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Moi, Claude

Moi, Claude

Titel: Moi, Claude Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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là-dessous, mais le fait restait que Séjan était un Ælius. Il me pressa de m’expliquer, ajoutant que l’idée ne venait pas de lui, mais de Tibère. Du moment que Tibère s’en mêlait je n’avais qu’à donner mon consentement ; je fis seulement remarquer qu’une fillette de quatre ans était bien jeune pour un garçon de treize, qui en aurait vingt et un avant qu’on pût célébrer le mariage et aurait peut-être formé d’autres attachements d’ici là. Séjan sourit et dit qu’il se fiait à moi pour empêcher mon fils de faire des bêtises.
    La nouvelle que Séjan s’alliait à la famille impériale causa une grande inquiétude dans la ville, mais on s’empressa de nous féliciter tous deux. Quelques jours plus tard, Drusillus était mort. On le trouva derrière une haie, dans le jardin d’une villa de Pompéi où l’avaient invité des amis d’Urgulanille. Dans sa gorge on découvrit une petite poire ; l’enquête établit qu’il s’était amusé à jeter des fruits en l’air et à les rattraper dans sa bouche : c’était certainement ainsi que l’accident était arrivé. Comme c’était la coutume en pareil cas, le poirier fut accusé de meurtre et condamné à être arraché et jeté au feu.
    Tibère demanda au Sénat de nommer son fils Castor Protecteur du Peuple, ce qui équivalait à le désigner officiellement comme son héritier. Cette demande causa un soulagement général : on y vit un signe que Tibère, au courant des menées ambitieuses de Séjan, cherchait à les tenir en échec. Quand le décret passa, quelqu’un proposa de l’inscrire en lettres d’or sur les murs de la Chambre. Personne ne devina que c’était à Séjan que Castor devait cet honneur. Séjan avait imaginé ce stratagème pour perdre définitivement son rival. Castor, en effet, était plus populaire parmi les honnêtes gens qu’il ne l’avait jamais été. Il ne buvait plus ; la mort de Germanicus semblait l’avoir assagi. Je n’avais guère affaire à lui, mais quand il me rencontrait il me traitait avec plus de considération qu’avant la mort de Germanicus.
    La haine qui couvait entre lui et Séjan menaçait toujours d’éclater, mais Séjan avait eu grand soin de ne pas le pousser à bout avant d’être sûr de pouvoir tirer parti de la querelle. Le moment était arrivé. Séjan se rendit au palais pour féliciter Castor de sa nomination ; il le trouva dans son cabinet avec Livilla. Il n’y avait là ni affranchi ni esclave ; quant à Livilla, elle était maintenant si éprise de lui qu’il pouvait compter sur elle pour trahir Castor comme elle avait jadis trahi Postumus. Il commença : « Eh bien, Castor, j’ai fait pour toi du bon travail ! Félicitations ! »
    Castor fronça le sourcil. Il n’était « Castor » que pour quelques intimes. On l’avait surnommé ainsi à cause de sa ressemblance avec un gladiateur connu ; le nom lui était resté après un banquet où, s’étant pris de querelle avec un chevalier, il avait assené à ce dernier un coup si formidable au creux de l’estomac que l’autre avait rendu tout son dîner. Il répondit à Séjan : « Pour m’appeler ainsi, il faut être mon ami ou mon égal – or tu n’es ni l’un ni l’autre. Pour toi, je suis Tibère-Drusus-César. Je ne sais pas quel travail tu as fait pour moi, mais quel qu’il soit, je ne tiens pas à ce que tu m’en félicites. Sors d’ici ! »
    Livilla intervint :
    — Si tu veux mon avis, Castor, je te trouve assez lâche d’insulter Séjan de la sorte – sans parler de l’ingratitude qu’il y a à le jeter dehors comme un chien alors qu’il vient te féliciter de ton titre. Tu sais que sans lui, ton père ne te l’aurait jamais donné.
    — Tu dis des bêtises, Livilla, dit Castor. Ce sale espion n’a pas eu plus à voir avec mon titre que mon eunuque Lygdus. Il fait simplement l’important. Et s’il te plaît, Séjan, que signifie ce mot de « lâche » ?
    — Ta femme a raison, répondit Séjan. Tu es un lâche. Tu n’aurais pas osé me parler de la sorte avant que je t’aie fait nommer Protecteur du Peuple et rendu ta personne sacro-sainte. Tu sais très bien que je t’aurais rossé.
    — Et bien fait pour toi ! dit Livilla.
    Castor les regarda l’un après l’autre et dit lentement :
    — Ainsi il y a quelque chose entre vous, n’est-ce pas ?
    Livilla sourit avec mépris.
    — Et si c’était vrai ?
    — Très bien, ma fille, cria

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