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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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plutôt que dans celle de "protecteur de
l'État romain".
    Cette
épithète insultante choqua profondément Donar, au début. Il était de noble
naissance et avait cru puérilement durant des années que chaque habitant de
Rome lui témoignerait la même considération que celle dont il jouissait chez
lui, en Germanie, de la part des légionnaires et de leurs officiers qui étaient
régulièrement amenés à négocier avec les pouvoirs locaux. Il tomba de haut car
l'entourage de l'empereur Tibère, sa proche famille exceptée, ne prenait même
pas la peine de dissimuler sa répugnance en présence de gens comme lui. Pour
eux, les Bathaves étaient à peine des êtres humains et il entendit les pires
horreurs sur des soi-disant rites germaniques. Dès qu'il tournait le dos, les
réflexions blessantes pleuvaient.
    Quelquefois,
il se trouvait cependant des gens, surtout des femmes, qui leur vouaient, à lui
et à ses semblables, une véritable idolâtrie.
    Bien
des dames respectables étaient fascinées par ces géants blonds et faisaient
preuve d'une imagination sans bornes pour essayer de les séduire. Cela allait
de la stola qui se dégrafait malencontreusement, mettant une épaule ou un sein
à nu, à des choses aussi "subtiles" qu'un pincement de fesses, voire
une franche caresse sur leur poitrine ou leur longue chevelure.
    Donar
se demandait bien ce que ces femmes espéraient de lui puisqu'il était de
notoriété publique qu'il était l'amant de Nero, alors aîné de la famille et
héritier officiel de l'empire. Il ne tarda pas à comprendre que, pour ces
patriciennes en mal de sensations, le plaisir de prendre la forteresse était
proportionnel à la quantité de ses défenses. Malheureusement pour elles, les
siennes ne tombèrent jamais.
    Et
aujourd'hui que la personne qu'il avait sans doute le plus chéri au monde
n'était plus, Donar se sentait bien seul, au point qu'il en avait presque la
nostalgie des forêts inextricables et des hivers rigoureux de son enfance et de
son adolescence.
    -
Chercherais-tu à faire peur aux invités ? le brocarda Hod dans leur langue
d'origine en désignant la salle de banquet qui commençait à se remplir. Que
signifie cette tête ?
    Le
jeune Bathave ajusta son glaive sur sa hanche et redressa la tête.
    -
Désolé, j'étais ailleurs.
    Son
chef croisa ses impressionnants avant-bras sur sa large poitrine et fronça le
sourcil.
    -
Mais qu'est-ce qui t'arrive, à toi, depuis quelques jours ?
    -
Un problème ? s'enquit Caligula qui, vêtu d'une conventionnelle toge blanche
malgré la chaleur, accueillait ses invités en compagnie d'Hélicon, son esclave
égyptien.
    Donar
se redressa et salua avant de reprendre une pose impeccable devant la porte.
    -
Non, questeur Gaius César, répondit-il d'une voix assurée. Il n'y a aucun
problème.
    Celui-ci
étrécit les paupières, essayant de le percer à jour, mais d'autres invités
arrivaient.
    -
Concordia ! s'écria-t-il en embrassant la jeune femme, qui avait une mine
affreuse.
    Il
la guida jusqu'à sa propre tablée, où attendaient déjà Kaeso et Hildr.
    -
Ça ne va pas mieux ? s'enquit-il en se penchant discrètement sur elle comme
s'il parlait de la pluie et du beau temps.
    Concordia
afficha un sourire de circonstance destiné au gens qui les suivaient du regard
tandis qu'ils traversaient la pièce.
    -
C'est la pire gueule de bois que j'aie jamais eue, Caligula, murmura-t-elle
entre ses dents sans cesser de sourire.
    -
Oncle Claude m'a dit que mon cousin Lepidus, lui, n'a pas pu se lever de la
journée ; il a été malade comme un chien. Que vous a donc donné à boire
Vipsanius à son banquet, hier soir, pour que vous soyez tous sens dessus
dessous ?
    -
Je crois que le vin n'était pas assez coupé.
    À
la seule mention du breuvage, la jeune femme sentit son estomac se contracter.
    -
Essaye quand même de ne pas vomir sur Wotan, plaisanta son hôte.
    -
Oh, il ne mériterait pas mieux, crois-moi !
    -
Il t'a vraiment donné une fessée ? pouffa-t-il. (Concordia se tourna
franchement et lui adressa un regard glacial.) Je... Je vais accueillir ton
père, bredouilla-t-il en se mordant la langue pour ne pas rire.
    -
C'est ça, fais donc, rétorqua sèchement la jeune femme en prenant place sur
l'un des trois grands lits que comptait la tablée de Caligula, entre Hildr et
Kaeso.
    Les
derniers convives arrivèrent et Hod fit un signe de tête à Donar, qui entreprit
de faire discrètement le tour de la grande salle à manger pour vérifier

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