Meurtres Sur Le Palatin
l'appâte avec une grosse somme d'argent et... couic
! Il le tue, me privant ainsi de mon meilleur gladiateur ! Oh ! mais il ne perd
rien pour attendre ! Non, il ne perd rien pour attendre !
Kaeso
échangea un regard las avec Matticus, qui fit un discret signe de tête en lui
montrant la porte. Ils ne tireraient rien de plus de Placidus hormis des
lamentations et des plaintes.
Les
prétoriens se levèrent et leur hôte les considéra avec étonnement.
-
Vous partez ? Mais... et le...
-
Les affaires privées ne nous concernent pas, Placidus, expliqua calmement
Kaeso. La sécurité de l'État n'est pas en jeu.
-
Mais enfin, cet homme veut ma mort !
-
Fais-toi protéger par tes gladiateurs ! railla Matticus.
-
Mais...
Les
deux soldats quittèrent la petite maison de Placidus et traversèrent à nouveau
la cour pour rejoindre leurs chevaux sous le regard curieux des gladiateurs du ludus .
-
Une guerre entre écuries rivales, on avait bien besoin de ça, tiens...,
ronchonna Matticus à mi-voix.
Kaeso
acquiesça, aussi inquiet que lui.
Il
avait menti à leur hôte en affirmant que l'affaire ne concernait pas la
sécurité de l'État. Les sommes des paris clandestins engagées lors des combats
de gladiateurs, publics ou privés, étaient énormes. Cela pouvait mettre en
danger la sécurité des citoyens lors de rixes de factions rivales, fournir des
moyens de pression et de chantage sur des personnages importants endettés et
bien plus encore.
La
guerre entre écuries était souvent acharnée mais jamais au point d'aller
jusqu'à assassiner froidement un homme. Du moins, jamais jusqu'à maintenant.
Le
poing de Marcus Gallus cueillit Mnester au creux de l'estomac, lui coupant le
souffle. Telle une mince gerbe de blé coupée par une faux, le buste gracieux
plia vers l'avant et le jeune danseur s'effondra aux pieds de son maître.
Le
hurlement horrifié de Prisca, qui assistait à la scène, résonna dans toute la taverne
et Danaé la gifla pour la calmer.
-
Je... je ne... peux pas..., haleta Mnester en essayant de reprendre son
souffle. Si j'interroge... Ludius... au sujet du cousin de sa maîtresse... il
va...
Un
autre coup de Marcus l'interrompit.
-
Je ne me suis pas bien fait comprendre, on dirait, railla celui-ci en le
saisissant par sa somptueuse chevelure blonde. Tu préfères les exemples aux
paroles ? À ta guise ! (Il frappa le garçon à toute volée.) Une autre objection
à formuler ?
À
demi sonné par les coups, Mnester se mordit la langue pour ne pas répliquer et
secoua la tête. Ce faisant, le sang coula de la lèvre fendue et de son petit
nez retroussé.
-
Doucement, mon aimé, intervint Danaé en posant timidement la main sur le bras
robuste de son amant. Trop abîmé, il ne nous servirait plus à rien.
Avec
un grognement, Marcus lâcha le jeune danseur, qui s'effondra sur le sol de
terre battue. Il lissa son impeccable tunique blanche, prit une profonde
inspiration, battit des paupières à plusieurs reprises et sourit.
Si
quelqu'un était entré en cet instant dans la taverne, pas une minute il
n'aurait pensé, à le voir ainsi, serein et élégant, qu'il était pour quelque
chose dans l'état pitoyable dans lequel se trouvait le jeune homme affalé à ses
pieds.
-
Je veux savoir tout ce qui se passe dans cette famille, Mnester, reprit Marcus
de sa voix posée. Tout, tu m'entends ? Jusqu'à la plus petite chose qui
pourrait m'offrir un début de prise sur la gorge de cet enfant de salaud et de
sa chienne germaine de mère. Écarte les cuisses devant cet aveugle jusqu'à te
les déboîter s'il le faut mais je veux des résultats, Mnester. (Il le saisit à
nouveau par les cheveux et tira sa tête en arrière jusqu'à entendre les
vertèbres cervicales craquer.) Me suis-je bien fait comprendre ?
-
Oui... Oui, maître..., haleta le jeune homme, les larmes aux yeux.
-
Bien.
Il
le lâcha et quitta la taverne sans un mot ni même un regard pour la femme qui
portait son enfant.
-
As-tu trouvé ce que tu étais venu chercher, centurion ? demanda une voix sensuelle
derrière Kaeso alors qu'il détachait la bride de son cheval.
Le
jeune prétorien sourit et se retourna.
La
séduisante gladiatrice avait revêtu une robe blanche toute simple qui lui
allait pourtant à ravir et noué ses longs cheveux bruns en un chignon lâche,
dont quelques mèches folles retombaient joliment sur ses épaules.
-
Comment es-tu sortie sans l'autorisation de ton maître ? demanda-t-il
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