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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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engloutie, il y a fort à parier que c’est une indigestion.
    Deux ou trois autres invités commencèrent à se plaindre de brûlures d’estomac. Ils avaient trop bu, trop mangé ; mais on ne s’affola pas plus que de raison – chaque fête avait son lot de repentants. Et il n’y en avait pas plus ce soir que d’habitude.
    — La fête est terminée ! fit Saladin en congédiant les invités.
    — Tu parles d’un anniversaire, maugréa Taqi.
    Le lendemain matin, les rues et les maisons du Caire furent recouvertes de draps noirs, en signe de deuil. Estaminets et auberges furent fermés pour les mêmes raisons, ainsi que les maisons de joie. Ceux qui voulaient s’amuser, boire ou tirer un coup, devaient le faire à leurs risques et périls, en entrant par la porte de derrière. Et ce, pendant soixante-dix jours.
    Morgennes regagna le monastère de Saint-Georges, où régnait une atmosphère étrange. En effet, tout le monde était très excité et faisait les cent pas dans la cour.
    « Comment, déjà ? Ils savent que j’ai réussi ? » se demanda Morgennes.
    Mais non. Ce n’était pas ça. Galet le Chauve se précipita vers lui pour lui dire :
    — Elle est réveillée !
    — Il faut absolument que tu descendes la voir ! ajouta Dodin le Sauvage.
    — C’est incroyable, elle a parlé de son père !
    — Son père ? dit Morgennes d’une voix que l’émotion fit trembler.
    — Chirkouh !
    — Merci, je sais qui c’est ! Mais comment se fait-il…
    — Écoute, dit Azyme. C’est un vrai miracle ! Elle s’est réveillée en criant : « Père ! »
    — C’est tout ? demanda Morgennes.
    — C’est tout, firent les autres.
    — Nous ne lui avons rien dit, ajouta Azyme.
    — Et nous ne le lui dirons jamais rien, précisa Dodin le Sauvage.
    — C’est mieux pour elle, dit Galet le Chauve. D’ailleurs, elle a encore sa mère.
    Morgennes le regarda, eut un vague sourire et ne fit aucun commentaire. Il était d’humeur si sombre que les trois hommes s’écartèrent afin de le laisser rejoindre Guyane. Il dévala les escaliers du monastère et se rendit dans la petite cellule où elle était alitée.
    Guyane semblait en pleine forme et accueillit Morgennes avec un franc sourire :
    — J’ai rêvé de mon père…
    — Il faut que je te parle, dit Morgennes.
    Mais si Morgennes avait bien des courages, il n’avait pas tous les courages. Aussi ne trouva-t-il pas la force de se confesser à Guyane. S’il lui avait déjà raconté de quelle manière il s’était mis à sa recherche, sur l’ordre d’Amaury, il passa sous silence le fait qu’il avait tué son père, sur l’ordre du même homme.
    Car si son cœur lui criait d’avouer, sa raison lui disait : « Surtout pas. »
    C’est elle qu’il écouta.
    — Merci d’avoir veillé sur moi, dit Guyane en lui effleurant les mains. Tes amis m’ont raconté tout ce que tu as fait. Parfois, j’avais l’impression de t’entendre me parler. Car tu m’as parlé, n’est-ce pas ?
    — Tout le temps, dit Morgennes.
    Elle eut un sourire ravi.
    — Je ne connais personne d’aussi noble et d’aussi dévoué que toi, tu es tout pour moi…
    — Non, s’il te plaît…
    — T’ai-je dit à quoi j’avais pensé, en te voyant au fond du puits ?
    Il lui pressa la main et Guyane poursuivit :
    — Que tu étais mon Dieu.
    Morgennes se recula, comme effrayé.
    — Ne dis pas ça !
    — Si. Car j’ai compris qu’il fallait être deux pour voir Dieu ! Quand j’étais seule, qui pouvais-je voir sinon moi, mon propre reflet ? Mais quand tu es descendu au fond du puits, j’ai compris.
    — Il ne faut pas…, dit Morgennes.
    Guyane se tourna sur sa couche, et désigna la draconite, posée à côté de sa tête :
    — Merci aussi pour ça. Je sais à quel point tu y tiens.
    C’est alors qu’il entrevit le moyen de racheter une infime partie du mal qu’il lui avait fait.
    — Prends-la. Elle est à toi.
    — Non, dit Guyane. C’est un bien trop précieux, je ne puis accepter.
    — Je te la donne. Elle n’est plus à moi.
    Guyane eut de nouveau un de ses merveilleux sourires :
    — Pas si je te la rends !
    Elle prit la draconite, et la tendit à Morgennes. Il posa les mains sur la pierre – qui ne réagit pas. Puis ses mains touchèrent celles de Guyane, et leurs regards se croisèrent. « Est-ce cela ? » se demanda Morgennes. « Est-ce ainsi que mes parents ont fait ? »
    Il ferma les yeux et

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