Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
Vom Netzwerk:
haute sa lecture.

III – L’ENFANT PERDU
    « Vers la fin de l’année 1756, habitait à Saint-Malo un pauvre pêcheur nommé Marcof. Cet homme vivait seul, sans famille, du produit de son industrie. D’un caractère taciturne et sauvage, il fuyait la société des autres hommes plutôt qu’il ne la recherchait.
    Un soir qu’il était, comme toujours, isolé et morose sur le seuil de son humble cabane, occupé à refaire les mailles de ses filets, il vit venir à lui un cavalier qui semblait en quête de renseignements. Ce cavalier, qu’à son costume il était facile de reconnaître pour un riche gentilhomme, jeta un regard en passant sur le pêcheur. Puis il s’arrêta, le considéra attentivement, et, mettant pied à terre, il passa la bride de son cheval dans son bras droit et se dirigea vers la cabane.
    – Comment t’appelles-tu ? demanda-t-il en dialecte breton.
    – Que vous importe ? répondit le pêcheur.
    – Plus que tu ne penses, peut-être…
    – Est-ce donc moi que vous cherchez ?
    – C’est possible.
    – Vous devez vous tromper…
    – C’est ce que je verrai quand tu auras répondu à ma question. Comment te nommes-tu.
    – Marcof le Malouin.
    – Quel est ton état.
    – Vous le voyez, fit le paysan en désignant ses filets.
    – Pêcheur ?
    – Oui.
    – Tu es né dans ce pays ?
    – À Saint-Malo même, comme l’indique mon nom.
    – Tu n’es pas marié ?
    – Non !
    – Tu n’as pas de famille ?
    – Je suis seul au monde.
    – As-tu des amis ?
    – Aucun.
    – Alors, bien décidément, c’est à toi que j’ai affaire, dit le gentilhomme en attachant son cheval à un piquet, tandis que le pêcheur le regardait avec étonnement. Entrons chez toi.
    – Pourquoi ne pas rester ici ?
    – Parce que ce que j’ai à te dire ne doit pas être dit en plein air…
    – C’est donc un secret ?
    – D’où dépend ta fortune ; oui.
    Le pêcheur sourit avec incrédulité. Néanmoins il ouvrit sa porte, et livra passage à son singulier interlocuteur. Le gentilhomme entra et s’assit sur un escabeau.
    – Que possèdes-tu ? demanda-t-il brusquement.
    – Rien que ma barque et mes filets.
    – Si ta barque ne vaut pas mieux que tes filets, tu ne possèdes pas grand’chose.
    – C’est possible ; mais je ne demande rien à personne.
    – Tu es fier ?
    – On le dit dans le pays.
    – Tant mieux.
    – Tant mieux ou tant pis, peu importe ! Je suis tel qu’il a plu au bon Dieu de me faire.
    – Si on t’offrait cent louis, les accepterais-tu ?
    – Non.
    – Pourquoi ? fit le gentilhomme en levant à son tour un œil étonné.
    – Lorsqu’un grand seigneur, comme vous paraissez l’être, offre une telle somme à un pauvre homme comme moi, c’est pour l’engager à faire une mauvaise action, et j’ai l’habitude de vivre en paix avec ma conscience ; d’autant que c’est ma seule compagne, ajouta simplement le pêcheur.
    – Allons, tu es honnête.
    – Je m’en vante.
    – De mieux en mieux !
    – Vous voyez bien qu’il vous faut chercher ailleurs.
    – Non, j’ai jeté les yeux sur toi ; tu es l’homme qui me convient, et tu me serviras.
    – Je ne crois pas.
    – C’est ce que nous allons voir.
    Marcof était d’une nature violente. Il chercha de l’œil son pen-bas. Le gentilhomme sourit en suivant son regard.
    – Honnête, fier, brave ! murmura-t-il ; c’est la Providence qui m’a conduit vers lui !…
    Marcof attendait.
    – Écoute, reprit le gentilhomme, il est inutile que je reste plus longtemps près de toi ; je vais t’adresser une seule question. Tu y répondras. Si nous ne nous entendons pas, je partirai.
    – Faites.
    – Tu m’as dit que tu refuserais une somme qui te serait offerte pour accomplir une mauvaise action.
    – Je l’ai dit, et je le répète.
    – Et s’il s’agissait, au contraire, de faire une bonne action ?
    – Je ne prendrais peut-être pas l’argent, mais je ferais le bien… si cela était en mon pouvoir…
    – Parle net. Ou tu prendras la somme en accomplissant une œuvre charitable, ou tu refuseras l’une et l’autre. Il s’agit, je te le répète, d’une bonne action qui te rapportera cent louis. Acceptes-tu ?
    – Eh bien… dit le pêcheur en hésitant.
    – Dis oui ou non !
    – J’accepte…
    – Très-bien ! s’écria le gentilhomme en se levant, je reviendrai demain à pareille heure.
    Et sortant de la cabane, il remonta à cheval

Weitere Kostenlose Bücher