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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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lorsqu'il se trouvait face à Kaeso et que ses
prunelles azurées paraissaient se craqueler comme de la glace sous l'effet de
la colère.
    On
aurait pu croire, après cela, que, se sentant trahi, il renie l'affection qu'il
avait portée à son amant et à la famille de celui-ci. Il n'en fut rien, comme
le prouvait la bague qu'il portait suspendue à l'un des anneaux d'argent qui
maintenaient sa longue natte dorée. Une bague offerte par Kaeso et sa mère que
Nero n'avait jamais ôtée, pas même le jour de sa mort tragique, sur l'île de
Pontia, où il avait été exilé par Séjan puis poussé au suicide. Peu importait à
Donar que l'amour de Nero n'ait pas été tout à fait sincère ; le sien l'avait
été.
    Kaeso
l'admirait pour cela, il devait bien le reconnaître, mais il était trop tôt
encore pour le lui faire savoir. Dans quelques années, peut-être. Lorsque
l'humiliation se serait un peu délitée et teintée d'ironie.
    -
Par mes couillons ! s'écria soudain la grosse voix de Matticus, les faisant
tous tressaillir. Regardez-moi ce grand gaillard ! S'il n'avait pas encore
envoyé valdinguer sa toge, je me croirais en présence de l'une de ces
pâquerettes de la cour !
    Le
prétorien fit irruption dans la pièce en bousculant Donar comme s'il n'avait
été qu'une plante d'agrément posée là, et Caligula s'esclaffa.
    -
Matticus... Toujours aussi subtil, à ce que je vois !
    Ils
se donnèrent l'accolade et le prétorien lui assena une telle tape dans le dos
qu'elle chassa l'air de ses poumons.
    -
Ah ! Ah ! Je reconnais bien là mon p'tit soldat ! Bon sang, regardez-moi ça !
Il a poussé comme de la mauvaise herbe !
    Donar
fronça le nez, manifestement choqué par le comportement trop familier de
Matticus.
    -
Tu parles au petit-fils de Tibère César ! ne put-il s'empêcher de lui faire
remarquer avec un accent germain à couper à la hache.
    Le
prétorien ne se démonta pas et émit un rire tonitruant.
    -
Je parle au p'tit bonhomme qui m'a pissé dessus plus d'une fois, et je ne parle
pas du reste ! (Il administra à son "p'tit soldat" une paire de
claques aussi affectueuses que bourrues.) Pas vrai ?
    Donar
blêmit mais se mordit la langue. Son protégé, lui, grimaça en faisant jouer ses
mâchoires et Kaeso retint un éclat de rire.
    -
Quand as-tu rejoint la garnison du Palatin ? demanda Caligula.
    Matticus
désigna Kaeso.
    -
Depuis que ce gaillard-là fait bouffer sa merde à un certain préfet et qu'il a
fait de moi son second !
    L'interpellé
sourit et Caligula secoua la tête.
    -
Tu n'as vraiment pas changé.
    -
J'suis trop vieux pour ça ! Mais, et toi ? Ou devrais-je dire : "Comment
se portent les finances de l'État, questeur Gaius Julius César Germanicus"
? singea le prétorien avec une courbette.
    Donar
faillit en avaler sa langue mais Caligula rit de plus belle.
    -
Les caisses sont sur le point de céder, mon pauvre Matticus !
    -
Alors tout va bien !
    -
Pas vraiment, non, rétorqua le jeune questeur avec une moue. Si l'argent public
ne circule pas, l'Empire va encore se retrouver à court de liquidités, comme il
y a un an. Je dois à toute force trouver un moyen d'injecter des espèces dans
le circuit !
    -
Des jeux publics ? proposa Kaeso.
    -
Tibère César ne veut pas en entendre parler. J'en suis au point de chercher
désespérément des aqueducs, des temples ou des routes à rénover !
    -
Tu devrais voir ça avec les sénateurs. Ce serait bien l'enfer qu'ils ne te
trouvent pas quelques gros travaux publics à financer.
    -
C'est pour ça que j'ai tenu à venir à Rome avant la fin des cessions de la
Curie pour cette année. Je dois... Par Isis ! grimaça-t-il en se bouchant le
nez. Mais c'est quoi, cette horrible odeur ?
    Kaeso
échangea un regard entendu avec Matticus, qui hocha la tête.
    -
S'il y a bien quelqu'un intéressé au premier chef par notre affaire, centurion,
c'est le représentant du Trésor public !
    Caligula
tiqua.
    -
Quelle affaire ?
    -
Un réseau de paris clandestins.
    Le
jeune questeur haussa les sourcils, sceptique.
    -
Du genre "à qui fera cuire le morceau de viande le plus avarié" ?
s'enquit-il avec une grimace. Quel rapport entre des paris et cette puanteur ?
     
     
     
    Mnester
avait envie de hurler tant l'étau des doigts de Marcus sur sa mâchoire lui
faisait mal, mais il n'osa pas, de peur de raviver encore sa colère.
    -
Qu'a-t-il dit d'autre ? gronda-t-il à l'oreille du danseur.
    -
Que... que tu pouvais compter tes jours avant la fermeture de la taverne.

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