Bourbonnais n’a guère de secret, fut mise dans une petite caisse en plomb. Dessus, cette inscription : « Louise-Marie-Anne de Bourbon, fille de Louis le quatorzième, morte en 1681. » On enveloppa ses cheveux dans une toile cirée et on lui mit des bandelettes. Elle repose dans le deuxième caveau à côté du duc Charles I er , mort en 1456, de sa femme, Agnès de Bourgogne, d’Anne de Beaujeu et de Suzanne, respectivement fille et petite-fille de Louis XI, et plus récemment du prince Sixte de Bourbon-Parme mort en 1934.
Bourbon-l’Archambault : Athénaïs s’y était rendue, la première fois, en 1676. Aujourd’hui, automne 1681, elle y revient, elle y reviendra souvent {43} .
Quarante et un ans, au XVII e siècle, c’est l’automne. Et Mme de Montespan supporte mal cette saison. Elle s’alourdit. Elle s’épaissit et se plaint de « fréquents maux de tête accompagnés de vapeurs qui la dérangent un peu et lui donnent bien de l’inquiétude ». Elle s’empâte. Selon Primi Visconti, mauvaise langue italienne qui exagère toujours un peu son propos, la favorite avait pris alors tant d’embonpoint que, l’apercevant un jour descendre de son carrosse, « il put voir une de ses jambes qui était presque aussi grosse que lui ! »
Bourbon avait alors la réputation de pouvoir guérir bien
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