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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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adversaires.
    Il ne faut pas oublier non plus qu’une société organisée à
la mode des XII e et XIII e  siècles, reposant sur les structures d’une
monarchie agissante et conquérante et celles d’une Église fortement implantée, ne
pouvait pas tolérer le modèle cathare, pas plus que les Romains n’ont pu
supporter le modèle celtique qui risquait de casser leurs propres structures
sociales. Le refus du monde, et donc des œuvres du monde, prôné et mis en
pratique par les Cathares, constituait un danger pour la société chrétienne et
risquait de la faire basculer : il était donc normal que l’Église et la
monarchie capétienne missent tout en œuvre pour détruire ce qu’elles appelaient
une « hérésie », et qui était tout simplement une autre conception de
la vie. Est-ce choquant de l’affirmer ? L’Inquisition est, d’un point de
vue du XX e  siècle, une monstruosité
indéfendable. Dans le contexte du XIII e  siècle,
elle se justifiait pleinement, et les seuls qui s’élevaient vigoureusement
contre elle étaient précisément ceux qui risquaient de tomber sous ses griffes.
    Serions-nous nous-mêmes des « clients » potentiels
d’une Inquisition toujours prête à renaître des braises toujours rouges d’une
Église pourtant affaiblie, ou de toute autre église prétendant détenir la
Vérité unique et obligatoire ? C’est un peu vrai. En fait, l’hérésie nous séduit parce que nous nous sentons
plus ou moins hérétiques. C’est pourquoi nous éprouvons tant d’indulgence pour
les victimes des bûchers. Mais ce sont des larmes de crocodile que nous versons
sur elles. Elles ne nous intéressent que parce qu’elles représentent nos
tendances inconscientes : plonger, comme disait Baudelaire, au fond de l’inconnu pour y trouver du nouveau . Mais Baudelaire
avait soin de préciser : « Enfer ou Ciel, qu’importe ! » L’inquiétude
de ce siècle, l’angoisse métaphysique qui nous saisit depuis que les physiciens
ont découvert qu’ils ne savent pas ce qu’est la matière, l’effondrement des
valeurs traditionnelles qu’on croyait éternelles, le millénarisme plus ou moins
conscient qui nous étreint à l’aube de l’an 2000, tout cela fait que nous
nous sentons très proches des hérétiques de tous bords. Après avoir constaté un
manque en nous, manque que les Églises officielles – religieuses ou laïques – ne
sont pas parvenues à éviter, nous essayons de découvrir la cause de ce manque, et
surtout nous tentons de le combler. Et comme nous avons le sentiment que, dans
le cours de l’Histoire, des hommes et des femmes ont été éliminés parce qu’ils
apportaient des solutions différentes, c’est à eux que nous demandons du
secours : eux, ils savent peut-être quelque chose qui a été, sinon oublié,
du moins méprisé ou occulté.
    Chaque époque tente la redécouverte du passé. Chaque époque
se livre à une relecture de la tradition. C’est ainsi que s’est affirmé le
progrès humain. Nous pensons avoir le devoir de ne rien négliger du passé, et
donc d’examiner attentivement tout ce qui a été écarté de la pensée officielle.
C’est le cas du catharisme. Et c’est d’autant plus exaltant que les Cathares
ont la réputation, justifiée ou non, d’avoir possédé des secrets. Les secrets
perdus excitent toujours l’imagination des hommes qui sont tous plus ou moins
des chercheurs de trésors. Ou des chevaliers partant à la quête du Graal.
    Il n’est donc pas étonnant de constater que l’intérêt manifesté
par nos contemporains pour le phénomène cathare se double d’un intérêt non
moins ardent pour tout ce qui touche au mystérieux « saint » Graal, surtout
depuis que Wagner a répandu dans le monde entier l’envoûtante harmonie et les
rythmes lancinants qui accompagnent le triomphe de Parzival. Parzival le « Pur »,
le « Parfait », qui, de simple croyant un peu naïf, est devenu le Roi
du Graal, après s’être égaré un instant dans les jardins féeriques de Klingsor,
où les Filles-Fleurs répandent des parfums trop suaves pour ne pas avoir un
arrière-goût sulfureux… Il y a là de quoi rêver, et je comprends parfaitement
ceux qui vont chercher le Graal à Montségur, tentant de retrouver le chemin
sinueux qui conduit au château secret dont Montségur n’est que la face visible.
Car comme il y a, dans la mythologie cathare, un Christ terrestre, époux ou
concubin de Marie-Madeleine,

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