Métronome
que pour s’épargner les fatigues redoutables d’un nouveau déplacement en plein hiver.
Alors, accueilli avec déférence par Fulrad, le pape va s’établir quelques mois à Saint-Denis. L’abbaye voulue jadis par Dagobert est devenue riche et puissante. L’abbé Fulrad n’est d’ailleurs pas étranger à cette embellie : il s’est battu pour obtenir des privilèges fiscaux et des terres qui s’étendent maintenant jusqu’à Pantin et La Vilette. Il faut dire que, par estime pour son cher Fulrad, Pépin n’a de cesse de favoriser Saint-Denis et de repousser plaideurs et grincheux qui tentent de limiter l’extension territoriale de l’abbaye.
Où est passé le trésor de Saint-Denis ?
L’abbaye fut éventrée à la Révolution, mais les pillards se montrèrent déçus par leurs trouvailles : à peine quelques onces d’or et d’argent. Pourtant, lors d’un inventaire dressé en 1634, quatre cent cinquante-cinq objets de grande valeur avaient été dénombrés. Armes des rois anciens, couronnes rehaussées de pierreries, reliques saintes conservées dans de précieuses châsses, évangiles richement enluminés constituaient selon les documents d’époque la plus grande part de ce trésor.
Des esprit aventureux ou cupides s’imaginèrent que les richesses de Saint-Denis avaient été enfouies quelque part… En 1939, un original obstiné, qui se faisait appeler le commandant Leclerc, acheta une propriété à La Dimeresse, près de Messy, à une trentaine de kilomètres de Saint-Denis. Le commandant découvrit dans les vieux papiers de la maison un acte de vente qui attestait que le terrain avait appartenu jadis aux moines de l’abbaye. Il n’en fallut pas plus à notre homme pour se persuader que le mythique trésor était caché sous ses pieds ! Radiesthésiste lui-même, le commandant appela des confrères à la rescousse. Tous jouèrent du pendule et déclarèrent que le sous-sol était creusé de souterrains, tous détectèrent la présence en profondeur de métaux précieux…
Le commandant n’hésita pas : il fit effectuer des fouilles. En 1954, les excavations permirent de découvrir des escaliers qui pénétraient dans le sol. Les journaux s’emparèrent de l’affaire et annoncèrent la découverte prochaine du trésor de Saint-Denis… Hélas, le petit couloir que l’on découvrit menaçait de s’écrouler et tout fut rebouché à la hâte. On dit qu’au moment de mourir ; en 1961, le commandant demanda que l’on creusât un dernier trou dans son domaine, ultime espoir de voir se matérialiser un rêve pour lequel il avait investi sa fortune et son temps. Comme les précédentes, cette fouille se révéla infructueuse.
Tout naturellement, le nouveau sacre de Pépin doit se dérouler entre les murs de l’abbaye de Saint-Denis. Mais auparavant, le pape a un pieux devoir à accomplir : la translation solennelle des restes de saint Germain. Le bon évêque de Paris a été canonisé pour avoir miraculeusement guéri des malades et des infirmes, délivré des possédés, lutté contre l’esclavage et le paganisme, démontré toute sa vie une charité sans limite. Cependant, sa dépouille demeure depuis cent soixante-dix-sept ans dans une modeste chapelle à l’entrée de la basilique Saint-Vincent-Sainte-Croix. Emplacement indigne d’un saint vénéré. Il est temps de déposer le corps en un lieu plus approprié : dans le chœur de l’édifice, juste derrière le maître-autel.
Pour la cérémonie, ils sont tous là, réunis à Paris dans une même ferveur : le pape Étienne, le roi Pépin, la reine Berthe et leur fils le prince Charles, futur Charlemagne. À nouveau, la ville connaît les grandeurs qui l’ont animée si longtemps. Pour un instant, elle retrouve sa position, la première, dans l’histoire du royaume franc.
Devant une foule en prière, la crypte est ouverte et le cercueil de saint Germain porté dans le chœur de l’église. Durant la journée et toute la nuit suivante, il reste là, offert à la vénération des fidèles.
Le lendemain matin, devant Pépin et son fils Charles, on veut mettre le sarcophage à l’endroit choisi pour l’inhumation… Impossible de le déplacer, il paraît fixé au sol ! On se munit de leviers, on tente des cordes et des poulies, mais rien n’y fait. Est-ce une manifestation du saint qui refuse de quitter le chœur où on l’a déposé ? Les évêques présents tentent une explication.
— Glorieux roi,
Weitere Kostenlose Bücher