Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
d’arriver, en retard comme toujours.
    Ovide avait manqué la cérémonie, ce qui ne le dérangeait guère, mais il tenait à faire acte de présence pour ne pas subir, encore une fois, les sempiternelles remontrances de son père. De loin, il avait aperçu Marguerite Talham, facilement reconnaissable de dos grâce à sa large tresse qui descendait longuement jusqu’{ sa taille. Peu de dames se coiffaient ainsi, mais l’opulente chevelure de Marguerite était une telle tignasse qu’elle arrivait difficilement à la ramasser en chignon. Comme il était d’humeur belliqueuse, il marcha vivement pour la rattraper au moment où elle allait grimper { son tour sur l’estrade.
    — Madame Talham court après son bâtard, lui dit-il méchamment en s’approchant derrière elle subrepticement, assez pour qu’elle sache qu’il était l{, tout près d’elle.
    Marguerite étouffa un cri affolé. Rouville chercha à la coincer et la retint violemment par le bras. L’envie de faire mal à cette femme était irrépressible. Il la serra suffisamment fort pour la marquer d’une ecchymose. Il la haïssait et la désirait et à la fois. Elle fit un geste brusque pour se dégager et s’enfuit. Personne ne semblait avoir vu l’incident. Mais le notaire avait aperçu Marguerite et remarqué le mouvement brutal. Instinctivement, il voulut intervenir lorsque Julie de Rouville l’apostropha joyeusement.
    — Enfin, je vous trouve, monsieur Boileau ! N’est-ce pas encore une journée splendide et une nouvelle merveilleuse ?
    dit-elle en lui tendant timidement sa main à baiser.
    René, en galant homme, s’exécuta. Sa tentative de secourir Marguerite tomba à plat.
    — Bonjour, mademoiselle de Rouville. Je vous approuve parfaitement.
    — Allons rejoindre mon frère et votre sœur qui sont là-bas.
    René n’eut d’autre choix que de lui offrir son bras. Ovide venait de gravir la marche qui menait { l’estrade et saluait Emmélie, qui tenait toujours Melchior par la main. En levant la tête, René fut saisi par le tableau qui s’offrait {
    ses yeux. L’espace d’un instant, Ovide de Rouville s’était trouvé côte
    {
    côte
    avec
    l’enfant.
    La
    ressemblance
    était
    frappante. Les yeux du petit Melchior étaient exactement les mêmes que ceux de Rouville: des petits yeux noirs, curieusement enfoncés, donnant l’impression d’un regard de fouine.
    Bouleversé par cette révélation stupéfiante, René n’eut plus qu’une envie : disparaître. C’était donc vrai, toutes ces allusions que Rouville faisait { son sujet. Marguerite s’était offerte au jeune noble comme la dernière des gourgandines, avant de se faire épouser par le docteur Talham. Elle avait sans doute cru, sottement, que Rouville l’épouserait. Evidemment, il l’avait éconduite. Tout le reste n’avait été qu’invention, que manipulation pour arriver { sortir la tête haute de ce pétrin minable. Tant de duplicité le dégoûtait.
    — Tout va bien, monsieur Boileau ? s’inquiéta Julie qui n’avait de yeux que pour le notaire.
    René ne répondit pas. Il regardait toujours l’estrade où Marguerite et Ovide semblaient converser avec Emmélie.
    La scène lui faisait horreur, comme si, en parlant avec sa sœur au cœur noble, le couple répugnant l’éclaboussait de leurs salissures abjectes.
    Intriguée par le silence de son compagnon, Julie dirigea son attention sous le dais. L’enfant s’amusait { faire des grands signes de main et à saluer à gauche et à droite dans une parfaite imitation de Monsieur Boileau prononçant un discours. Attendrie, Julie lui envoya la main.
    — Regardez-moi ce petit bouffon, fit-elle à René.
    Melchior, hou hou !
    Les appels de Julie firent que Marguerite se retourna pour croiser le regard de René qui la dardait. Le mépris qu’elle lut dans ses yeux la renversa. Qu’avait-elle fait pour mériter tant de détestation? C’était trop dur { supporter.
    Elle chercha son mari dans la foule, pressée de se retrouver près de lui, loin de toute cette haine. «Alexandre, se dit-elle, mais où êtes-vous ? » Elle voulait partir immédiatement, se retrouver chez elle, dans son refuge, la maison du docteur qui était aussi la sienne et celle de ses enfants.
    Emmélie vit la peur dans les'yeux de son amie.
    — Marguerite, fit-elle en passant son bras sous le sien comme pour lui offrir implicitement son soutien. Où est ton mari ?
    — Je l’ignore. Je le cherche. J’en ai assez et j’aimerais bien

Weitere Kostenlose Bücher