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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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l’hôtel ce soir. La cuisine y est assez bonne.
    Talham lui baisa tendrement la main et referma la porte derrière lui, laissant Marguerite abasourdie par cette journée qui ne ressemblait { aucune autre qu’elle avait vécue { ce jour.
    « Sainte bénite ! » se dit-elle, reprenant l’exclamation préférée de sa mère. Epuisée, la jeune femme retira son manteau avant de se laisser choir sur le lit. Elle sombra dans un sommeil profond, oubliant même qu’approchait ce qu’elle appréhendait depuis plusieurs jours : la mystérieuse nuit de noces.

    *****
    — Marguerite, Marguerite ? Tout va bien ?
    Quelqu’un frappait { la porte. La jeune femme s’éveilla, l’esprit embrumé. Mais où était-elle déjà ? Ah oui ! Montréal, le truculent notaire Papineau. .
    — Marguerite ?
    Elle remit ses souvenirs en place et se leva pour ouvrir.
    — Docteur Talham ?
    — Etes-vous prête à descendre pour le souper ?
    — Je me suis endormie, s’excusa-t-elle. Je viens tout de suite.
    — Prenez le temps de retoucher votre toilette, fit-il en refermant la porte. Rien ne presse.

    Elle portait toujours les mêmes habits qu’au matin. Il y avait de l’eau dans le broc et un essuie-main posé sur la table. Marguerite toucha l’eau : elle était tiède. Après quelques ablutions, elle s’essuya le visage. Le petit miroir lui renvoya son image. Elle remit de l’ordre dans ses cheveux, décida de ne pas porter de coiffe, se pinça les joues et mordilla légèrement ses lèvres. Elle retira son mantelet et sa chemise pour ajuster sa chemisette garnie d’un col de dentelle, remit le mantelet et admira l’effet dans le miroir.
    La dentelle ivoire contrastait joliment avec la couleur foncée. Tout cela ne prit que quelques minutes et Marguerite sortit de sa chambre. Son époux l’attendait patiemment dans le corridor. Il la complimenta :
    — Vous êtes jolie comme une fleur de printemps, madame Talham.
    La jeune femme se troubla. Le docteur prononçait des mots tendres qui avaient le don de l’émouvoir. Lui aussi avait fait un brin de toilette et troqué son manteau noir pour une veste plus seyante. Elle prit le bras que lui tendait son mari.
    — Descendons.
    La salle à manger du Montréal Hôtel était située au premier étage de la maison. Au fond, un petit orchestre de trois musiciens prenait place. Marguerite reconnut un violon.
    — C’est étrange, cet autre instrument.
    — C’est un violoncelle, lui apprit Talham dans un sourire. Il accompagnera { ravir le clavecin pendant l’intermède musical. Voici notre table. Laissez-moi vous aider, lui dit-il en tirant une chaise pour qu’elle puisse s’asseoir.
    «J’adbre la musique! poursuivit-il, une fois installé. Je crois qu’elle a été inventée par les anges qui l’ont donnée aux hommes pour célébrer la gloire de Dieu. Lui seul peut inspirer cet art grandiose. »
    — C’est vrai, acquiesça la jeune femme. C’est beau lorsqu’il y a de la musique { l’église.
    — J’espère que vous pourrez vous habituer aux sons parfois discordants de mon propre violon, fit-il modestement.
    Détendue par la courte sieste et l’ambiance de l’endroit, Marguerite se sentait d’excellente humeur. Pour la première fois, elle fut portée à la confidence.
    — Moi, j’aime bien chanter, tout comme ma mère.
    — J’avais remarqué, en effet, au cours des soirées, que madame Lareau a une fort jolie voix, juste et ample.
    — Mère dit toujours qu’elle tient ça de son père, qui était marin et voyageur, expliqua Marguerite. Il paraît que mon grand-père est allé dans le pays d’En-Haut. Par là, les bons chanteurs sont un désennui.
    — Et ils rythment la cadence des rameurs, ajouta Talham en empoignant un pichet posé devant lui. Le chant semble un talent de famille, si j’en crois la jolie voix que j’ai parfois entendue chez vos parents, insinua-t-il gentiment. J’ai hâte de vous entendre à nouveau, chez nous. Un peu de vin, ma chère ?
    — Je veux bien, remercia Marguerite, terriblement gênée par tout ce que supposaient les dernières paroles du docteur sur sa nouvelle vie.
    Un serveur déposa devant eux des assiettes de soupe fumante. Qu’on puisse avoir tant d’égards envers elle l’impressionnait de plus belle. Et son époux qui l’entourait d’attentions. Il tirait sa chaise pour l’aider { s’asseoir, lui tendait la main à sa descente de carriole, lui servait du vin à table et la complimentait sans cesse. En

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