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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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vos amies, m’a prié, Monsieur, de vous remettre en confiance ce paquet en passant dans ce pays. J’ai été pour m’acquitter de cette commission ; je n’ai pas eu l’avantage de vous trouver. Comme je suis pressé de partir je vous l’envoie, et vous réitère ses instances de le garder secrètement jusqu’à ce qu’elle vous marque elle-même l’envoi qu’elle en veut faire. Elle est bien dans le chagrin. Son fils, le chevalier, a la petite vérole, jointe à la fatigue du voyage. Voilà ce qu’elle m’a chargé de vous dire.
    « J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre humble serviteur,
    « Le Marquis de Rojoire. »  
    A cette lettre on avait joint le premier sous-seing, passé entre les époux de la Motte et Desrues, et quatre billets au porteur dont chacun était de dix-neuf mille cinq cents livres.
    Cette ruse in extremis était trop grossière, elle n’abusa personne, mais motiva l’arrestation de la femme Desrues, et une seconde perquisition qui fut pratiquée au domicile de celui-ci.  
    Dans cette perquisition, on découvrit une montre d’or, que la femme et la servante de Desrues reconnurent pour avoir appartenu au jeune de la Motte, et les magistrats ne doutèrent plus qu’ils ne fussent sur la trace d’un grand crime.
    Cette malheureuse disparition, les péripéties de cette funèbre aventure occupaient tout Paris. Il est probable que les allures suspectes du faux du Coudray avaient tardivement éveillé quelques soupçons dans l’esprit de ceux qui l’avaient aidé à emménager dans sa cave, car bien avant que la justice eût songé à opérer une descente au Plat-d’Etain, le bruit s’était répandu dans Paris que madame de la Motte était enterrée dans une maison de la rue de la Mortellerie.
    Avertis par cette rumeur, les magistrats ordonnèrent une perquisition dans la cave du Plat-d’Étain. Les traces de fouilles récentes indiquèrent l’excavation que Desrues avait fait pratiquer ; aux premiers coups de pioche on rencontra le ballot. Il contenait, sous la paille qui en déguisait la forme, une espèce de cercueil fait en planches mal ajustées, dans lequel se trouvait le cadavre d’une femme, dont la tête était enveloppée dans un carré de grosse toile.
    Ce corps, bien qu’il fût dans un état de décomposition fort avancé, fut bientôt reconnu pour celui de madame de la Motte.
    Convaincus du premier meurtre, les magistrats poursuivirent activement, à Versailles, leurs investigations, certains qu’elles leur fourniraient la preuve du second. On consulta la liste des décès qui avaient eu lieu vers l’époque du voyage du jeune de la Motte dans cette ville, et, sans s’arrêter à la différence d’âge qui existait entre celui dont on cherchait les traces et la déclaration que Desrues avait donnée à la paroisse Saint-Louis, on alla droit au ménage Pecquet, qui raconta dans tous ses détails la mort du prétendu Beaupré.
    L’exhumation fut ordonnée, et le corps du jeune homme décédé rue de l’Orangerie fut reconnu comme l’avait été celui de madame de la Motte, sa mère.
    Mis tour à tour en face des restes de ses deux victimes, Desrues nia tout. — Pour l’une, il affirma plus que jamais qu’elle était vivante, qu’il l’avait vue à Lyon ; pour l’autre, il prétendit que le jeune homme était mort de mort naturelle ; que, pour échapper à la responsabilité que lui faisait encourir cet événement, il s’était décidé à cacher le décès et à faire enterrer le défunt sous un nom supposé.
    En présence des témoins qui commençaient à surgir de toutes parts, il opposa les dénégations les plus formelles à leurs allégations ; son assurance et son calme ne se démentirent pas un instant.
    On le confronta également, revêtu d’une toilette de femme, avec les témoins venus de Lyon. Aucun d’eux, et pas même madame Pourra, qui avait observé si attentivement l’originale étrangère, ne put affirmer que ce fut là la personne qu’ils avaient vue. Cependant, Desrues était trop habile pour avoir remis à une fille équivoque le soin de jouer un rôle de cette importance dans ce sinistre imbroglio, lorsque la moindre bévue de sa fondée de pouvoir pouvait lui coûter la tête, et il demeura probable qu’il s’était chargé de représenter lui-même celle qu’il avait assassinée.
    Le 28 avril, sur le rapport du conseiller d’Outrelmont, le procureur général de La Chaise lança son réquisitoire, et

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