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Mademoiselle

Mademoiselle

Titel: Mademoiselle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacqueline Duchêne
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confiance, sachez-le. Et puisque mon père me traite en étrangère, je ne lui ferai pas grâce d'un sol. Je refuse qu'il me gruge. Vous allez m'aider.
    — Le tort le plus visible qu'il vous ait causé, Mademoiselle, c'est la cession de Champigny. Il l'a consentie au cardinal de Richelieu quand vous aviez trois ou quatre ans. Le cardinal lorgnait cette terre parce qu'elle touchait à son domaine. Le duc, brouillé - comme souvent ! - avec la cour, pensait en cédant se raccommoder avec le pouvoir. Il accepta même la démolition de la maison.
    - C'était pourtant celle des seigneurs de Montpensier, mes ancêtres et ceux de ma mère.
    — Oui. La chapelle échappa de justesse à la destruction, parce que le pape d'alors y avait célébré la messe dans sa jeunesse. On ne pouvait prétendre qu'elle n'avait pas été consacrée... Mais, rassurez-vous, depuis plusieurs mois je m'emploie à ce qu'on vous rende Champigny. Il faudra aussi que l'héritier du cardinal, le duc de Richelieu, vous paie la reconstruction du château ou vous indemnise. On attend incessamment l'arrêt du Parlement qui le confirmera.
    - Et pour le reste ?
    - La plus grande vigilance est de mise. Dans ce compte de tutelle, les sommes enjeu sont très importantes.
     
    Au souper, Claire refusa ostensiblement de se mêler aux fous rires et aux apartés de Gillonne. Bien qu'elle n'en connût pas le contenu, elle avait été éblouie, cet après-midi de novembre, par l'arrivée du message de Gaston d'Orléans. Une lueur d'espoir dans leur prison. Un message du père, bientôt peut-être un message du roi. La délivrance enfin ! Ah, quitter Saint-Fargeau ! Recevoir enfin de Mademoiselle les récompenses qu'elle méritait pour son attachement ! Mais attention ! Elle ne devait plus semoquer d'elle avec cette diablesse de Gillonne. Elle devait afficher un dévouement sans faille.
    Jusqu'au coucher, elle ne quitta plus sa maîtresse d'un pas et fut tout sourires en passant chez elle.
    Anne-Louise se rappelait les protestations de Gillonne quand on lui avait montré sa chambre à Saint-Fargeau.
    - Je n'en veux pas. Je prétends dormir avec Mme de Frontenac. C'est ma camarade.
    Mademoiselle avait coupé court et répliqué avec la plus grande sécheresse.
    — Pas question. Mme de Frontenac dort auprès de moi. Je l'ai décidé.
    Cette nuit-là, tout excitée par l'espoir de regagner bientôt Paris, Claire fit oublier à Anne-Louise sa mélancolie de l'après-midi, l'horrible brouillard, les bois hostiles. Elles n'entendirent pas même le hululement de la chouette qui avait élu domicile sur l'une des tours de Saint-Fargeau.
    Le lendemain matin, Claire confia ses espoirs à Gillonne.
    — Vous imaginez ! Notre exil finirait, nous retrouverions les fêtes de cour dont nous sommes tant privées. Mademoiselle se moque de n'y pas assister. Elle en a tellement vu... Pour nous, c'est différent. Nous ne sommes pas blasées. Nous avons déjà manqué le sacre du jeune roi à Reims. Nous manquons les fêtes continuelles dont la Gazette de France nous rebat les oreilles, les concerts de Lully à Paris, les bals au Palais-Royal...
    - Ne vous réjouissez pas trop vite, ma belle. Nous ne sommes pas encore sortis de ce maudit château. Vous me parlez d'un message. Mais vous n'en connaissez pas la teneur. Vous me dites que Mademoiselle, après l'avoir lu, a convoqué immédiatement Préfontaine. Il s'agit donc d'argent. Eh bien, sachez que l'on fait toujours traîner les accommodements des riches. La meute des gens de loi ya trop d'intérêt. Ce n'est pas demain la veille que nous reverrons le Louvre.
    - Ah, par pitié, ne me désespérez pas !
    Gillonne ne croyait pas si bien dire. Les courriers des hommes d'affaires se multiplièrent entre Blois et Saint-Fargeau. Retard infini à donner les procurations nécessaires, refus orgueilleux d'accepter des arbitrages (« quand on est fils de France... »), la mauvaise volonté de Gaston à se soumettre aux exigences juridiques était évidente. Pendant ce temps, l'argent de sa fille restait dans ses caisses.
    Affligée par la conduite de son père, Anne-Louise demeurait taciturne et pleurait sans cesse. En désespoir de cause, Préfontaine prit les choses en main.
    — Pour les faire avancer, Mademoiselle, il faut choisir une tierce personne qui puisse défendre vos intérêts tout en conservant la confiance du duc.
    Il avait raison.
    Par malchance, son choix se porta sur Mme de Guise.
    — Elle est toute désignée

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