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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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sais-tu cela ? fit une voix derrière lui.
    C'était Phoque Mourant.
    — De deux façons. D'abord parce que j'étais avec Shuganan, le chaman Traqueur de Phoques, quand il est mort. A cette époque, ses pouvoirs sont devenus mes pouvoirs.
    Waxtal extirpa un couteau à sculpter de son fourreau et le posa sur la paume de sa main droite.
    — Son don de sculpteur devint mon don. Lui-même m'a parlé de Samig. Lui-même craignait ce que l'enfant pourrait devenir.
    » Deuxièmement, parce que Samig me l'a dit.
    — Il savait quand il est venu sur cette île ? Il savait qu'il était un ennemi pour nous ? s'enquit un des plus jeunes, celui qu'on appelait Oiseau Crochu.
    Waxtal secoua la tête.
    — Non, il ne l'a su qu'une fois de retour parmi son peuple, quand il a défié son père pour la place de chef des Traqueurs de Phoques et qu'il les a emmenés à l'est sur la plage des Commerçants.
    — Non, intervint Roc Dur. Le jeune homme dont tu parles est mort. Il est mort sur cette île, écrasé sous la roche d'une corniche, lui, sa femme et un garçon de ce village.
    Waxtal sourit.
    — Il est vivant. Je l'ai vu, je lui ai parlé. Il règne sur mon village et son pouvoir est maléfique. Pourquoi pensez-vous que moi, qui ne suis plus jeune, j'aie quitté mon peuple pour faire du troc ?
    — Comment savoir que tu dis la vérité ? demanda Phoque Mourant.
    — Si mes paroles n'étaient pas vraies, dit Waxtal en
    se tournant vers Phoque Mourant, prononcerais-je aisément le nom de Samig ?
    — Tu prétends être chaman. Les chamans possèdent des pouvoirs. Tu prononces le nom du vieil homme, le chaman Traqueur de Phoques.
    — Shuganan vit à travers moi. Nous sommes un.
    Les hommes échangèrent des propos et dévisagèrent
    Waxtal, le regard plein de doute.
    — Vous refusez d'accepter le savoir d'un chaman, dit Waxtal en riant. Accepterez-vous celui d'un Traqueur de Phoques ? La femme qu'il a ramenée s'appelle Trois Poissons. Le garçon est Petit Couteau.
    Telles des femmes, les chasseurs portèrent leur main à leur bouche pour dissimuler leur surprise.
    — Dis-nous ce que nous devons faire pour lever la malédiction, fit Roc Dur.
    Waxtal sentit son esprit se soulever. Cette impression de liberté déclencha un rire. Et c'est en riant qu'il répondit :
    — Tuer Samig.
    Kukutux offrit de la nourriture mais les hommes refusèrent. Elle s'assit donc pour écouter et attendre. Ils planifiaient, parlaient, passant le plus clair de cette journée à discuter d'un voyage vers la lointaine plage des Commerçants, où seul Waxtal s'était déjà rendu. Les hommes étaient comme des gamins excités, agitant les mains, battant des cils. Seul Phoque Mourant gardait son calme, au point que si le coin sombre de ses yeux ne brillait pas, on l'aurait cru endormi.
    Une fois les préparatifs achevés, toutes les paroles prononcées, les hommes, y compris Roc Dur, s'en allèrent. Kukutux était assise, mains sur les genoux. Oui, s'il levait la malédiction, elle serait épouse de ce commerçant. Il y avait pire. Il était plus grave de voir les enfants affamés, de les entendre réclamer à manger en pleurant, de voir le chagrin dans les yeux des jeunes mères, d'entendre les chants de deuil des veuves.
    Waxtal finit par s'approcher d'elle.
    — Veux-tu à manger ? demanda Kukutux.
    — Tu es ma femme.
    — Oui, répondit Kukutux sans baisser les yeux en signe de respect, sans incliner la tête.
    L'homme serra les poings.
    — Il y a de la nourriture dans cette chambre, dit-il en désignant du menton la chambre la plus proche de la sienne.
    Kukutux se leva et s'y rendit, certaine que Waxtal mentait. Qui gardait de la nourriture dans une chambre ? Il voulait simplement qu'elle y aille de son plein gré. Puis il la rejoindrait, exigeant ses droits d'époux. Mais il y avait bel et bien de la nourriture — un sac à bouillir de ragoût dont la viande et le bouillon étaient froids et couverts d'une épaisse couche de graisse.
    — En veux-tu un peu ? appela Kukutux.
    — Oui, j'ai faim.
    — Si tu attends, je vais emporter le ragoût dehors pour le réchauffer, dit Kukutux en prenant le sac à deux mains.
    Waxtal secoua la tête et apporta deux bols qu'il plongea dans le sac.
    — Pends-le au-dessus d'une lampe à huile. Cela se réchauffera progressivement, dit-il.
    Elle obéit et s'assit à côté de Waxtal. Il lui tendit un bol.
    — Mange.
    Elle attendit qu'il ait pris la première bouchée et mangea. Une fois son

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