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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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ne disent pas tout ce qui doit être dit.
    — Si nous ne savons pas ce qu'il faut faire, quel sens y a-t-il à partir ? rétorqua Roc Dur avec colère.
    Waxtal tendit les mains, paumes ouvertes.
    — Va dans chaque ulaq trouver chaque chasseur. Demande-leur de passer la nuit en prières. Je ferai de même et demain matin je vous parlerai.
    Roc Dur se leva et Waxtal se hissa sur ses pieds. Il attendit que l'homme renfile son suk puis l'accompagna jusqu'au tronc d'arbre. Une fois en haut, Roc Dur lui cria :
    — J'étais venu t'annoncer que les gens du village veulent que tu aies les défenses de morse.
    Waxtal leva une main.
    — Remercie-les de ma part. Maintenant, va retrouver tes hommes. Prie. Dis-leur de prier. Dis-leur que moi aussi je passerai la nuit en prières.
    Waxtal grimpa le rondin, s'accroupit dans son suk dans le vent froid et observa Roc Dur aller d'un logis à l'autre.
    Plus tard, une fois de retour dans sa demeure, il se réchauffa à la flamme de la lampe en riant.
    — Quatre défenses. Même les esprits ne sauraient se mesurer à mon pouvoir.
    Il alla dans sa chambre, se roula dans sa robe de nuit et s'endormit. Il était chaman. Ses rêves seraient ses prières.
    61
    Waxtal regarda le cercle des hommes. Leurs yeux lourds répondaient à la question qu'il posa pourtant.
    — Avez-vous prié ?
    — Oui, dit Roc Dur avant de laisser chaque homme répondre pour lui-même. Les esprits t'ont-ils parlé ? demanda-t-il à Waxtal.
    — Ils ont parlé.
    Les hommes attendaient, le regard fixé sur le visage de Waxtal. Il sentit leur nervosité, la puissance de leurs questions. Cela donna de la vigueur à ses membres, à son dos.
    — Je sais pourquoi vous êtes maudits, proclama-t-il.
    Un grondement s'éleva dans l'ulaq de Roc Dur.
    — Tout le monde ici connaît la raison de notre malédiction, intervint ce dernier. Si c'est ce que t'ont dit les esprits, alors tu n'as rien d'important à nous annoncer.
    Les hommes autour de Waxtal semblèrent soudain plus grands, plus robustes. Il serra les poings mais sentit quand même son pouvoir décliner.
    — Samig, dit-il.
    Ce mot fit ce que ses mains n'avaient pas réussi ; les hommes retrouvèrent taille humaine.
    Roc Dur émit un sifflement ; d'autres hommes l'imitèrent.
    — Tu nous maudis avec ce nom.
    — Les esprits m'ont dit ce que vous ne savez pas, reprit Waxtal en dévisageant chacun. Je suis marchand autant que chaman. Que me donnerez-vous en échange du pouvoir de mettre fin à la malédiction.
    — Dis-moi d'abord ce que je dois savoir, fit Roc Dur en se penchant pour plonger les yeux dans ceux de Waxtal.
    — Si je te le dis, alors pourquoi me donnerais-tu quelque chose ? s'esclaffa-t-il.
    — Et si ton savoir n'élimine pas le mauvais sort ?
    — Je vous rendrai ce que vous m'aurez donné.
    Roc Dur leva la main en direction de la mer du Nord.
    — Comment te retrouverai-je ? Je ne suis pas commerçant. Je ne connais pas les chemins de la mer qui conduisent chez les Caribous et les Chasseurs de Morses.
    — Je resterai avec vous tant que la malédiction ne sera pas levée.
    Roc Dur gronda et regarda les autres hommes.
    — Que me donnerez-vous ? insista Waxtal.
    Roc Dur ne pipa mot. L'estomac de Waxtal se mit à gargouiller et le vieillard regretta de n'avoir pas mangé avant de venir. Il avait songé à garder sa nourriture pour plus tard. Les épouses de Roc Dur avaient toujours tenu de la viande prête, mais ce matin il n'y avait rien eu hormis la bénédiction demandée par Roc Dur et la promesse d'un jeûne durable.
    — Que veux-tu ? s'enquit enfin Roc Dur. Un ikyak ? Des fourrures, des peaux de phoque ? De la nourriture, de l'huile?
    — Tout cela et une femme.
    — Tu t'attends à toutes ces choses ?
    — Pas d'ikyak. J'en ai un beau. Mais quelque chose de chaque homme — nourriture, fourrure, huile, peut-être rien qu'un sac d'oursins.
    Waxtal baissa la voix, inclina la tête puis leva les yeux, son regard passant de l'un à l'autre.
    — La valeur de ce que chacun donne à sa chasse. Et une femme.
    — Je t'en ai donné une. Où est-elle ?
    — Elle est retournée chez elle. Je ne sais pas pourquoi. Je veux qu'elle revienne. Ou alors une autre. Une jeune qui sait pêcher et coudre.
    — Je la ramènerai, dit enfin Roc Dur. Maintenant, dis ce que tu as à dire.
    — Apportez d'abord vos présents. Puis je vous dirai. Et si cela se révèle inefficace, chacun pourra reprendre ce qu'il a donné.
    Son estomac

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