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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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près de l’église, puis se dirigea vers la grange du presbytère pour tirer à l’extérieur la charrette du curé.
    Pendant ce temps, ce dernier rentra dans la maison pour écrire son courrier. Il prit un petit feuillet qu’il découpa pour en faire trois. Dans le premier, adressé à son confrère, il annonça l’heureuse nouvelle puis rappela qu’ils avaient convenu ensemble de faire la bénédiction pour onze heures, le matin.
    Le deuxième message était destiné à madame la baronne Grant, chez monsieur de Rouville.

    Chère madame et marraine de la nouvelle cloche paroissiale de Saint-Joseph-de-Chambly. Notre précieux trésor est arrivé à bon port. Je vous prie, madame la baronne, de bien vouloir accepter mes plus sincères salutations et vous rappeler que nous vous attendrons à onze heures, mercredi. Puis-je vous demander d'avoir l'extrême amabilité de transmettre cette bonne nouvelle à monsieur et madame de Rouville ?
    Je demeure votre humble serviteur,
    Jean-Baptiste Bédard, prêtre curé

    Le troisième message, rédigé avec quelques modifica-tions par rapport au précédent, était destiné à Monsieur Boileau. La bonne nouvelle aurait tôt fait de se répandre.

    *****
    Le jour dit, il n’y avait pas un souffle de vent. L’eau du bassin de Chambly s’étalait comme un grand miroir sous un soleil brillant, surface lisse que seules quelques embarcations troublaient.
    Assis bien droit dans un canot traversant l’étendue d’eau vers le quai de l’église Saint-Joseph, un homme { l’allure élégante qu’on imaginait plus facilement en habit de soirée qu’en soutane, méditait en attendant que le rameur le mène à bon port.
    Pour son plus grand malheur, le prêtre Pierre Robitaille possédait un joli visage qui plaisait aux femmes. Une tare, lorsqu’on choisissait de se consacrer { Dieu, qui lui avait déjà causé des ennuis et mérité des remontrances discrètes mais sévères, de l’évêque. Depuis, messire Robitaille évitait les paroissiennes trop jolies et empressées au service de la paroisse, leur préférant les douairières, sans danger pour sa vertu. Mais comme il avait un caractère affirmé et difficile à manier, il donnait malgré tout du fil à retordre à ses supérieurs.
    Pierre Robitaille avait embrassé le sacerdoce assez tard, à près de trente ans. Ce choix demeurait un mystère pour qui le connaissait. Il était doté d’une personnalité réfractaire
    { l’obéissance qu’on exigeait des prêtres et, en digne fils de marchand, il aimait brasser des affaires. Un peu trop, au goût de l’évêque. Un homme de Dieu pouvait s’intéresser aux biens de PEglise, mais son premier devoir allait à Dieu, uniquement.
    Le curé Robitaille déplorait les difficultés sans nombre que subissait son collègue messire Bédard depuis un an.
    Avec la bonne nouvelle qu’il apportait aujourd’hui, Robitaille espérait que les tourments de son confrère curé prendraient bientôt fin.
    Arrivé sur la rive dé Chambly, il retroussa sa soutane avant de débarquer sur le quai de l’église, où il fut accueilli par les hourras et les bravos d’une foule venue l’attendre en grand nombre. Messire Bédard, au premier rang, contenait
    { peine sa joie. Il l’étreignit vigoureusement, risquant de lui faire prendre un bain forcé.
    — Mon cher Robitaille ! Quel plaisir de vous avoir parmi nous pour partager ce grand moment.
    — Je suis aussi heureux que vous pouvez l’être, répondit le prêtre en s’avançant au milieu du quai. Toute cette désolation chez vous nous brise le cœur, { Pointe-Olivier.
    — Puissiez-vous dire vrai, fit René Boileau, dubitatif, qui accompagnait le curé de Chambly.
    — Vous en doutez ? dit sévèrement le curé de Pointe-Olivier.
    — Messire Robitaille, loin de moi l’intention de mettre en doute votre sincérité, mais j’ai de bonnes raisons de croire que certains de vos paroissiens ont cherché à nous nuire.
    — C’est possible, maître Boileau, il y a de méchantes gens partout. Mais croyez-moi, ils ne vous feront plus de mal à partir de maintenant, ajouta-t-il d’un ton sans réplique.
    A la vue de la foule qui l’attendait, il changea très vite de figure pour retrouver son sourire. Agglutinés en deux larges rangs malgré la canicule, les paroissiens saluaient joyeusement le curé de la paroisse voisine venu bénir leur cloche - on invitait toujours un autre prêtre pour ce faire, comme le voulait la coutume -,

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