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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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laissent-ils la tempête se calmer
plutôt que de la rendre plus pénible.
    Simple rappel du fait que, lorsqu’ils faisaient preuve
de candeur, les Han y mêlaient toujours une certaine ingéniosité. En tout cas,
quelle qu’ait été l’influence du bateau de sacrifice en papier, la tempête se
calma rapidement, et, quelques jours plus tard, nous abordions à Qin-huang-dao,
la cité côtière la plus proche de Khanbalik. De là nous procédâmes vers
l’intérieur, avec un petit convoi de chariots pour transporter nos biens.
    Quand nous arrivâmes au palais, Hui-sheng et moi
allâmes sans attendre saluer d’un ko-tou le khakhan. Une fois parvenu
aux appartements royaux, je notai que les anciens majordomes et les vieilles
servantes naguère affectés au khakhan avaient cédé la place à une demi-douzaine
de jeunes pages, tous sensiblement du même âge, d’une beauté remarquable et
aussi clairs de cheveux que de regard, caractéristiques passablement
inhabituelles qui n’étaient pas sans rappeler ces tribus de l’Inde aryenne qui
prétendaient descendre des soldats d’Alexandre. Je me demandai si Kubilaï, sur
ses vieux jours, n’était pas en train de développer une affection perverse pour
les jeunes garçons, mais je n’y attachai pas plus d’attention. Le khakhan nous
accueillit avec chaleur, et nous échangeâmes des condoléances pour la perte de
son fils, mon ami Chingkim. Puis il enchaîna, soudain épanoui :
    — Je dois à nouveau te féliciter, Marco, pour le
splendide succès de ta mission à Manzi. Et tu n’as pas prélevé le moindre tsien de tribut personnel durant toutes ces années, à ce que j’ai vu ?
J’étais sûr que non. Mais c’est ma faute. J’ai omis de te dire, avant que tu
t’en ailles, que par principe le collecteur d’impôts n’est jamais appointé, car
il se paie en prélevant environ un vingtième de ce qu’il récolte. Cela ne fait
que stimuler la diligence qu’il y met. Je n’ai certes pas à me plaindre de la
tienne ! C’est pourquoi, si tu veux bien t’adresser au ministre Lin-ngan,
tu verras qu’il a, durant tout ce temps, fait mettre de côté ta part qui se
monte à présent à une somme respectable.
    — Respectable ! m’étranglai-je. Mais, Sire,
ce doit être une véritable fortune ! Je ne puis l’accepter. Je n’ai pas
œuvré par appât du gain, mais pour la satisfaction de mon seigneur le khan.
    — Raison de plus pour que tu la mérites, en ce
cas.
    J’ouvrais la bouche pour protester de nouveau, mais il
ordonna sévèrement :
    — Je ne tolérerai aucune discussion là-dessus.
Cela dit, si tu tiens à me démontrer ta gratitude, il est une nouvelle charge
que tu pourrais accepter.
    — Ce que vous voudrez, Sire ! tonnai-je,
encore sous le coup de la surprise qu’il venait de me causer.
    — Mon fils et ton ami, Chingkim, aurait
par-dessus tout aimé découvrir la jungle de Champa, mais il n’y est jamais
allé. J’ai plusieurs messages pour l’orlok Bayan, actuellement en
campagne sur la terre d’Ava. Ce ne sont que des communications de routine, rien
d’urgent, mais elles pourraient te donner l’occasion d’accomplir ce voyage que
Chingkim n’a pu mener à bien. Ton départ, en se substituant à son rêve
inassouvi, serait sans doute une douce consolation pour son âme.
Partiras-tu ?
    — Sans hésitation ni délai, Sire. Y a-t-il autre
chose que je puisse faire quand j’arriverai là-bas ? Des dragons à
occire ? Une princesse captive à délivrer ?
    Je ne plaisantais qu’à moitié. Il venait de faire de
moi un homme puissant. Il mâchonna d’un air approbateur, mais avec un fond de
tristesse :
    — Rapporte-moi un petit souvenir. Du genre de
celui qu’un fils aimant aurait rapporté à son vieux père.
    Je promis de chercher quelque chose d’unique, que
personne n’aurait encore vu à Khanbalik, et Hui-sheng et moi partîmes. Nous
passâmes ensuite saluer mon père, qui nous embrassa tous deux et pleura un peu
de joie, jusqu’à ce que je fasse cesser ses larmes en lui expliquant de quelle
munificence j’avais bénéficié de la part du khakhan.
    —  Mefè ! s’exclama-t-il. Ce n’est pas
un si mauvais os à ronger ! Je me suis toujours considéré comme un
brillant homme d’affaires, mais je vais finir par croire, Marco, que tu
pourrais vendre du soleil en plein mois d’août, comme on dit sur le Rialto.
    — Tout est l’œuvre de Hui-sheng, insistai-je en
lui caressant affectueusement

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