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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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Rivières avait à offrir, ces hommes dont le souffle, les vêtements et la peau puaient le poisson.
    Il vit arriver le premier groupe d'hommes et soudain le malaise disparut. Il fut de nouveau le Corbeau, chaman, capable de lire les pensées à travers un regard, de connaître un cœur par le dessin d'une bouche, de comprendre le désir au resserrement des doigts.
    Il se leva et étendit les bras vers les hommes, sourit et grimpa sur le petit monticule qu'il avait trouvé avant que les fils de Chasseur de Glace n'aient étalé les marchandises, si petit que peu le verraient, mais cela ajouterait à sa taille. Cela pouvait paraître stupide mais le Corbeau avait remarqué que l'homme dont les yeux étaient les plus hauts obtenait souvent l'avantage dans la transaction.
    Presque tous les hommes Rivières apportaient du poisson séché à troquer. Les sots, se dit le Corbeau, sans pour autant se laisser aller à sourire. Qu'avait-il besoin de poisson ? Il en avait suffisamment pour le voyage de retour. Et ici il se nourrirait dans les réserves de Dyenen. Pourquoi s'inquiéter de se procurer à manger ?
    Le dernier homme arriva avec une fille dont il serrait le gras du bras. Elle était jeune mais possédait des courbes de femme. Cette fois, le Corbeau se détourna, certain que son visage trahirait son déplaisir. Une fille échangée pour une nuit de faveurs par un père avide de fourrures ou de pointes de lance valait souvent moins que rien. Dans le lit d'un homme, soit la fille était comme une morte, soit elle luttait, donnait des coups de pied, enfonçait ses pouces dans les yeux. De toute façon, le bref instant de soulagement ne valait pas un tel combat.
    Pourquoi s'en soucier? se demanda le Corbeau. Il n'était pas là pour échanger les marchandises étalées devant les Rivières. C'était l'affaire de Renard Blanc et Oiseau Chante. Son commerce à lui serait avec Dyenen et pour quelque chose de beaucoup plus précieux. Le Corbeau donnerait n'importe quoi pour obtenir ce qu'il voulait, sauf peut-être sa vie. Mais ça, Dyenen ne le saurait jamais.
    Jusqu'à l'arrivée du chaman, le Corbeau observerait, verrait ce que le Peuple des Rivières semblait préférer. Déjà, Renard Blanc avait approché le père et la fille. Le père désigna une pile d'obsidienne puis en prit un petit morceau de la taille d'un pouce. Il tira la fille vers Renard Blanc à qui il parla, mais celui-ci secoua la tête. Le père parla de nouveau, s'approchant pour regarder Renard Blanc dans les yeux, mais Renard Blanc recula et refusa encore d'un signe de tête. Le Corbeau contint son sourire alors que le père passait la main sous son parka en peau de caribou et en tirait une poignée de griffes d'ours. Renard Blanc leva les deux mains et l'homme, agrippant toujours sa fille par le bras, fouilla de nouveau sous son parka et sortit cette fois un sac de médecine en peau de colapte doré.
    Le Corbeau retint son souffle. Qui ne connaissait les pouvoirs d'un colapte doré, ce petit oiseau jamais vu sur les plages Morses ? Renard Blanc sourit et commença à marchander. Ses paroles en langue Rivière étaient juste assez fortes pour que le Corbeau l'entende réclamer davantage de nuits avec la fille.
    La transaction fut enfin conclue. Trois nuits, la première le lendemain. La fille se tenait là, tête basse, faisant la moue, mais alors que père et fille s'apprêtaient à repartir, Renard Blanc les rappela, arrêta la fille en posant la main sur son épaule et, alors qu'elle était là, détournant le visage, Renard Blanc passa un collier de perles de coquillage par-dessus sa tête. La fille le regarda et émit un bref murmure de surprise.
    Avec un geste d'impatience, le père tendit la main vers le collier en secouant la tête en direction de Renard Blanc, mais la fille serra les perles des deux mains. Le marchand dit quelques mots si bien que père et fille sourirent bientôt pour finir par rire. Le Corbeau eut à son tour un rire admiratif devant la transaction de son compère. Pour un collier, il s'était offert trois nuits de plaisir et, qui sait, peut-être en tirerait-il davantage, pour rien de plus que quelques compliments sur le visage attrayant et le jeune corps de la fille.
    A l'approche du soir, pendant que Renard Blanc et Oiseau Chante entassaient leurs marchandises, Dyenen arriva. Le Corbeau appela les hommes et leur dit de dérouler les peaux. Mais, les voyant s'exécuter, Dyenen leur fît signe d'arrêter.
    — Je

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