Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
campagnes.
    Mais comme Marguerite offrit { l’exubérant notaire un timide sourire qui la rendait jolie à faire damner un saint, monsieur Papineau se vit tout pardonné.
    — C’est vrai que j’ai mon franc-parler, ce qui est un fort mauvais exemple pour ma fille, comme vous le constaterez lorsque vous viendrez chez nous, madame Talham. Telle que je la connais, ma fille Rosalie sera ravie de faire votre connaissance, de même que madame Papineau.
    Par la suite, la jeune femme ne porta plus attention aux propos du notaire, occupée à découvrir la vie fascinante qui se déployait autour d’elle. Chambly lui semblait bien tranquille à côté de Montréal.
    — Laissez le passage ! hurlaient des cochers aux mar-cheurs qui encombraient la place.
    Certains étaient encore chaussés de leurs raquettes à la mode indienne avec lesquelles ils avaient traversé d’une rive
    { l’autre. La neige se mêlait { la boue, formant une gadoue brunâtre qui éclaboussait les passants au passage des chevaux, les obligeant à faire des contorsions comiques pour protéger leurs habits. Des gens entraient et sortaient des différents édifices. A l’extrémité est de la rue Saint-Paul, isolée du reste des autres constructions et faisant face au fleuve, près de la rive où les voyageurs abordaient l’île, s’élevait une majes-tueuse demeure de trois étages, percée de portes cochères et entourée d’un mur de pierres d’environ trois pieds de hauteur couronné d’une grille de fer forgé. Cet hôtel particulier surplombait le fleuve Saint-Laurent.
    — Voyez, Marguerite. C’est la demeure de Sir John Johnson, qui est déjà seigneur de Sainte-Marie et vient d’acquérir aussi de belles terres dans la seigneurie de Chambly, du côté de Pointe-Olivier.
    — Sir John possède encore de nombreuses proprié-
    tés dans le Haut-Canada, notamment dans la région de Kingston, expliqua le notaire. C’est aussi le surintendant des Affaires Indiennes et un de mes bons clients !
    — N’est-ce pas son père qui avait épousé la fameuse Iroquoise Molly Brant ?
    — Vous avez raison. Ces Johnson ne manquent pas de panache. Il leur faut une épouse à la mode du pays. Vous voyez ce que je veux dire ?
    — Eh bien, en voil{ de belles, répondit Talham d’un ton sévère. J’ai appris récemment que Johnson songeait {
    construire un manoir à Pointe-Olivier, ajouta-t-il.
    — Surveillez bien vos femmes, surtout celles du peuple, lança le notaire d’un ton étrange. Les Johnson ont une propension pour les amours ancillaires.
    Médusée, Marguerite suivait les deux hommes en écoutant cette conversation étonnante Elle n’avait jamais entendu pareils propos auparavant.
    — Que signifie « épouse à la mode du pays » ? demanda-t-elle candidement.

    — Je devrais en effet me taire, dit le notaire à Talham en aparté. J’oublie l’extrême jeunesse de votre femme'.
    — Ce sont des hommes qui ont une épouse indienne, expliqua Talham à Marguerite.
    — Il n’y a pas de mal { ça, n’est-ce pas ? Du moment qu’ils sont mariés { l’église.
    — Tout le problème est là. Généralement, ils ne se marient pas.
    — Oh ! fit Marguerite, comprenant ce que cela pouvait signifier : des enfants illégitimes, des femmes à la merci de leur protecteur.
    Le notaire s’immobilisa.
    — Nous y voil{. Comme promis, mon ami, j’ai fait préparer une carriole de louage selon vos instructions. Un deuxième cocher s’occupera de vos paquets et de la malle, soyez sans inquiétude.
    — Comment vous remercier pour votre amabilité, notaire ?
    — En vous rappelant que vous avez déjà accepté une invitation pour un souper prié dans trois jours, ajouta-t-il en saluant Marguerite d’une manière extravagante qui fit sourire à nouveau la jeune femme.
    — C’était bien aimable de sa part de nous attendre, n’est-ce pas docteur? commenta Marguerite, amusée par le curieux personnage qui avait disparu aussi vite qu’il était apparu à leur arrivée. Il me fait penser à mon oncle Boileau.
    — Le notaire Papineau est une vieille connaissance, répondit le docteur. Je l’ai soigné autrefois et depuis, nous nous écrivons { l’occasion pour échanger de nos nouvelles.
    Allez, montez, fit-il en l’aidant { s’installer dans la carriole.
    Vous devez être impatiente de vous réchauffer.

    *****

    La carriole emprunta la rue Saint-Paul en direction ouest et passa devant l’ancien château du gouverneur Rigaud de Vaudreuil,

Weitere Kostenlose Bücher