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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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le bras.
    — Ma foi..., fit mon père, pensif. Tout cela... en
plus de ce que la Compagnie a déjà renvoyé à la maison par la route de la
soie... Marco, il serait peut-être temps de songer à rentrer nous-mêmes à la
maison.
    — Quoi ? m’écriai-je, stupéfait. Enfin,
père, tu as toujours tenu un tout autre langage. L’homme digne de ce nom est
chez lui dans le monde entier. Du moment que nous continuons à prospérer ici...
    — Mieux vaut l’œuf aujourd’hui que la poule
demain.
    — Mais nos projets se présentent sous les
meilleurs auspices. Ne sommes-nous pas toujours dans les bonnes grâces du
khakhan ? L’empire qui nous est offert n’a jamais été aussi prospère et il
n’attend que nous. Oncle Matteo est bien soigné, et...
    — Matteo a pris quatre ans de plus et se fiche
pas mal de là où il est. Mais j’approche de mes soixante ans, et Kubilaï en a
au moins soixante-dix.
    — Tu m’as l’air loin d’être sénile, père. Quant
au khakhan, il accuse son âge, c’est vrai, ainsi qu’un certain découragement.
Mais qu’est-ce que cela change ?
    — As-tu pensé à ce que tu deviendrais s’il venait
à décéder ? Justement parce que tu es dans ses bonnes grâces,
d’autres sont jaloux de nous. C’est encore latent, mais que ces mains
protectrices viennent à nous manquer et les ennemis se manifesteront au grand
jour. Lors des funérailles du lion, les rats se mettent à danser. Il ne
manquera pas de se produire une vigoureuse résurgence de ces factions
musulmanes qu’il a supprimées, et, crois-moi, ces gens ne nous portent pas dans
leur cœur. Ai-je besoin de mentionner la forte probabilité de troubles plus
violents encore, d’ici jusqu’au Levant, s’il devait y avoir une guerre de
succession ? Je ne cesse de me féliciter d’avoir pris soin, durant ces
années, d’envoyer tous nos bénéfices en Occident, à notre oncle Marco de
Constantinople. Je ferai de même avec la fortune que tu nous apportes. Car,
crois-moi, tout ce que nous pourrions encore accumuler ici ne sortirait plus du
pays dès la mort de Kubilaï.
    — Y aurait-il vraiment de quoi grincer des dents
si cela arrivait, père, si l’on considère la fortune que nous avons déjà extraite
de Kithai et de Manzi ?
    Il secoua sombrement la tête.
    — Et à quoi nous servirait-elle, cette fortune
amassée en Occident, si nous sommes bloqués ici ? Et si nous y
mourons ? Suppose un instant que, de tous les prétendants à la succession
du khanat, ce soit Kaidu qui l’emporte !
    — Il est vrai que nous serions en danger,
reconnus-je. Mais cela justifie-t-il que nous abandonnions le navire dès
maintenant, pour ainsi dire, alors qu’il n’y a encore aucun nuage dans le
ciel ?
    Avec un certain amusement, je me rendis compte que,
comme souvent en présence de mon père, je m’étais mis à parler comme lui, par
paraboles et métaphores.
    — Le pas qui franchit le seuil est toujours le
plus dur à faire, plaida-t-il. Quoi qu’il en soit, si tu te fais tirer
l’oreille parce que tu t’interroges sur le sort réservé à ta douce compagne ici
présente, j’espère que tu ne crois pas une seconde que j’envisage son abandon. Sacro,
ne ! Elle pourrait constituer une curiosité à Venise durant les
premiers temps, mais elle sera entourée de l’affection de tous. Da novèlo
tuto belo [25] . Tu ne serais pas le premier à rentrer chez toi avec une femme étrangère. Je
me souviens d’un capitaine de navire qui avait ramené une épouse turque quand
il a pris sa retraite de marin. Haute comme un campanile, elle était...
    — J’emmène Hui-sheng partout où je vais,
affirmai-je en souriant. Sans elle, je serais perdu. Elle m’accompagnera dans
ce voyage à Champa. Nous n’allons même pas déballer les affaires que nous avons
apportées de Manzi. Et j’ai toujours envisagé de la ramener un jour à
Venise. Mais tu n’escomptes tout de même pas, père, que nous filions
aujourd’hui même ?
    — Oh, non. Seulement que nous y songions.
Tiens-toi prêt à partir. Garde un œil sur la poêle et un autre sur le chat. Il
va me falloir un moment pour liquider dans de bonnes conditions notre affaire
de tuiles kashi et prendre soin de maints autres détails.
    — Nous avons encore le temps. Kubilaï a l’air
vieux, mais il n’est pas moribond. S’il a encore la vivacité, comme je le
soupçonne, de s’amuser avec de jeunes garçons, il ne risque pas de passer
l’arme à gauche

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