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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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m’assura :
    — Elle te sera attribuée dès notre retour à
Khanbalik. Tu choisiras alors d’en faire, à ta guise, une esclave ou une
compagne. C’est le cadeau que je t’offre pour te récompenser de ton aide. Tu
m’as permis de me rendre maître de Manzi...
    — Merci, merci beaucoup, Sire, du fond du
cœur ! Hui-sheng vous en sera reconnaissante, elle aussi. Quand
rentrons-nous à Khanbalik ? Bientôt ?
    — Nous quitterons Xan-du dès demain. Ton ami Ali
Baba est au courant. Il est probablement déjà dans vos appartements en train de
préparer les bagages, à l’heure qu’il est.
    — Pourquoi ce départ précipité, Sire ?
Serait-il arrivé quelque chose ?
    Il sourit de nouveau, plus rayonnant que jamais.
    — Tu n’as pas réagi lorsque j’ai parlé de
Manzi ? Un messager vient de m’en apporter la nouvelle, depuis la
capitale.
    Je sursautai.
    — L’empire Song est tombé !
    — Le Premier ministre Ahmad l’affirme, oui. Une
compagnie de hérauts han arpente actuellement les rues de Khanbalik pour
annoncer l’arrivée imminente de l’impératrice douairière Xi-chi, qui vient en
personne signifier l’allégeance de son empire et nous remettre son sceau
impérial, tout en livrant son auguste personne. Ahmad, qui est mon vice-régent,
pourrait la recevoir. Mais je préfère m’en charger moi-même.
    — Bien sûr, Sire ! Ce sera un moment
historique. Le renversement du trône Song, la création d’une nouvelle nation
Manzi à l’intérieur du khanat...
    Il soupira d’aise.
    — Le temps commençait de plus à se rafraîchir un
peu, et la chasse en devenait moins agréable. Je vais donc aller cueillir, pour
changer, le trophée d’une impératrice.
    — J’ignorais que l’empire Song était gouverné par
une femme.
    — Elle n’est en fait que régente, mère de
l’empereur mort encore jeune il y a quelques années, qui n’a laissé que des
héritiers en bas âge. Xi-chi, malgré son âge avancé, tenait les rênes en
attendant que son premier petit-fils fût en âge de régner. Allons, Marco,
prépare-toi à monter en selle. Je rentre à Khanbalik régner sur un khanat
étendu. Quant à toi, tu te prépares à t’enraciner dans le pays. Que les dieux
nous donnent à tous deux la sagesse nécessaire.
    Je filai vers ma chambre et explosai :
    — J’ai des nouvelles fantastiques !
    Ali Baba était obligeamment en train de rassembler les
affaires de voyage que j’avais emportées à Xan-du et quelques objets acquis sur
place, telles les défenses de mon premier sanglier, qu’il se préparait à
enfourner dans nos sacs de selle.
    — Oui, je suis au courant, fit-il sans montrer
grand enthousiasme. Le khanat est dorénavant plus grand que jamais.
    — Quelque chose d’encore plus ahurissant que
cela ! J’ai rencontré la femme de ma vie !
    — Attendez, laissez-moi deviner. Vous avez reçu
il y a peu une véritable procession de jeunes créatures, ici...
    — Tu ne trouveras jamais, l’interrompis-je en
jubilant.
    Et je me mis à lui louer de façon exaltée les charmes
de Hui-sheng. Mais je ne tardai pas à freiner mon torrent de paroles,
remarquant qu’Ali ne communiait pas avec ma joie.
    — Oh là, mais tu as l’air étonnamment lugubre,
mon vieux compagnon. Qu’est-ce qui t’abat ainsi ?
    — Ce messager de Khanbalik, marmonna-t-il, était
porteur d’autres nouvelles, hélas moins réjouissantes...
    Je le regardai plus attentivement. S’il y avait eu un
menton sous cette barbe grise, je l’aurais vu frissonner.
    — Quelles autres nouvelles ?
    — Le messager a déclaré qu’en quittant la ville
il avait été intercepté par un de mes artisans, qui tenait à ce qu’on me
prévienne que Mar-Janah était partie.
    — Comment cela ? Ton excellente épouse,
Mar-Janah, partie ? Et partie où ?
    — Je n’en ai pas la moindre idée. Mon magasinier
a dit que, quelque temps auparavant – il y a peut-être un mois de cela ou un
peu plus –, deux gardes du palais avaient demandé où se trouvait l’échoppe de kashi. Mar-Janah était partie avec eux, et plus personne depuis n’a eu de ses
nouvelles ni ne l’a revue. Les employés sont donc un peu désorientés, et leur
désarroi est total. L’homme n’en a pas révélé plus au messager.
    — Des gardes du palais, dis-tu ? Ce devait
être une mission officielle. Je vais courir voir Kubilaï et l’interroger à ce
sujet...
    — Il affirme ne rien savoir de cette affaire.

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