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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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volontés de sa souveraine, ne doutant point que la plus haute faveur ne dut être la récompense de la délicate mission qu’elle lui donnait à remplir, il traita avec les joailliers, sans leur cacher que ce collier était pour la reine et en leur montrant, au contraire, le papier qui était entre ses mains.
    Les joailliers acceptèrent les arrangements qu’il leur proposa. Le 1er février, l’écrin fut porté chez madame de la Motte, à Versailles, remis par elle, en présence du cardinal, à un prétendu valet de chambre de Sa Majesté, qui n’était autre que Retaux de Villette, affublé d’une livrée royale, et l’audacieuse farce se couronna par le départ de M. de la Motte pour Londres, où il emporta cette parure qui le faisait millionnaire.  
    En possession du collier, madame de la Motte voulut davantage ; elle espéra compromettre si bien la reine et le cardinal que toute revendication deviendrait impossible, et voici ce qu’elle inventa :
    Retaux de Villette se mit de nouveau à l’œuvre ; il fabriqua de nouvelles lettres, dans lesquelles la reine disait à M. de Rohan que, ne pouvant lui donner comme elle le désirait des marques publiques de son estime, elle aurait avec lui dans les bosquets de Versailles, entre onze heures et minuit, un entretien dans lequel elle lui apprendrait ce qu’elle ne pouvait lui écrire touchant le retour de ses bonnes grâces.
    En s’avançant jusqu’à promettre un pareil rendez-vous à sa dupe, madame de la Motte n’agissait point à la légère ; elle avait sous la main une fille, nommée d’Oliva qu’elle avait rencontrée au Palais-Royal, dont la ressemblance avec Marie-Antoinette l’avait frappée, et à laquelle elle destinait le rôle de la reine, dans cet incroyable imbroglio.
    La scène se passa dans les bains d’Apollon. Mademoiselle d’Oliva, convenablement stylée, joua son personnage dans la perfection ; elle remit une rose au cardinal, qui suffoquait d’émotion ; puis, prétextant quelque bruit qu’elle entendait, elle le congédia presque aussitôt.
    Cependant le terme fixé pour le premier paiement approchait, et les joailliers s’inquiétaient. Ils voulurent, un peu tard, s’assurer que le collier était bien entre les mains de la reine ; ils s’ouvrirent à quelques personnes de l’entourage, sollicitèrent vainement une audience de Sa Majesté, et découvrirent bientôt qu’ils étaient les victimes d’une fraude insigne. Dans leur désespoir, ils ne gardèrent plus le secret que leur avait demandé le cardinal ; le bruit de cette audacieuse escroquerie ne tarda pas à se répandre et à arriver à M. le baron de Breteuil, ministre de la maison du roi.
    M. de Breteuil était l’ennemi personnel du cardinal ; il ne pouvait laisser échapper cette occasion de le perdre.
    Il eut avec la reine un entretien secret ; il lui révéla les rumeurs qui couraient sur elle, sur le cardinal, sur madame de la Motte ; il la supplia de lui dire franchement si elle avait quelque chose à craindre d’un éclat.
    La reine, forte de son innocence, répondit qu’elle ne redoutait rien de la publicité ; elle appela le grand jour sur ce qui s’était passé.
    Le 15 août, jour de l’Assomption, le cardinal, comme grand-aumônier, devait, officier dans la chapelle. Il était déjà revêtu de ses habits pontificaux, lorsqu’un huissier s’approcha de lui, et lui dit que le roi le mandait dans son cabinet.
    Le roi, la reine et M. de Breteuil étaient réunis dans cette pièce.
    Lorsque le cardinal fut entré, le roi lui dit, d’un ton fort irrité :
    — Monsieur, vous avez acheté des diamants à Boehmer ?  
    — Oui, sire, répondit le cardinal.  
    — Qu’en avez-vous fait ?  
    M. de Rohan hésita un instant.
    — Je croyais, sire, dit-il enfin, que ces diamants avaient été remis à la reine.  
    — Qui vous avait chargé de cette commission ?  
    — Une dame appelée madame la comtesse de la Motte-Valois, qui m’avait apporté une lettre de la reine, à laquelle je croyais faire ma cour en me chargeant de cette négociation.
    La reine l’interrompit brusquement.
    — Comment ! monsieur, s’écria-t-elle, comment avez-vous pu croire, vous à qui je n’adressais pas la parole depuis huit ans, que je vous choisissais pour conduire une affaire de cette espèce et par l’entremise d’une pareille femme ?  
    — Je vois bien, reprit le cardinal, que j’ai été cruellement trompé ; le désir que j’avais de

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