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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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Montespan : « Je vous assure, Monsieur, que je ne m’en tiens pas à la pitié sur ce qui vous regarde et que je suis dans une attention continuelle sur tout ce qui pourrait être bon pour vous, mais les choses ne vont pas si vite que l’on voudrait ni de la manière que l’on vous les a dites... Mme de Maintenon n’a plus besoin de secours et je ne comprends pas ce que Mademoiselle a pensé quand elle vous a mandé qu’elle souhaiterait un raccommodement, car je lui fais des avances continuelles et des civilités auxquelles elle ne répond point du tout et vous devez croire que je n’aurais pas négligé une si bonne voie si j’avais trouvé occasion de m’en servir. Je crois même vous en avoir donné une marque certaine en portant Mademoiselle à lui faire toutes les amitiés qu’elle fait et s’il se peut, quelque chose de plus. Mais la cour est présentement d’une manière différente de ce que vous l’avez vue. On songe peu à céder les uns aux autres, on craint fort de perdre ses avantages en les communiquant. Cela fait que l’on vit renfermé et fort éloigné de tout commerce. Ainsi je crois qu’il s’en faut tenir à vos premières pensées, attendre tout des soins de M. Colbert qui continue à montrer pour vous les mêmes sentiments, et de la bonté du Roi... Ne cessez pas, je vous prie, de me communiquer les vues que vous aurez sur vos affaires... car, dans l’envie que j’ai de vous servir, tous les expédients me feront plaisir. J’oubliais de vous parler des soupçons que l’on veut donner sur mes desseins. Vous me connaissez trop pour vous y arrêter. Je n’ai que trop montré le peu d’attache que j’ai aux biens, et je me trouve si peu d’intérêt personnel dans tout celui que Mademoiselle a fait à M. du Maine pour pouvoir soupçonner que j’en cherche de nouveau.
    Vous savez, vous, que je n’ai fait aucune démarche pour attirer ce qui est venu et je crois même que si l’on m’avait montré les choses comme elles étaient, l’affaire ne se serait pas faite car je n’aurais jamais consenti à vous ôter un bien.]e me serais contentée de la bonne volonté. Mais, comme il n’est pas temps de reparler d’une chose faite que pour en tirer le meilleur parti, je vous assure que je suis plus pressée par la reconnaissance que je n’aurais été par le désir. Vos intérêts me tiennent si fort au coeur... »
    Etonnant ! Voilà donc une autre légende qui semble s’effondrer. Celle qui voulait qu’Athénaïs ait tondu la laine sur le dos du célèbre cadet de Gascogne, celle qui en faisait, ni plus ni moins, un maître-chanteur. Car cette lettre n’est évidemment pas hypocrite. Oui, les intérêts de Lauzun lui tenaient à coeur ; la preuve c’est qu’il ne tardera pas, à la demande expresse de Mme de Montespan, à être inscrit pour 285 000 livres sur l’état des dépenses secrètes, à retrouver sa pension de 6 000 livres, sans compter les arriérés, soit onze ans de Pignerol qui lui seront intégralement versés !
    « Vous irez trouver Mme de Montespan, écrit le Roi-Soleil à Colbert, et après lui avoir donné la lettre que je vous envoie pour elle, vous lui expliquerez en termes honnêtes que je reçois toujours les marques de son amitié et de sa confiance avec plaisir et que je suis très fâché quand je ne saurais faire ce qu’elle désire et que je crois bien lui avoir montré assez le plaisir que j’ai à lui en faire en accordant à Lauzun ce que je viens de lui accorder. »
    La véritable réhabilitation de Lauzun, cependant, n’interviendra qu’au mois de mai 1692. Mais alors quelle réhabilitation ! Louis XIV le créera duc à la considération de la reine d’Angleterre et signera le brevet après avoir notifié : « Pour satisfaire son inclination de l’élever aux dignités convenables à sa naissance et à ses services. »
    Athénaïs avait donc eu pleinement raison d’expliquer à la Grande Mademoiselle, qui se désolait de la triste condition de son « mari », qu’à la cour, « il faut toujours prendre patience, tout vient l’un après l’autre ».
    ... Il n’empêche que le jeune duc du Maine – treize ans en 1683 ! hérita une partie de l’immense patrimoine de Mlle de Montpensier et notamment le comté d’Eu et le duché d’Aumale... les deux jolis fiefs qui avaient été, jadis, promis au turbulent Lauzun.
    C’est à la fin du mois de septembre de l’an 1681 qu’eurent lieu, à

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