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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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avec une peau entre ses mains qu'il posa avec révérence aux pieds du Corbeau.
    — Ceci pour les sculptures.
    C'était un animal inconnu du Corbeau. La fourrure était longue comme le bras et d'une seule pièce avec la tête, les pattes et une courte queue noire. Le crâne avait été ôté mais la peau était pliée en avant comme un volet de fermeture.
    Le Corbeau tendit la main, laissa ses doigts errer au-dessus et, voyant que Dyenen n'émettait aucune objection, laissa sa main se poser sur la fourrure douce et dense. L'animal était de la couleur vert-jaune de l'herbe vieillie et les oreilles étaient fourrées de noir.
    Quand Dyenen souleva la tête, le Corbeau remarqua qu'on avait laissé un entrebâillement pour pratiquer une poche sur toute la longueur. Dyenen y mit la main et tira de petits paquets de peau de caribou pliée noués de ficelles de couleur.
    — Tu m'as demandé comment un seul chaman maintenait autant de personnes en paix, avec assez de gibier à chasser, assez de poisson à attraper. Tu m'as posé des questions sur mon pouvoir. Voici mes pouvoirs, dit-il en étalant les paquets à côté des sculptures. J'avais songé à les donner à mon fils, mais mes femmes ne donnent que des filles. Quand un homme est vieux, il doit transmettre son savoir avant que les esprits ne l'emportent, faute de quoi il perd sa valeur. Mieux vaut partager son savoir avec un homme qui honore les esprits qu'avec quelqu'un qui n'a aucune compréhension des pouvoirs.
    Le Corbeau regarda les paquets. Deux fois dix, trois fois dix en tout, chacun plus grand que sa main.
    — Puis-je les ouvrir ? demanda-t-il, les doigts sur les nœuds du plus proche.
    — Un homme perdrait le pouvoir s'il les ouvrait sans connaître leur secret.
    Le Corbeau sentit un moment le poids de la déception mais il ôta ses mains. Pourquoi prendre le risque d'échouer si près du but ?
    — Tu les échangeras contre les figurines ?
    — Contre toutes.
    — Contre toutes, répéta le Corbeau, mais tu dois me dire les secrets cachés dans les paquets.
    — Oui, si tu en fais autant pour moi.
    Le Corbeau leva la tête et réfléchit. Kiin semblait n'accorder à ses sculptures aucun traitement spécial et ne lui avait parlé d'aucun tabou à respecter. Mais si, il se rappelait la colère de Kiin quand Queue de Lemming en avait mis une dans l'eau. Kiin avait expliqué qu'il convenait de les nettoyer à l'huile. Aussi dit-il :
    — Si un homme honore chaque sculpture en son cœur et qu'il les frotte régulièrement avec de l'huile d'animal marin, alors les pouvoirs resteront forts.
    Dyenen hocha la tête et, plaçant le morse sur le manteau de plumes, tint chaque figurine l'une après l'autre contre la lumière du feu.
    Le Corbeau attendit longtemps, mais peu à peu ses yeux se firent lourds de sommeil.
    — Et maintenant... vas-tu me dire ce que je dois savoir ? demanda-t-il.
    Dyenen leva sur lui des yeux étonnés.
    — Il y a trop de pouvoir dans ces paquets pour que la connaissance vienne en quelques mots. Tu dois étudier avec moi pendant de nombreux jours — une lune et la moitié de la suivante.
    Le vieil homme replaça les paquets à l'intérieur de la peau de fourrure et tendit le tout au Corbeau.
    — Emporte-la avec toi. Traite-la avec respect. Cet animal, le lynx, possède le pouvoir. C'est un animal médecine dont le ventre contient des choses bénéfiques.
    Emporte-le avec toi mais n'ouvre pas les paquets tant que je ne t'ai pas dit ce que tu dois savoir.
    Dyenen se leva et, prenant les sculptures une à une, les posa en différents endroits sur les liens de la carcasse de saule. Puis il gagna le tunnel d'entrée et attendit que le Corbeau prenne son manteau et sorte.
    Le Corbeau se retrouva dans la nuit et leva les yeux pour voir une bande blanche d'étoiles qui éclairaient les cieux, les étoiles étaient les feux des défunts, disaient les Chasseurs de Morses. Il se demanda si les morts du Peuple Morse connaissaient ceux des Premiers Hommes, ces gens, avait expliqué Kiin, qui dansaient dans les lumières. Où serait sa propre lumière après sa mort ? se demanda-t-il en serra la peau de lynx contre sa poitrine.
    Pourquoi songer à la mort ? Mieux valait penser au pouvoir qui serait bientôt le sien, au village qu'il posséderait un jour, aussi grand et aussi fort que le village du Peuple des Rivières.
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    Chasseurs de Baleines
    île de Yunaska, îles Aléoutiennes
    Malgré l'épaisseur des murs, Kukutux entendit les

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