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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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viendrai demain, dit-il en langage Rivière.
    — Il reviendra demain, répéta Renard Blanc à l'intention du Corbeau.
    — Parfait !
    Il tapota le panier contenant les sculptures de Kiin qu'il avait dissimulées sous son manteau de peaux d'oiseaux.
    Dyenen marcha lentement vers le Corbeau et resta à son côté. Les deux hommes se taisaient tandis que les autres travaillaient. Une fois tout remballé, Dyenen s'en alla et les trois hommes regagnèrent la demeure mise à leur disposition pendant leur séjour.
    Trois femmes Rivières les attendaient en compagnie de l'épouse d'Oiseau Chante ; les lits étaient prêts et la nourriture disposée. Dyenen les laissa seuls et les femmes apportèrent des bols de poisson, de viande et de racines jusqu'à ce qu'ils soient rassasiés. La femme d'Oiseau Chante s'installa alors tout près de son mari et leva les yeux sur les femmes Rivières, le regard dur. Les femmes Rivières vinrent se placer entre Renard Blanc et le Corbeau, leurs lèvres retroussées en un sourire, leurs yeux dévisageant hardiment les deux hommes.
    — Choisissons-nous ? demanda Renard Blanc.
    — Demande-leur si elles peuvent rester, dit le Corbeau.
    Renard Blanc posa la question et les deux femmes pouffèrent de rire en hochant la tête. Le regard de l'une croisa celui du Corbeau. Il sourit et, se rappelant la leçon de Renard Blanc, prit sous son parka un collier de longues perles d'os d'oiseau. Comme la femme refermait ses doigts sur le collier, le Corbeau saisit ses poignets et l'attira sur les fourrures qui constituaient son lit. Puis, tournant le dos aux autres, il lui ôta ses jambières et la fit s'allonger sous lui.
    43
    Dyenen vint le lendemain — de bonne heure, avant même que Renard Blanc et Oiseau Chante n'aient déroulé les peaux de phoque, avant même que les femmes ne se soient rassemblées dehors autour des feux de cuisson.
    Dans la lumière du petit matin, l'homme paraissait plus vieux, plus faible que la veille au soir. La longue ligne de son nez était aiguisée comme si un tailleur de pierre l'avait façonnée. Ses yeux étaient enfoncés profondément dans son visage et ses paupières semblaient lourdes et épaisses comme les rideaux des chambres. Il était grand, mais pas autant que le Corbeau, et portait une robe raide de longue fourrure brune, moisie par l'âge.
    Avec une familiarité audacieuse, le Corbeau tendit la main et toucha la fourrure. Sa douceur le surprit.
    — Bœuf musqué, dit le vieil homme.
    Renard Blanc répéta. L'animal portait le même nom dans les deux langues, un nom qui ne sonnait ni Rivière ni Morse mais qui semblait parlé par d'autres, peut-être ces hommes poilus avec des queues dont les conteurs disaient qu'ils vivaient au bord du monde.
    Renard Blanc vint se tenir près du Corbeau et de Dyenen ; celui-ci s'adressa au premier :
    — Dis à ton chaman que je suis venu troquer. Dis-lui que j'ai des fourrures, des parkas en caribou et les meilleurs éperons à poisson, même quelques têtes de lance en silex faites par les hommes qui vivent le long des marais des rivières, loin au sud.
    Le Corbeau fit semblant d'écouter Renard Blanc traduire, puis tendit la main vers les tas de marchandises que déroulait Oiseau Chante.
    — Nous avons beaucoup vendu hier, dit le Corbeau, mais il nous reste encore quelques choses. Peaux, huile de phoque, viande de morse séchée. Nous avons des colliers et des plumes d'oiseaux marins, des coquillages et de l'obsidienne. Nous échangerons tout cela contre tes peaux et tes pointes de harpon.
    Renard Blanc répéta et Dyenen grommela une réponse puis attendit que Oiseau Chante ait fini d'arranger les marchandises. Le vieil homme passa un long moment à tout regarder. De temps à autre, il se tournait vers Oiseau Chante et posait une question à laquelle ce dernier répondait. Le Corbeau se désintéressa de la scène, s'accroupit, prit une poignée de poisson séché dans sa manche de parka et se mit à manger. Quand Dyenen eut fini de regarder, il revint vers le Corbeau et s'installa à côté de lui. Le Corbeau lui tendit un morceau de poisson et les deux hommes mâchèrent en silence. Finalement, le Corbeau se leva. Dyenen se lécha les doigts et se releva avec lenteur.
    — Tes femmes font de la bonne viande, remarqua le Corbeau.
    Dyenen écouta la traduction puis acquiesça.
    — Elle est meilleure quand on la chauffe au-dessus d'une flamme.
    Oui, songea le Corbeau cependant que Renard Blanc traduisait.

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