Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
l’approcher. Et quand Ornolac
lui avait demandé pour quelle raison il ne l’avait pas emportée, afin que les
vrais chrétiens puissent l’honorer, Nicétas lui avait répondu que ce n’était
pas possible.
    — Pourquoi ? demanda Wolfram, qui
connaissait la réponse mais voulait l’entendre.
    — La pierre est divine, répondit Enguerrand.
La voir, c’est voir notre Seigneur Dieu. Mais elle est aussi maléfique, et
l’approcher c’est approcher Satan. Elle est la démonstration de la dualité du
monde. Les purs renaissent à la vie en la voyant, et les mauvais sont punis par
Notre Seigneur. Or, il y a peu de purs et beaucoup de méchants sur cette terre.
    Il se tut, et sa fille lui fit terminer la
bouillie. Chacun réfléchissait à ce qu’il venait d’entendre. S’ils trouvaient
la pierre, devaient-ils passer outre à l’avertissement de Nicétas ?
    — Que s’est-il passé après leur retour à
Foix ?
    — Ils se sont séparés. Nicétas est retourné à
Toulouse avant de rentrer à Constantinople, et Ornolac a choisi de devenir
ermite pour expier sa faute.
    — Pourquoi vous l’a-t-il avouée ?
demanda Wolfram.
    — Quand je suis arrivé chez lui, je lui ai
spontanément raconté ce que je savais sur Nicétas. Je lui ai dit savoir qu’il
avait été son guide et que je venais humblement pour connaître la vérité.
    « Il m’a écouté et n’a rien dit, m’autorisant
seulement à rester et à dormir dans la grotte. J’ai prié avec lui trois jours
durant. « Tu es peut-être celui que j’attendais », m’a-t-il dit le
troisième jour. « Nul ne peut prétendre à connaître l’émeraude, à moins
d’y être prédestiné par le ciel. Si je t’en parle ainsi, c’est parce que je
m’en suis approché. Je n’aurai jamais dû, et cette faute, je l’expie
encore. »
    « Ornolac se savait malade. Il n’avait confié
son secret à personne et craignait qu’il ne soit perdu. Mais même en décidant
de le révéler, il ne savait à qui le dire. Ces questions le torturaient jour et
nuit. Après mon arrivée, il eut le sentiment que c’était le Seigneur qui
m’avait envoyé. Il brûlait de me dire la vérité, mais, rongé par le doute, il
ne se décidait pas. C’est au bout d’une semaine, pendant laquelle nous étions
restés à prier, qu’il m’a avoué être allé à Montségur et avoir tracé sur une
pierre la direction de la source sacrée se trouvant à deux lieues de là. Il
était aussi retourné au gouffre, souhaitant y descendre, mais s’en était senti
incapable.
    — Il y a une source, à deux lieues d’ici, dit
Guilhem. On l’appelle la fontaine aux fées ou la fontaine d’Orbe. L’eau en
jaillit par moments de façon inexplicable. C’est forcément celle-là.
    — Peut-être. Mais connaître la source ne
suffit pas. Quand il m’eut raconté sa faute, me demandant si Dieu lui
pardonnerait un jour, il m’a répété ce que Nicétas lui avait dit. La pierre de
Lucifer était dans un coffret, noyé dans un lac au fond du gouffre.
    Wolfram lança un long regard de satisfaction à
Guilhem avant de demander :
    — Pourtant Nicétas l’a vu… Comment a-t-il
fait ?
    — Il ne me l’a pas dit.
    — Vous a-t-il au moins dit où était la
grotte ?
    — Non, il ne l’a jamais révélé, répondit le
vieillard en secouant lentement la tête. Il m’a seulement indiqué que, depuis
la fontaine, il fallait marcher vers le midi, puis se diriger vers le couchant.
Il a ajouté qu’il devait encore prier et demander à saint Jean s’il avait le
droit de me révéler ce secret.
    « Je le comprenais et je n’ai pas insisté. Je
lui ai seulement proposé de me laisser aller à Montségur. Ce serait une épreuve
en cette saison et à mon âge. Si j’y parvenais, je prierais là-bas, dans la
direction de la source, et si je revenais, ce serait le signe que le
Saint-Esprit ne me rejetait pas. Lui-même, par ses prières, aurait peut-être
entendu la décision du Seigneur.
    « Il m’a approuvé et m’a indiqué comment
traverser la montagne, me donnant une partie des provisions que lui portaient
les gens du château. Malgré cela, j’ai mis plus de dix jours pour parvenir à
Montségur. Le froid, la neige, les bêtes fauves, ce fut un cauchemar. Mais
j’avançais quand même, soutenu et protégé par Notre Seigneur Dieu. Arrivé ici,
je suis parvenu à grimper au sommet. La neige tombait. Je n’avais presque plus
rien pour me nourrir. J’ai cherché

Weitere Kostenlose Bücher