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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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elle le meilleur spécifique. Elle veut aller demain à Versailles ; la bonne dame s’écoute un peu, il faut la laisser se ménager des forces pour cette fatigante journée.
    Desrues resta seul jusqu’au soir.
    Lorsque son monde rentra, il donna d’excellentes nouvelles de la malade, fit quelques plaisanteries sur son état, et ne craignit pas d’introduire le fils de la Motte et quelques-uns des familiers de la maison dans la chambre de madame de la Motte, qui paraissait effectivement, comme il l’avait annoncé, dormir d’un profond sommeil.
    Le lendemain comme la veille, il trouva moyen d’éloigner sa femme et la servante.
    Vers les dix heures au matin, on sonna à la porte, mais la sonnette ne rendit aucun son.
    La personne qui venait rendre visite à Desrues, était une dame Hatière, femme d’un négociant de la rue des Bourdonnais, dont le mari avait vendu des marchandises à l’ex-épicier. Comme tant d’autres, ils avaient été payés en un billet de quatre mille livres, protesté et déjà renouvelé plusieurs fois. Lors de la dernière échéance, et sous prétexte d’un renouvellement, Desrues s’était emparé du titre, et depuis cette époque, jamais on n’avait pu mettre la main sur le débiteur.
    Très au fait des façons de Desrues, la dame Hatière, qui ne se souciait pas d’être jouée une fois de plus, se renseigna chez le portier qui lui certifia que Desrues était chez lui ; elle remonta donc et heurta avec tant de constance à la porte, qu’à la fin cette porte s’ouvrit, et le visage de Desrues se montra dans l’entrebâillement.
    Il grimaçait un sourire, mais sa figure était plus jaune et plus terreuse que d’habitude, la main qui s’appuyait sur le chambranle était agitée d’un tremblement nerveux. La visiteuse le remarqua et, ne pouvant supposer que ce fût sa présence qui provoquait cette émotion, elle ne put s’empêcher de dire à son débiteur.
    — On croirait que vous avez fait un mauvais coup !
    Desrues resta muet et se hâta d’introduire sa créancière ; pendant qu’il fermait la porte, elle pénétra dans le salon ; tous les meubles de cette pièce étaient dans le plus grand désordre ; à terre on voyait deux grandes malles tout ouvertes, et sur le carreau un drap de toile, à moitié cousu avec un gros fil gris.
    Desrues se hâta de satisfaire à la réclamation de la dame Hatière, et celle-ci, que ce remue-ménage avait frappée, comme l’altération des traits de l’ex-épicier, remarqua encore qu’il eut grand’peine à écrire le billet qu’elle venait lui demander, tant son agitation était grande.
    Une heure après le départ de la dame Hatière, Desrues sortit pour revenir bientôt accompagné d’un commissionnaire ; il introduisit cet homme dans la cuisine où se trouvait une grande malle qui paraissait fort lourde. Il aida le commissionnaire à la charger sur ses épaules, et sortit avec lui en ayant soin de ne point être vu par le portier.
    Arrivé près du Louvre, il rencontra sa femme, et la pria de monter chez un sculpteur de ses amis, nommé Mouchy, et de le prier de lui garder cette malle jusqu’au lendemain.
    Madame Desrues obéit à son mari ; la malle fut déposée chez Mouchy, et elle redescendit pour retrouver Desrues qui l’attendait sur la place.
    Tout en se dirigeant du côté de la rue Beaubourg, madame Desrues demanda des nouvelles de madame de la Motte. Desrues lui dit qu’elle allait si bien, qu’elle était partie le matin même pour Versailles.
    En rentrant chez elle, madame Desrues trouva le ménage fait et tous les meubles remis en place.
    Le 3 février, Desrues prétextant une affaire de haute importance, sortit de chez lui de bon matin et en grande toilette.
    Arrivé à la hauteur des rues Geoffroy-Lasnier et des Nonains-d’Hyères, il s’arrêta devant la maison dite du Plat-d’Étain, devant laquelle se balançait un écriteau portant ces mots : cave à louer ; il entra dans une des boutiques du voisinage, et s’informa du nom du propriétaire.  
    La maison appartenait à une clame Masson, femme d’un ancien greffier du dépôt civil ; il se rendit chez elle, et, se donnant le nom de du Coudray, s’annonçant comme un gentilhomme du Beauvoisis, se disant propriétaire d’une maison rue Montmartre, en face l’hôtel d’Uzès, il lui demanda de louer la cave, dont il avait besoin pour déposer du vin d’Espagne qui devait. arriver le jour même et pour lequel il n’avait plus

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