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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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centurion a reculé.
    « Qui t’a entraîné à agir ainsi contre la loi ? Donne-moi les noms de ces délateurs, de ces menteurs ! Tu connais les rescrits de Trajan ? Il ne peut y avoir de dénonciations anonymes. L’aurais-tu oublié ?
    — Les chrétiens sont les ennemis de Rome, a marmonné le centurion. Ce sont des impies, des athées. Ils attirent le mal. Ils rejettent et méprisent les dieux qui protègent l’Empire. Tu le sais bien, Julius Priscus. Tu n’ignores pas ce que pense et veut notre empereur. »
    Derrière le centurion j’apercevais tous ces visages que la haine déformait. C’était ceux que j’avais vus sur les gradins de l’amphithéâtre, à Capoue. Qui avaient de leurs cris excité le taureau noir pour qu’il éventre la jeune femme nue.
    J’ai hurlé :
    « Ceux qui ne respectent pas les lois de Rome seront châtiés ! Et c’est moi, Julius Priscus, qui livrerait leurs noms à l’empereur lui-même pour que nul ne puisse échapper au supplice. »
    J’ai posé ma main sur l’épaule du centurion.
    « Centurion, ai-je martelé d’une voix forte afin que chacun m’entendît, je t’ordonne de te saisir des esclaves qui se sont rebellés, qui ont envahi cette cour, qui méritent pour cela la torture et la crucifixion. »
    La foule, comme un grand corps que la fièvre envahissait, a commencé à trembler, puis a reflué, et alors que la pénombre n’avait pas encore fini d’envahir la cour, je n’eus plus en face de moi que les quelques soldats rassemblés autour de leur supérieur.
    J’ai appelé Sélos.
    Il s’est avancé.
    Jamais il ne m’avait semblé marcher aussi droit, le visage aussi radieux.
    J’ai su qu’il espérait le martyre.
    « Fais donner du vin aux soldats et au centurion », ai-je dit.
    Je me suis éloigné, mais, avant de quitter les lieux, j’ai lancé :
    « Pour cette fois, j’oublie… »
    Le centurion s’est incliné.
    « Fais comme moi », ai-je ajouté.
    J’ai baissé la tête.
    Jusqu’à quand les hommes voudraient-ils la mort d’autres hommes ?

 
     
22
    J’avais sauvé la chair des chrétiens. Mais Eclectos m’a dit :
    « Nous restons prisonniers de ce monde. Crois-tu que nous nous en réjouissions ? »
    Il se tenait en face de moi dans la bibliothèque, ses mains décharnées serrant son grand bâton. Les manches de sa tunique avaient glissé, laissant apparaître ses avant-bras grêles.
    Il m’est apparu encore plus maigre, encore plus frêle, comme si, en quelques jours, son corps avait pu se dessécher, sa peau jaunir, ses yeux s’enfoncer tout en restant brillants, mais comme si la fièvre le consumait et les éclairait.
    Près de lui se tenaient Sélos et Doma.
     
    Je me suis avancé. Je les ai dévisagés. Eclectos et Sélos ont soutenu mon regard sans ciller. Mais Doma a baissé les yeux.
    J’ai saisi son poignet et attiré son corps, le retournant, le forçant à appuyer son dos contre ma poitrine, ses cuisses contre mon sexe.
    J’ai plaqué mes mains sur ses seins. J’ai senti dans mes paumes le battement du sang, sa chaleur.
    « La vie est faite pour la vie, ai-je dit. La louve a allaité Remus et Romulus. Doma doit nourrir des enfants. » J’ai pressé sa poitrine.
    « Son corps le demande. Ne le vois-tu pas, Eclectos ? Moi, je le sens. Pourquoi votre Dieu vous aurait-Il créés si c’est pour que vous priiez en sorte d’être suppliciés, réduits par les crocs des bêtes à de la chair morte, à ce que votre Ignace appelle le "froment de Dieu." Christos vous a-t-il fait naître pour que vous mourriez immolés, égorgés comme des moutons ? » J’ai repoussé Doma.
    « Il n’est pas un seul Dieu qui veuille que meurent ses disciples. Si votre Christos le souhaite pour vous, pourquoi ne pas vous ouvrir vous-mêmes les veines, vous fracasser la tête en vous jetant dans quelque abîme ? Pourquoi laisser à d’autres le soin de vous torturer, de vous crucifier ? » Je me suis approché d’Eclectos. « Tout le monde vous hait », ai-je dit. Il a levé la main, les doigts écartés. « Tu as lu la lettre d’Ignace, Priscus ? Souviens-toi, il écrit : "Le christianisme devient une œuvre d’éclat quand on est haï du monde. Dieu nous a choisis pour que, par notre martyre, nous montrions la force que Christos nous donne. Nous supportons le fer, la flamme et la croix. Nous proclamons ainsi notre foi dans la résurrection." » Je me suis détourné.
    « Tu as entendu ce que

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