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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Corbeau se leva, s'étira et proposa à Dyenen :
    — Nous devrions faire un tour. Nous avons besoin de sortir voir les étoiles.
    — Je veux regarder, fit Dyenen en refusant d'un signe de tête.
    Queue de Lemming leva sur le Corbeau des yeux interrogateurs. Il ne put que secouer la tête et espérer qu'elle trouverait un moyen de procéder à l'échange. La différence entre ce bout d'ivoire et le suivant était trop grande pour courir le risque de les intervertir quand le vieil homme était dans la pièce. Queue de Lemming demeura longtemps tête inclinée jusqu'à ce que le Corbeau remarque :
    — Tu vois bien qu'elle sculpte, mais tu ne peux espérer qu'elle achève une figurine en une soirée.
    — Alors nous attendrons la nuit.
    — Dyenen dit que nous attendrons la nuit, répéta le Corbeau, quel que soit le temps que cela te prendra.
    — Dis-lui que je dois nourrir mon fils — mes fils.
    — Elle doit nourrir les bébés, dit le Corbeau au vieil homme.
    — Pourquoi ? s'étonna Dyenen.
    Il referma ses mains autour de Souriceau et le fit sauter sur ses genoux. Souriceau poussa des cris joyeux.
    — Celui-ci mange du poisson, objecta alors Dyenen. Et l'autre dort.
    — Il dit qu'ils n'ont pas faim.
    Queue de Lemming posa ses outils et soupesa ses seins.
    — J'ai trop de lait, cela me fait mal.
    Le Corbeau se contenta de désigner la poitrine de sa femme, sans mot dire.
    Dyenen rejeta la tête en arrière et marmonna quelque chose que le Corbeau ne comprit pas, puis tendit Souriceau à sa mère. Prenant son petit, elle gagna en hâte le recoin à l'écart des hommes où elle s'appuya contre les sacs de troc du Corbeau.
    — Marcherons-nous ? demanda le Corbeau, sentant son cœur s'alléger quand le vieil homme se hissa sur ses pieds.
    — Et parlerons-nous de marchand à marchand ?
    — Oui, répondit le Corbeau qui sortit le premier dans l'air froid de la nuit.
    80
    Queue de Lemming nourrit Souriceau et tenta par la même occasion d'arracher Shuku à son lourd sommeil.
    — Que m'as-tu donné, vieille femme ? dit-elle à voix haute. Il dort trop longtemps. Le vieillard saura que quelque chose ne va pas.
    Elle se pencha sur Shuku. Le souffle de l'enfant était si ténu qu'elle craignit un instant qu'il ne respire pas. Mais, posant le doigt sur son cou, elle sentit le battement de son cœur. Soupirant de soulagement, elle prit Shuku et plaça son téton entre ses lèvres avant de presser son sein pour en faire jaillir le lait.
    — Bois, bébé, bois.
    Enfin, Shuku commença à téter.
    Les petits dans les bras, elle regagna l'endroit aux outils. Elle cacha l'ivoire à demi sculpté au fond du panier et en extirpa le troisième morceau. La tête et les yeux d'un phoque la regardaient. Elle se servit du couteau de femme émoussé pour polir l'ivoire, pressant doucement le tranchant de la lame sur la poitrine de la figurine.
    — Ce n'est pas difficile, Kiin, dit-elle. Tu nous as fait croire que tu avais des pouvoirs spirituels spéciaux. Ha ! Je sculpte aussi bien que toi.
    Mais son couteau glissa et entailla l'ivoire. Alors Queue de Lemming se tut, se mordit la lèvre inférieure et travailla plus lentement.
    — Elle est belle, ainsi que je te l'avais dit, fit le Corbeau.
    — Oui, Saghani. Mais un des enfants. Il dort trop. Est-il malade ?
    — Non, il est plus grand et plus fort que Takha.
    Le Corbeau leva les yeux, sur toutes les belles habitations du village Rivière. Le vieil homme reprit la parole et, si le Corbeau s'efforçait d'écouter avec attention, son esprit vagabondait. Le choc d'avoir découvert que Shuku était vraiment Shuku recouvrait ses pensées comme un épais brouillard.
    — Saghani... Saghani ?
    La main du vieil homme s'approcha du bras du Corbeau et resta en suspens comme s'il voulait le toucher pour attirer son attention.
    — Je suis désolé, dit le Corbeau. Je n'ai pas entendu. Mon esprit erre. Abandonner cette femme et ses fils n'est pas une décision facile. Elle a beaucoup de valeur pour notre peuple.
    Dyenen hocha la tête sans répondre. Il dirigea ses pas en cercle autour du village, ralentissant lorsqu'ils arrivèrent aux réserves regorgeant de nourriture et aux claies de séchage.
    Il dit enfin :
    — C'est un bon endroit pour les enfants.
    — Oui.
    — Une femme s'y ferait de nombreuses amies et n'aurait jamais faim.
    — Oui.
    — Nous sommes également d'accord qu'à ma mort, les deux fils retourneront chez les Chasseurs de Morses et que la

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